14 septembre 2014

Quelques réflexions au débotté

Jean-Pierre Bel, Martine Aubry et Lionel Jospin lors de la campagne présidentielle. (photo JCH)

Martine Aubry hausse le ton. Elle commence à distiller des propositions susceptibles selon elles, de faire renaître la confiance entre les électeurs(trices) déçu(e)s et un pouvoir de gauche. Elle a été de ceux et celles qui ont très mal digéré les écrasantes défaites des municipales et des européennes. Elle est vent debout contre le projet de découpage des régions et avec une certaine subtilité, parvient à faire connaître son opposition à la politique économique de Manuel Valls.
Martine Aubry, maire de Lille, troisième ville de France en terme de cherté des loyers est parvenue à obtenir du gouvernement une application, chez elle, de la loi Duflot qui permet d’encadrer ces fameux loyers. Je la comprends. J’ai moi-même cherché un studio, il y a quelques années, à louer à Lille. J’ai visité nombre de soi-disant appartements (des taudis en fait) à des prix défiant une imagination normale et le marché. La situation de Lille est tendue. Non loin de Paris, près de Bruxelles, cette ville est attractive et réputée pour la qualité de ses enseignements. Elle le paie cher chez certains propriétaires uniquement intéressés par l’aspect pécuniaire des choses. Sans règles, le marché est bien la loi de la jungle. On n’a pas fini d’entendre la maire de Lille et c’est tant mieux.

Les journalistes de Nice Matin dont le journal est menacé de disparition cherchent des solutions pour assurer la survie de ce titre apprécié dans les Alpes-Maritimes. Parmi ces solutions, ils proposent la création d’une coopérative ouvrière (ancien nom) associant les salariés et quelques mécènes susceptibles de les aider dans leur aventure car il s’agit bien d’une aventure.
Je lis que Bernard Tapie, le célébrissime Bernard Tapie, connu pour avoir racheté nombre d’entreprises au franc symbolique (à l’époque) revendues à prix d’or, serait susceptible d’apporter son écot à la société coopérative ! C’est le monde à l’envers. Voilà un  homme que les scrupules n’étouffent pas, mêlé à maintes affaires suspectes, bénéficiaire d’un arbitrage discutable et discuté dans l’affaire du Crédit Lyonnais-Adidas qui se présente comme le chevalier blanc pour sauver Nice-Matin. Décidément, mes confrères du sud de la France doivent être dans une sacrée panade pour imaginer que Bernard Tapie peut être un homme désintéressé et avocat d’une bonne cause. A leur place, je me poserais une question : Qu’attend-il du deal ?

Cécile Duflot, redevenue député, ne votera pas la confiance à Manuel Valls. Combien seront-ils au PS, chez les frondeurs, à s’abstenir lors du vote puisqu’aucun d’entre eux n’ira jusqu’à se faire harakiri en votant contre ? Vingt, trente, quarante ? Parmi ces frondeurs, il est un homme que j’apprécie particulièrement. Il s’agit de Christian Paul, député de la Nièvre, proche de Martine Aubry. C’est lui qui animait le laboratoire des idées du PS quand la maire de Lille était encore première secrétaire du grand parti de gauche.
Je me souviens d’avoir participé à plusieurs réunions de ce laboratoire qui avait notamment produit une étude exhaustive sur la production, le traitement, la protection de l’eau en France. Evidemment, aucune de ces préconisations n’a été adoptée par l’actuelle Assemblée nationale. Un grand service national public de l’eau permettrait pourtant de protéger la ressource et de la distribuer dans des conditions sanitaires et d’équité totalement satisfaisante.

Le maire de Hayange, Fabien Engelman, ancien du NPA et de la CGT devenu membre et élu du Front national, est en grande difficulté dans sa commune. Non pas parce qu’il a fait repeindre en bleu ou en bleu blanc rouge tout ce qui ne bouge pas dans sa cité mais parce que son ex-première adjointe l’accuse de n’avoir pas respecté les règles pourtant strictes en matière de financement de campagne électorale. La trajectoire du sieur Engelman est troublante. Etre passé par le NPA, un mouvement très antifasciste et anti-FN, par la CGT, plutôt à gauche de la gauche et finir à l’extrême droite rappelle les heures sombres des Déat et autres Doriot.
Il ne faut pas avoir la colonne vertébrale bien charpentée pour se livrer à ces contorsions idéologiques contradictoires voire opposées. Qu’est-ce qui peut pousser à de tels agissements ? L’absence de scrupules ? Le Goût du pouvoir ? L’argent ? Il faut chercher l’erreur.

Le CICE coûte 20 milliards d’euros actuellement à l’Etat. Ce crédit d’impôts accordé aux entreprises — les PME notamment — devait avoir pour effet de créer des emplois. Le bilan est terrible. Michel Sapin a reconnu que pas un emploi nouveau n’avait été créé grâce aux aides de l’Etat. Il se défend en affirmant que ce CICE a permis de ne pas en supprimer plus. Quelle consolation !
Il sera très difficile d’obtenir du MEDEF qu’il crée des emplois puisque les capacités de production en France sont loin d’être au maximum. On importe beaucoup plus qu’on exporte et cela ne va pas en s’arrangeant. La France, première destination touristique mais pays en voie de désindustrialisation…
Au fait, un journal belge nous apprend que 20 des 100 premières fortunes françaises vivent en Belgique pour échapper au fisc ! Demander à ces exilés fiscaux, aux pratiquants de l’optimisation fiscale d’être de bons citoyens assumant leurs responsabilités en France est au-dessus de leurs forces.

Le retour de Sarkozy sur la scène politique va donner un peu d’air à François Hollande. Car l’homme n’arrive pas seul. Il est accompagné d’une batterie de casseroles qu’il va traîner pendant des mois voire des années. Mis en examen pour trafic d’influence, le futur ( ?) président de l’UMP va quand même trouver sur sa route vers la candidature présidentielle un homme plus raisonnable et plus respecté : Alain Juppé.
« Le meilleur d’entre nous » comme disait Jacques Chirac ira-t-il jusqu’au bout de sa démarche. Il semble être le seul capable de rassembler la droite et le centre. François Bayrou a déjà averti que le retour de Sarko ne répond à aucune nécessité. Sinon celle d’assumer sa vengeance, un sentiment conforme au personnage. Cecilia n’affirmait-elle pas : « il n’aime pas ses enfants. Il n’aime que lui. » On dirait du Trierweiler.

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