13 juillet 2014

De « grotesques » les écoutes de Nicolas Sarkozy deviennent « redoutables » pour lui et son avocat


Au risque de paraître une nouvelle fois obsessionnel, il me semble impossible pour quelqu’un qui s’intéresse à la vie politique, de ne pas commenter les derniers développements dans l’affaire de corruption active pour laquelle Nicolas Sarkozy est mis en examen. Face aux Français, sur TF1, les yeux dans les yeux, il a déclaré que les « deux dames » (comprendre les deux juges d’instruction) s’acharnaient à vouloir le détruire lui qui n’a jamais mis à mal l’état de droit (ce qui ne veut rien dire) et que les faits qu’on lui reprochait étaient « grotesques » autrement dit pas sérieux.
Le cœur des militants de l’UMP le croit sur parole et évoque un acharnement des juges, de la gauche, du gouvernement, des barons de l’UMP, tous voulant sa perte et empêcher son retour sur la scène publique. Heureusement, la France possède des organes de presse libres et une justice qui l’est (pour combien de temps ?) tout autant. C’est ainsi que le journal « Le Monde » a publié sur son site, hier, l’article de ses deux journalistes d’investigation reproduisant en détail les textes des écoutes judiciaires concernant MM. Sarkozy, Herzog son avocat, et Azibert, le magistrat de la Cour de Cassation (1) taupe des deux premiers nommés.
De grotesques, les faits deviennent redoutables pour Sarkozy. On saisit l’effroi que l’ancien président et son avocat ont dû connaître en apprenant que leurs téléphones officieux étaient aussi sur écoute et on comprend mieux l’évolution à 180° de leur discours concernant l’éventuelle action en faveur de la nomination d’Azibert à Monaco. A la lecture de l’article du Monde, on mesure aussi le culot dont est capable de faire preuve l’ancien président — mais cela ce n’est pas une découverte — la seule chance de Sarkozy de se sortir de ce mauvais pas étant d’obtenir l’annulation des écoutes ce qui détruirait la totalité du dossier en cours d’instruction.
On peut imaginer que les défenseurs de Sarkozy vont engager toutes les actions nécessaires (mais peut-être pas suffisantes) pour obtenir gain de cause. On ne peut le leur reprocher dans la mesure où les avocats sont là pour mettre à profit toutes les règles de droit et éventuellement aider à créer de la jurisprudence. Tout de même, quelle que soit l’issue judiciaire de ce dossier, les Français ont eu sous les yeux la réalité d’une pensée, d’un système de copinage avec taupes dans la police, dans la justice au plus haut niveau, une réalité qui devrait dans une démocratie comme la nôtre discréditer à jamais l’acteur-comédien de ce théâtre d’ombres dangereux pour…l’état de droit. Justement.
(1) Gilbert Azibert a demandé à bénéficier d’un départ en retraite anticipé…et accordé.

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