1 septembre 2014

Si Manuel Valls veut passer en force, il y aura de l'eau dans le gaz au PS


Mon adversaire c'est la finance ! (Le Bourget 2012)
Que demandent exactement les députés socialistes qualifiés de frondeurs ? Sous ce vocable fourre-tout se retrouvent des gens aussi différents que Jérôme Guedj, Aurélie Filippetti, Christian Paul ou Jean-Marc Germain etc. Ce qu’ils ont en commun ? Une certaine idée de la gauche comme le général de Gaulle évoquait une certaine idée de la France. Cette gauche-là n’est pas une gauche irresponsable, elle n’est pas dispendieuse pour le plaisir, elle ne s’accroche pas aux vieilles lunes. Elle n’ignore ni l’effort ni le mérite.
Cette gauche-là est consciente qu’il faut des entreprises privées dynamiques, capables d’innover et de produire dans de bonnes conditions. Elle assure que le code du travail actuel peut être simplifié sans être amputé. Elle sait que le chômage est un mal endémique, qu’il fabrique des humiliations, qu’il brise des couples, porte atteinte à l’estime de soi, obère l’avenir des enfants. Jamais le chômage n’a été une partie de plaisir. Jamais l’oisiveté n’a été le défaut du monde le mieux partagé.
Cette gauche-là a voté pour François Hollande en 2012 alors qu’il n’en était pas forcément le candidat naturel. La campagne de la primaire socialiste montrait qu’Arnaud Montebourg, Ségolène Royal et Martine Aubry s’affichaient nettement plus à gauche. Mais l’apport de Manuel Valls, de Jean-Michel Baylet et finalement d’Arnaud Montebourg et Ségolène Royal a permis à François Hollande de devenir au second tour le candidat du PS. La suite on la connaît : mon adversaire c’est la finance.
Quelle finance ? Le rentier, le banquier, l’usurier, le capital, le marché et le trader ou bien le système lui-même ? Avec le temps on a compris ce que voulait François Hollande. Ou plutôt il a fallu plus de deux années (et quelques échecs) pour mieux connaître son projet : créer le CICE et baisser les charges des entreprises de 50 milliards. Pourquoi pas ?
Mais il manque une donnée dans l’équation : la justice sociale. Il a fallu que la gauche du PS rame, rame encore, pour obtenir une compensation de 5 milliards d’euros pour les ménages modestes et les bas revenus. Sans oublier la baisse des impôts de cette année, bien réelle. Le compte n’y est pourtant pas. Et c’est là que le bât blesse. Les frondeurs ne sont pas, a priori, hostiles aux entrepreneur…ils constatent seulement que les entreprises du CAC 40 ont distribué 30 (ou 40 ?) milliards d’euros de dividendes aux actionnaires en 2013-2014 alors que le MEDEF réclame de nouvelles baisses de charge, la fin des 35 heures et la refonte totale du code du travail.
La fracture est-elle définitive au sein du PS ? Nul ne peut encore dire comment les choses vont tourner. Si Manuel Valls veut passer en force (ordonnances et 49-3 pour l’approbation du budget) il y aura sûrement de l’eau dans le gaz. Sa conférence de presse sur la relance des constructions de logements avec une Ségolène Royal au garde à vous et Lèvres pincées et une Sylvia Pinel en « potiche » me semble être un signe inquiétant. Wait and see.

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