Benoit Hamon est plus à l'aise avec les syndicalistes qu'au gouvernement. (photo Jean-Charles Houel) |
Arnaud Montebourg joue sur
les mots et fait preuve d’une belle hypocrisie. En affirmant, ce matin, que les
choix économiques du gouvernement ne sont pas figés et que par conséquent on
est encore au stade du débat, le ministre de l’économie sait bien qu’il abuse
du pouvoir de la parole et qu’il ne dit pas la vérité.
Vérité de gouvernement s’entend
puisque le pacte de solidarité et de responsabilité démontre s’il en était
besoin après le satisfecit public de M. Gattaz, chef du MEDEF, que la politique
de l’offre défendu par le couple Hollande-Valls est inscrite dans le marbre
pour les trois ans qui viennent. Arnaud Montebourg et Benoit Hamon, sauf à
baisser pavillon et à renoncer à leurs convictions, ne peuvent demeurer plus
longtemps dans une équipe dont la stratégie ne répond plus à leur vision de la
situation économique et dont la politique n’est plus conforme aux solutions qu’ils
préconisent.
A quoi peut bien servir la
fronde du couple Montebourg-Hamon dont Manuel Valls assure que l’ancien
ministre du redressement productif a franchi la ligne jaune ? Arnaud
Montebourg est suffisamment fin et intelligent pour savoir qu’il ne pourra
demeurer à la place qu’il occupe en maintenant le discours qu’il tient sur les
tribunes. Ce défi à l’autorité du Premier ministre et aux orientations de François
Hollande va aboutir à un clash (1) dont l’issue ne fait aucun doute. Arnaud
Montebourg va retrouver sa circonscription où il pourra organiser son mouvement
en vue du prochain congrès du PS et des futures échéances. Arnaud Montebourg a
compris que le départ de l’avant scène de Jean-Luc Mélenchon et la cacophonie
des Verts lui donnaient une ouverture pour récupérer des électeurs(trices) en déshérence.
Il ne veut plus attendre. Pour lui le moment d’agir est venu.
Comme l’Allemagne, d’après
nombre de spécialistes économiques, n’est pas disposée à relancer l’économie
européenne, tournée qu’elle serait vers l’Asie et l’Amérique, Arnaud Montebourg
a beau jeu de contester la position de force d’Angela Merkel et de refuser les
sacrifices engendrés par la politique monétaire de la BCE et celle des déficits
publics interdits. Depuis plus de deux ans, en effet, on ne voit pas bien quels
résultats positifs pour la France, cette austérité a suscités. Que ce soit en
Grèce, en Espagne, en Italie ou en France. Le chômage continue de grossir, la
croissance y est nulle, l’investissement productif à l’arrêt…et politiquement
le bilan est ravageur.
Une fois acté (quand ?)
le départ d’Arnaud Montebourg posera plus de questions qu’il n’apportera de
solutions. Il était un poids lourd du gouvernement. Un pilier. Par qui le
remplacer ?
(1) Selon la formule célèbre : « un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne. »
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