Au temps où le FCR (Rouen
football club) jouait en première division, mon père m’emmenait voir des matchs
au stade des Bruyères. C’était l’époque bénie où l’argent roi ne dominait pas
encore le football professionnel et où les pères (et les mères) pouvaient être
accompagnés de leurs enfants au stade en toute sécurité. Dans les tribunes, on trouvait
de vrais passionnés et de chauds partisans de leur équipe sans que jamais, ô
grand jamais, les supporters en viennent aux mains. On notait la présence de
quelques policiers, hors du stade, et uniquement pour canaliser le flot de
voitures important avant et après le match.
C’était l’époque, également,
où les joueurs noirs ou d’origine maghrébine, ne se faisaient pas insulter de
manière raciste mais se voyaient affubler de surnoms plutôt sympathiques même
si cette façon de faire revenait, en fin de compte, à stigmatiser ces joueurs d’origine
non européenne.
Aujourd’hui, aller au stade
avec ses enfants relève de l’irresponsabilité de la part des parents. Une
simple confrontation opposant l’équipe de Marseille à Celle de Bastia, hier
soir, commence et se termine sous le signe de la violence. 44 policiers et
gendarmes blessés ou agressés ! Le tout après que les forces de l’ordre,
comme l’écrit le ministre de l’Intérieur, ont agi avec « responsabilité et
retenue. »
Je sais bien que la Corse n’est
pas seulement l’endroit où des vacanciers heureux passent une partie de leur été.
Je sais bien que les règlements de comptes y sont nombreux et les crimes
souvent impunis. Je sais bien que le culte de la violence y est pratiqué comme
une religion et que les responsables des clubs de foot professionnels ont leurs
noms ailleurs qu’à la rubrique sportive des journaux.
Tout de même, pour une
ouverture de saison, les heurts d’hier soir, sont le symbole d’une société
malade. Reste à se mettre d’accord sur le diagnostic.
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