Avant l'atterrissage dans le sud de l'Espagne. (photo JCH) |
Chaque profession, chaque
syndicat professionnel, chaque corporation, défend son bout de gras et ses
avantages. C’est dans la nature des choses. La descente dans la rue des catégories
de salariés aux bas salaires se comprend mieux que celle des nantis même si ces
derniers ont suivi de longues études et mérité leur réussite professionnelle. Des
huissiers, des notaires, des pilotes de ligne, autant de professions réglementées
ou non, dont les marges et les salaires sont parmi les plus élevées.
S’agissant des pilotes d’Air
France, ils craignent d’être ravalés au rang de commandants de bord des
compagnies low cost que sont Easyjet ou Ryanair. Car pour les financiers de ces
compagnies, l’objectif est simple : voler le plus possible, être en l’air
le plus longtemps possible en 24 heures. Évidemment, pour tirer les prix, ces
compagnies tirent aussi sur les salaires et les conditions de travail. Les
pilotes (et le personnel embarqué) des Boeing 737 (Ryanair n’est équipé que de
ces seuls avions) doivent accepter des horaires déments et des conditions d’hébergement
parfois spartiates (parfois en camping). Si la sécurité des passagers n’est pas
en cause — les appareils sont ou neufs ou récents — on peut discuter certains
frais exorbitants comme l’impression d’un billet d’un coût de 60 euros par
exemple. Ou les surfacturations de plusieurs dizaines d’euros pour des dépassements
de poids de bagages de quelques dizaines de grammes.
Les pilotes d’Air France,
par leur grève, veulent éviter que Transavia, le nom de la compagnie low cost
du grand groupe national, ne devienne une compagnie à bas…salaires et aux
conditions de travail dégradées. Il est pourtant évident que les dirigeants d’Air
France ne pourront accepter les exigences des pilotes, lesquels veulent les mêmes
salaires quelle que soient la compagnie, la ligne ou la durée du vol. Le
conflit s’enlise et Air France perd de 15 à 20 millions d’euros par jour !
Cette carence profite à la SNCF et aux autres compagnies dont Easyjet ravie de
l’aubaine.
Les huissiers et les
notaires appartiennent au cercle étroit des professions dites réglementées. Les
premiers distribuent les assignations judiciaires, jouent les syndics, aident à
l’expulsion des mauvais payeurs, assistent les magistrats tandis que les
seconds certifient les titres de propriété, rédigent des baux, estiment les
biens…leurs marges bénéficiaires sont conséquentes tout comme leurs
responsabilités vis-à-vis de leur personnel notamment. Le gouvernement souhaite
ouvrir ces professions à la concurrence mais Emmanuel Macron, le jeune ministre
de l’économie, veut prendre le temps du dialogue…
Une fois de plus, la réforme
se heurte à des obstacles, des acquis, des conservatismes. A la différence de l’Allemagne,
notre pays n’a pas de tradition de compromis social. C’est ou les ordonnances
ou la grève et le clash.
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