19 septembre 2014

La réforme en France se heurte à de nombreux conservatismes


Avant l'atterrissage dans le sud de l'Espagne. (photo JCH)
Chaque profession, chaque syndicat professionnel, chaque corporation, défend son bout de gras et ses avantages. C’est dans la nature des choses. La descente dans la rue des catégories de salariés aux bas salaires se comprend mieux que celle des nantis même si ces derniers ont suivi de longues études et mérité leur réussite professionnelle. Des huissiers, des notaires, des pilotes de ligne, autant de professions réglementées ou non, dont les marges et les salaires sont parmi les plus élevées.
S’agissant des pilotes d’Air France, ils craignent d’être ravalés au rang de commandants de bord des compagnies low cost que sont Easyjet ou Ryanair. Car pour les financiers de ces compagnies, l’objectif est simple : voler le plus possible, être en l’air le plus longtemps possible en 24 heures. Évidemment, pour tirer les prix, ces compagnies tirent aussi sur les salaires et les conditions de travail. Les pilotes (et le personnel embarqué) des Boeing 737 (Ryanair n’est équipé que de ces seuls avions) doivent accepter des horaires déments et des conditions d’hébergement parfois spartiates (parfois en camping). Si la sécurité des passagers n’est pas en cause — les appareils sont ou neufs ou récents — on peut discuter certains frais exorbitants comme l’impression d’un billet d’un coût de 60 euros par exemple. Ou les surfacturations de plusieurs dizaines d’euros pour des dépassements de poids de bagages de quelques dizaines de grammes.
Les pilotes d’Air France, par leur grève, veulent éviter que Transavia, le nom de la compagnie low cost du grand groupe national, ne devienne une compagnie à bas…salaires et aux conditions de travail dégradées. Il est pourtant évident que les dirigeants d’Air France ne pourront accepter les exigences des pilotes, lesquels veulent les mêmes salaires quelle que soient la compagnie, la ligne ou la durée du vol. Le conflit s’enlise et Air France perd de 15 à 20 millions d’euros par jour ! Cette carence profite à la SNCF et aux autres compagnies dont Easyjet ravie de l’aubaine.
Les huissiers et les notaires appartiennent au cercle étroit des professions dites réglementées. Les premiers distribuent les assignations judiciaires, jouent les syndics, aident à l’expulsion des mauvais payeurs, assistent les magistrats tandis que les seconds certifient les titres de propriété, rédigent des baux, estiment les biens…leurs marges bénéficiaires sont conséquentes tout comme leurs responsabilités vis-à-vis de leur personnel notamment. Le gouvernement souhaite ouvrir ces professions à la concurrence mais Emmanuel Macron, le jeune ministre de l’économie, veut prendre le temps du dialogue…
Une fois de plus, la réforme se heurte à des obstacles, des acquis, des conservatismes. A la différence de l’Allemagne, notre pays n’a pas de tradition de compromis social. C’est ou les ordonnances ou la grève et le clash.

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