26 août 2014

Donner la parole au peuple ? Même (et surtout) quand il est en colère ?


N’est pas de Gaulle qui veut. Et encore moins Mendès France ! Le premier, mis en minorité par le suffrage universel a démissionné de toutes ses fonctions « à midi » et le second est allé le plus loin possible dans l’application des promesses faites lors de son investiture avant d’être balayé par une majorité de circonstance trop heureuse de se débarrasser de l’homme du calendrier et de la vérité. On va donc voir, dans l’épreuve, comment notre actuel président réagit face à l’adversité.
La crise politique qui frappe François Hollande et le Premier ministre n’est pas une anecdote. Elle va déboucher sur une crise de la majorité de gauche. Après avoir perdu (provisoirement ?) des ministres écologistes et le soutien des communistes, être menacé par le refus du PRG de voter la réforme territoriale, François Hollande devient de plus en plus nu. Et cela va se voir à l’Assemblée nationale où nombre de députés socialistes s’opposent ouvertement à la ligne politique choisie par le couple à la tête de l’exécutif.
Y a-t-il aujourd’hui une majorité absolue — ou relative — à gauche pour voter le pacte de responsabilité et ses conséquences budgétaires ? Telle est la question que pose la nomination d’un gouvernement Valls 2. On saura très bientôt si la majorité de gauche existe encore.
Si elle n’existe pas, quels sont les choix possibles pour François Hollande ?
Changer de politique ? Ce serait l’aveu absolu de l’échec de ses orientations. Changer de majorité ? Aucun centriste n’acceptera d’entrer dans un gouvernement Hollande. Dissoudre l’Assemblée nationale ? Ce serait l’assurance d’une défaite encore plus historique que celle de 1993 où une soixantaine seulement de rescapés PS étaient revenus au Palais Bourbon. Démissionner de la présidence ? Ce serait couler la gauche pour des décennies.
Bientôt à mi-mandat, François Hollande va peut-être se voir obligé de consulter, d’une manière ou d’une autre les Français. Les municipales et les européennes ont été des indicateurs redoutables pour la gauche. Elle est devenue faible, émiettée, et tout cela au bénéfice du Front national ! Les sénatoriales étant perdues d’avance, seule une consultation directe des électeurs(trices) pourrait offrir au président l’occasion de durer. S’il fait comme de Gaulle et imagine un référendum institutionnel, il prendra une pâtée. Reste à gagner du temps et c’est ce que François Hollande sait le mieux faire. Attendre que les événements s’arrangent et que la pluie cesse de tomber. Cela nous éviterait l’image ridicule de ce discours sur l’île de Sein par un homme trempé jusqu’aux os, les lunettes embuées…à moins que le président ait un côté maso à découvrir.

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