Au risque de paraître une
nouvelle fois obsessionnel, il me semble impossible pour quelqu’un qui
s’intéresse à la vie politique, de ne pas commenter les derniers développements
dans l’affaire de corruption active pour laquelle Nicolas Sarkozy est mis en examen.
Face aux Français, sur TF1, les yeux dans les yeux, il a déclaré que les « deux
dames » (comprendre les deux juges d’instruction) s’acharnaient à vouloir le
détruire lui qui n’a jamais mis à mal l’état de droit (ce qui ne veut rien
dire) et que les faits qu’on lui reprochait étaient « grotesques » autrement
dit pas sérieux.
Le cœur des militants de
l’UMP le croit sur parole et évoque un acharnement des juges, de la gauche, du
gouvernement, des barons de l’UMP, tous voulant sa perte et empêcher son retour
sur la scène publique. Heureusement, la France possède des organes de presse
libres et une justice qui l’est (pour combien de temps ?) tout autant.
C’est ainsi que le journal « Le Monde » a publié sur son site, hier, l’article
de ses deux journalistes d’investigation reproduisant en détail les textes des
écoutes judiciaires concernant MM. Sarkozy, Herzog son avocat, et Azibert, le
magistrat de la Cour de Cassation (1) taupe des deux premiers nommés.
De grotesques, les faits
deviennent redoutables pour Sarkozy. On saisit l’effroi que l’ancien président
et son avocat ont dû connaître en apprenant que leurs téléphones officieux
étaient aussi sur écoute et on comprend mieux l’évolution à 180° de leur
discours concernant l’éventuelle action en faveur de la nomination d’Azibert à
Monaco. A la lecture de l’article du Monde, on mesure aussi le culot dont est
capable de faire preuve l’ancien président — mais cela ce n’est pas une
découverte — la seule chance de Sarkozy de se sortir de ce mauvais pas étant
d’obtenir l’annulation des écoutes ce qui détruirait la totalité du dossier en
cours d’instruction.
On peut imaginer que les
défenseurs de Sarkozy vont engager toutes les actions nécessaires (mais
peut-être pas suffisantes) pour obtenir gain de cause. On ne peut le leur
reprocher dans la mesure où les avocats sont là pour mettre à profit toutes les
règles de droit et éventuellement aider à créer de la jurisprudence. Tout de
même, quelle que soit l’issue judiciaire de ce dossier, les Français ont eu sous les yeux
la réalité d’une pensée, d’un système de copinage avec taupes dans la police,
dans la justice au plus haut niveau, une réalité qui devrait dans une
démocratie comme la nôtre discréditer à jamais l’acteur-comédien de ce théâtre d’ombres
dangereux pour…l’état de droit. Justement.
(1) Gilbert Azibert a
demandé à bénéficier d’un départ en retraite anticipé…et accordé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire