Je me souviens de cette nuit
de l’été 1969 lorsque le premier homme posa le pied sur la lune. Nous étions
quelques-uns (et beaucoup d’enfants) à suivre la mission de Neil Armstrong, Aldrin et de leur 3e comparse en direct à la télévision.
C’était à la fois merveilleux, miraculeux mais Jacques Monod, prix Nobel de
médecine, fut plus terre-à-terre, si je puis dire, lorsqu’il me déclara à
l’occasion d’une interview faite à l’Institut Pasteur : « ils ne
trouveront que des cailloux. Je préfèrerais que l’argent consacré à la conquête
de l’espace soit attribué aux hommes et aux femmes qui consacrent leur vie à la
recherche fondamentale. »
Jacques Monod avait-il
raison ou tort ? Toujours est-il que je ressens le même miraculeux et le
même merveilleux avec la mission confiée à la sonde Rosetta et au lander
Philae. Pendant dix ans, cette sonde humaine, rebondissant de planètes en astéroïdes
pour accélérer sa vitesse, a réussi le véritable exploit scientifique de
permettre à Philae de se poser sur la comète Tchouri, nom réduit du couple
russe découvreur de cette comète.
Les télévisions (malgré le
manque d’images) les radios (qui retrouvent leur vocation première) consacrent
beaucoup de temps d’antenne à cette première scientifique due à la
collaboration des physiciens, astronomes, biologistes, chimistes,
mathématiciens, informaticiens, ingénieurs…et des organismes chargés de
l’espace. Car cette réussite étonnante est due à l’Europe et à elle seule.
Elle
est due à l’imagination, l’intelligence, la créativité des cerveaux d’hommes et
de femmes compétents, savants, capables de concrétiser une volonté née dans les
années quatre-vingt et idéalisée aujourd’hui. Jacques Monod avait
peut-être tort car les scientifiques sont partis à la pêche d’éléments
formidablement intéressants. Les comètes sont des astres particuliers. Elles
ont conservé leur personnalité d’origine soit la composition
qu’elles possédaient lors de leur formation il y a 4,5 milliards d’années. L’un
des objectifs principaux de la mission est de découvrir, si possible, la
composition du sol de la comète et d’y trouver du carbone, de l’hydrogène, ou
d’autres éléments indispensables, par exemple, à la formation de la terre et de
son évolution. Et si les découvertes de Philae nous renseignaient sur l’un
des mystères philosophiques, métaphysiques, religieux, auquel l’homme est
confronté depuis des millénaires : l’origine de la vie ! On connaît
la réflexion de Jean-Paul II à un scientifique britannique : « Depuis 13,5
milliards d’années, c’est vous, avant, c’était nous. » La boutade mérite qu’on
s’y arrête un instant. Elle pose la question irrésolue du début, de la fin, si
début et fin il y a.
Comme il existe des
milliards de galaxies composées de milliards d’étoiles et des milliards de
planètes autour de ces étoiles, une autre question trouvera peut-être une
réponse un jour, demain, dans mille ans ou dans un million d’années :
existe-t-il, ailleurs dans l’espace, une autre forme de vie ou une forme
identique à la nôtre ? Si les scientifiques se montrent prudents,
admettons qu’il existe une probabilité non nulle pour que quelque part, une
planète « habitable » existe.
En attendant, souhaitons à
Philae de retrouver la lumière (pour recharger ses piles) et aux hommes et
femmes de science de passer des jours et des nuits surprenantes. Cela nous
changera du quotidien terriblement banal : les repas chez Ledoyen de Jouyet et Fillon et des parlementaires UMP ayant des comptes à
Genève.
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