Arnaud Montebourg au congrès du Mans. (photo JCH) |
Arnaud Montebourg s’est
emparé d’un rapport de l’inspection général des finances daté de mars 2013 et
préconisant de revoir les conditions d’exclusivité dont bénéficient certaines
professions dites réglementées. Il ne faut pas être grand clerc pour savoir que
les notaires sont incontournables en cas de transactions immobilières ou que
les pharmaciens sont les seuls à pouvoir délivrer des médicaments sur
ordonnances. Plus étrange me semble être la situation très confortable des
greffiers des tribunaux de commerce (ils seraient 124 en France) dont les émoluments
sont véritablement extravagants eu égard au rôle qu’ils jouent.
Évidemment, les syndicats
corporatistes et les ordres professionnels de certaines des 37 professions sont
déjà montés au créneau. Les mêmes qui protestent contre la CGT par exemple quand
le syndicat veut protéger des salariés des conséquences de mesures soit
antisociales soit antiéconomiques. Des manifestations sont d’ores et déjà prévues
pour l’automne alors que le gouvernement n’a pas encore délibéré et que les «
menaces » évoquées par Arnaud Montebourg n’ont encore aucune forme juridique.
L’inspection générale des
finances affirme qu’il y a du grain à moudre à réformer des professions très
(trop ?) bien payées. Elle chiffre à 6 milliards d’euros le gain possible
pour la collectivité et affirme que libéraliser certains secteurs et susciter
de la concurrence ne pourront être que bénéfiques pour les Français(e)s.
Est-ce aussi simple qu’il y paraît ?
Je veux bien croire qu’un opticien diplômé est assez qualifié pour estimer la
vue d’un presbyte ou d’un myope. Il ne l’est pas pour un fond d’œil ou un
calcul de tension optique. Un supermarché peut vendre de l’aspirine. Aura-t-il
le salarié compétent pour en préciser les avantages et les effets secondaires ?
La sécurité notariale française est réputée pour son excellence ? Je ne
vois pas bien comment on pourrait créer une concurrence dans ce secteur sinon
de revoir les honoraires de ces professions très…réglementées.
Je ne suis pas hostile aux réformes,
bien au contraire. Notre pays souffre de pesanteurs, d’acquis, d’habitudes,
souvent coûteux pour l’usager. Qu’un ministre courageux propose de revoir
certaines pratiques, pourquoi pas ? Surtout en période de crise. Mais les réformes,
pour être efficaces, doivent être comprises, admises, partagées. On a bien vu
avec l’Ecotaxe ce qu’il advenait d’une forme de brutalité administrative. Il
faut donc faire très attention aux effets d’annonces. Surtout si on est dans l’incapacité
de les mettre en œuvre.
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