Une IVG n'est pas un acte anodin. (photo JCH) |
Un homme est-il le mieux
placé pour parler de la contraception des femmes ? Cette question est
aussi ancienne que l’autorisation de mise sur le marché de la pilule que le député
Lucien Neuwirth parvint à imposer en France. Et pourtant, l’amour se fait à
deux (voire plus) et on ne peut dissocier l’un(e) de l’autre dans le choix des
méthodes visant à éviter une grossesse non désirée.
Quand je lis que les méthodes
dites naturelles reprennent, si je peux me permettre, du poil de la bête, je
suis inquiet. Méthode Ogino, méthode des températures, abstinence programmée,
retrait…tout cela est bel et beau mais gâche sensiblement le paysage de l’amour
physique…même s’il est sans issue comme l’affirmait Serge Gainsbourg.
Je vois dans le retour de
ces pratiques d’un autre âge, le poids des conservatismes et des sublimations
de la nature. La nature n’est pas, en principe, bonne en tous points. La
propagation du virus Ebola, le SIDA, les maladies chroniques graves, démontrent
que l’homme est mortel mais qu’il sait parfois (souvent) trouver des parades à
la morbidité.
En France, plus de 200 000
femmes avortent chaque année. A moins de penser — je n’en suis pas — que l’avortement
est une méthode contraceptive, c’est cher payer, physiquement et mentalement,
un rapport non protégé. Même si la notion de détresse a disparu (grâce au
gouvernement de gauche) pour obtenir le droit à l’interruption de grossesse, il
est de notoriété publique qu’il ne s’agit pas d’un acte anodin ou banal contrairement
à ce que voudraient faire croire certains intégristes religieux ou des politiciens mal informés. On n’avorte pas
comme on va chez le dentiste.
Ernest Martin, notre regretté
créateur du centre de planning familial de Louviers, avait coutume de dire qu’en
dehors de la pilule — et jusqu’à plus ample informé — il n’existe pas de moyen
contraceptif digne de ce nom. Une femme ou une jeune fille adepte de la pilule
et respectueuse du mode d’emploi (sans oubli conscient ou non) ne tombera pas
enceinte si elle ne le désire pas. Les autres pratiques connaissent des taux d’échecs
plus ou moins élevés et je m’étonne que la presse reprenne en chœur des notions
aussi vides de sens que ces méthodes naturelles qui n’ont de naturelles que la
frustration dans l’échange, toujours, et l’échec dans l’objectif, souvent.
Je ne nie pas la lassitude
que peuvent ressentir les femmes après des années de prise de pilule…mais ce
moyen demeure encore le seul qui leur offre le choix réel de disposer de leur
corps comme elles l’entendent et quand elles le veulent. Si on n’appelle pas
cela un progrès !
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