2 septembre 2014

Culpabiliser les chômeurs n'est pas la meilleure façon de lutter pour l'emploi


Les salariées de De Carbon voulaient travailler mais on a fermé l'usine d'Andé. (photo JCH)
Il ne manquait plus que cela. M. François Rebsamen, ancien maire de Dijon et ministre du travail, me fait monter la moutarde au nez (blague facile). Il vient d’inventer la poudre : si les 5 millions chômeurs de France ne trouvent pas de travail c’est qu’ils ne cherchent pas bien. On dirait du Sarkozy pur jus. Je commence à m’interroger sérieusement sur les références idéologiques de certains membres de ce gouvernement Valls2.
Comment M. Rebsamen, dans la même semaine, peut-il reconnaître l’échec de la politique conduite par l’ancien gouvernement Ayrault dans le domaine de l’emploi et chercher à culpabiliser les chômeurs dont on sait tous très bien que l’immense majorité d’entre eux veut travailler et veut des emplois pérennes.
En relançant l’idée que les contrôles de Pôle emploi ne sont pas assez efficaces pour traquer le chômeur fainéant, M. Rebsamen enfonce une porte ouverte. Il vient de découvrir que 300 000 offres d’emplois ne trouvaient pas preneurs et que par conséquent cette carence était synonyme de refus de travailler de la part des sans emploi !
Si j’étais ministre du travail, je commencerais par m’interroger sur les emplois offerts dans les branches concernées. Je trouverais évidemment de nombreuses offres dans l’hôtellerie, la restauration, tous secteurs où les salariés sont corvéables à merci et où les heures supplémentaires sont très rarement payées. Je sonnerais auprès des agences d’intérim et m’inquièterais de savoir pourquoi on ne trouve pas de soudeurs qualifiés, de chaudronniers, de tourneurs-fraiseurs, de plombiers, de menuisiers, de couvreurs, etc. tous corps de métiers dans lesquels la France est défaillante. Je me tournerais vers les CFA et les chambres de commerce et les interrogerais sur les secteurs marchands dans lesquels les apprentis hésitent à s’engager : métiers de bouches avec des horaires de dingues et des salaires de misère.
M. Rebsamen aurait dû tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de sortir sa grosse bêtise. Laisser penser que les chômeurs ne travaillent pas par paresse ou laisser aller, est carrément coupable de la part d’un ministre de gauche. Il ferait mieux de solliciter son collègue des finances pour que la fraude fiscale (lire ci-après) et l’ouverture de comptes offshore soient sévèrement sanctionnées. Il ferait bien également de revoir le système de financement de la formation puisqu’il est avéré que l’Etat et les régions financent des formations ne débouchant sur aucun travail faute d’offres et de filières.

Quelques chiffres : les préjudices d'origine frauduleuse sont passés de 22,9 millions d'euros en 2009 à 76,3 millions d'euros en 2012, soit une hausse de plus de 233% en quatre ans! Pour les seuls préjudices subis, cette hausse est de 327%. Selon les chiffres communiqués par Pôle emploi, les préjudices subis (39,3 M€) et les préjudices évités (37 M€) atteignent des niveaux presque similaires.
L’ impact financier estimé de la fraude proche de 1,2% du montant total des prestations versées". Une fraude qui est variable selon les dossiers, de "0,3% pour les prestations familiales à plus de 3,5% pour le RSA".
Ces chiffres ne sont rien si on les compare au montant estimé de la fraude fiscale : de 60 à 80 milliards par an !

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