Mon adversaire c'est la finance ! (Le Bourget 2012) |
Que demandent exactement les
députés socialistes qualifiés de frondeurs ? Sous ce vocable fourre-tout
se retrouvent des gens aussi différents que Jérôme Guedj, Aurélie Filippetti,
Christian Paul ou Jean-Marc Germain etc. Ce qu’ils ont en commun ? Une
certaine idée de la gauche comme le général de Gaulle évoquait une certaine idée
de la France. Cette gauche-là n’est pas une gauche irresponsable, elle n’est
pas dispendieuse pour le plaisir, elle ne s’accroche pas aux vieilles lunes.
Elle n’ignore ni l’effort ni le mérite.
Cette gauche-là est
consciente qu’il faut des entreprises privées dynamiques, capables d’innover et
de produire dans de bonnes conditions. Elle assure que le code du travail
actuel peut être simplifié sans être amputé. Elle sait que le chômage est un
mal endémique, qu’il fabrique des humiliations, qu’il brise des couples, porte
atteinte à l’estime de soi, obère l’avenir des enfants. Jamais le chômage n’a été
une partie de plaisir. Jamais l’oisiveté n’a été le défaut du monde le mieux
partagé.
Cette gauche-là a voté pour
François Hollande en 2012 alors qu’il n’en était pas forcément le candidat
naturel. La campagne de la primaire socialiste montrait qu’Arnaud Montebourg, Ségolène
Royal et Martine Aubry s’affichaient nettement plus à gauche. Mais l’apport de
Manuel Valls, de Jean-Michel Baylet et finalement d’Arnaud Montebourg et Ségolène
Royal a permis à François Hollande de devenir au second tour le candidat du PS.
La suite on la connaît : mon adversaire c’est la finance.
Quelle finance ? Le
rentier, le banquier, l’usurier, le capital, le marché et le trader ou bien le
système lui-même ? Avec le temps on a compris ce que voulait François
Hollande. Ou plutôt il a fallu plus de deux années (et quelques échecs) pour
mieux connaître son projet : créer le CICE et baisser les charges des
entreprises de 50 milliards. Pourquoi pas ?
Mais il manque une donnée
dans l’équation : la justice sociale. Il a fallu que la gauche du PS rame,
rame encore, pour obtenir une compensation de 5 milliards d’euros pour les ménages
modestes et les bas revenus. Sans oublier la baisse des impôts de cette année, bien
réelle. Le compte n’y est pourtant pas. Et c’est là que le bât blesse. Les
frondeurs ne sont pas, a priori, hostiles aux entrepreneur…ils constatent
seulement que les entreprises du CAC 40 ont distribué 30 (ou 40 ?)
milliards d’euros de dividendes aux actionnaires en 2013-2014 alors que le
MEDEF réclame de nouvelles baisses de charge, la fin des 35 heures et la
refonte totale du code du travail.
La fracture est-elle définitive
au sein du PS ? Nul ne peut encore dire comment les choses vont tourner.
Si Manuel Valls veut passer en force (ordonnances et 49-3 pour l’approbation du
budget) il y aura sûrement de l’eau dans le gaz. Sa conférence de presse sur la
relance des constructions de logements avec une Ségolène Royal au garde à vous et
Lèvres pincées et une Sylvia Pinel en « potiche » me semble être un signe inquiétant.
Wait and see.
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