«Il y a dans cette société une majorité de femmes et
il y en a qui sont pour beaucoup illettrées. On leur explique "vous n'avez
plus d'avenir à Gad ou aux alentours, allez travailler à 50 ou 60 km". Ces
gens-là n'ont pas le permis de conduire ! On va leur dire quoi ? "Allez
passer le permis de conduire, allez attendre un an"? Ça ce sont des réformes
du quotidien. »
Emmanuel Macron, ministre de
l’économie parle juste mais avec brutalité. Pour qualifier des salarié(e)s d’illettrés
donc de personnes incultes et ignorantes, il faut posséder une haute idée de
soi-même. Il est vrai qu’Emmanuel Macron est fort en thèmes mais il est vrai
aussi qu’une tête d’œuf, aussi pleine soit-elle, n’est pas toujours bien faite.
Factuellement, Emmanuel
Macron a raison. 20 % des salarié(e) de l’abattoir Gad relèvent de l’illettrisme.
Il a également raison quand il met en avant les difficultés de formation pour
des personnes ne possédant pas les savoirs fondamentaux. Passer le permis de
conduire oblige à savoir lire notamment le code de la route et à écrire pour répondre
aux questions.
Le fait est pourtant qu’un ministre,
même sans parler la langue de bois, doit veiller à respecter la dignité des
personnes. Il doit veiller à ne pas stigmatiser ou humilier des gens dans la
panade et qui n’ont pas besoin d’être un peu plus montrés du doigt. Emmanuel
Macron s’est excusé publiquement de son propos pour ce que son cabinet appelle une
maladresse. C’en est une pour le moins.
Mais cette maladresse nous
en apprend beaucoup sur ces gens de la haute comme on les qualifiait à une
certaine époque. Coluche nous manque tant, il aurait dit : « Ne vous inquiétez pas, vous n’en êtes pas
de la haute et moi non plus. » Et pourtant, je croyais que la gauche se
distinguait d’une certaine droite en veillant, comme dirait le président de la
République, à ne point blesser les pauvres, les humbles, les précaires, les
illettrés (1). Car si des adultes sont illettrés en France, en 2014, c’est qu’il
existe un gros bug, pour parler moderne, dans le système éducatif et dans la
tolérance manifestée à l’égard de ce handicap malheureusement sérieux pour 7 %
de nos compatriotes.
Il appartiendrait aux spécialistes
du langage ou de la psychanalyse de décrypter le propos d’Emmanuel Macron. Je ne suis pas loin de penser
que l’inconscient de M. Macron nous révèlerait une propension à vouloir se
distinguer de tous ces gens pour lesquels il doit penser et agir.
Marie-Antoinette ne disait-elle pas en parlant des révolutionnaires de 89 :
« Ils ont du pain et ils voudraient de la brioche ! » Non mais…
(1) En réponse aux « sans
dents » de Valérie Trierweiler.
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