On ne fera pas taire Martine Aubry. (photo JCH) |
Martine Aubry sort de son
silence. Elle a tenu une conférence de presse, vendredi, à Paris, non loin de l’Assemblée
nationale où les députés venaient d’adopter le découpage territorial avec
treize régions et non plus quatorze. Pourquoi prendre la parole sur un sujet
apparemment secondaire ? Tout simplement parce qu’il ne l’est pas du tout.
Ni sur la forme adoptée par le gouvernement, ni sur le fond puisque ce découpage
régional va induire des modifications considérables de compétences et de
responsabilités dont on ne sait…rien ou pas grand-chose.
La première raison de la colère
de Martine Aubry est le rattachement à la région Nord-Pas-de-Calais de la région
picarde. Sans aucune concertation, sans aucun dialogue avec les élus du nord,
le gouvernement Valls a souhaité de cette façon minorer le rôle du Front national puissant
autour de Marine Le Pen, nouvelle députée européenne et très investie en Picardie.
La maire de Lille constate pourtant que deux régions pauvres ne font pas une région
riche et propose — pourquoi pas ? — de lorgner vers les deux Normandie
pour réaliser un petit chelem susceptible de satisfaire Nicolas
Mayer-Rossignol, le président du conseil régional haut-normand qui avait exprimé
l’idée de s’unir à la Picardie. Cette proposition a malheureusement peu de
chances de réussite eu égard au verrouillage gouvernemental.
C’est là que le bât blesse
et c’est la seconde raison de l’ire aubryste. Martine Aubry considère que la méthode
n’est pas acceptable. On fait violence aux élus en accélérant le pas, en
refusant le dialogue et en les obligeant à choisir…sans contre-proposition
discutée, négociée. Martine Aubry est étonnée par un processus brutal voire
violent quand il s’agit de l’avenir institutionnel de collectivités territoriales
comme autant de bassins de vie et d’échanges. Pour elle, on ne vote pas dans
des conditions précipitées et surtout sans qu’on connaisse en détail les
projets du gouvernement en matière de décentralisation et de déconcentration.
Pour elle, on met la charrue avant les bœufs.
Le fait qu’elle prenne la
parole alors qu’elle se tenait à distance de Paris et du pouvoir, est enfin une
indication précieuse. Ses adversaires au PS l’accusent de préparer le congrès
(dont on ignore la date de réunion) mais surtout lui reprochent de faire du
tort à la politique globale suivie par le tandem Hollande-Valls.
On ne fera pas taire Martine
Aubry (au passage, elle a évoqué les réussites et aussi les loupés de François
Hollande) c’est bien pourquoi j’étais de ceux qui l’ont soutenue lors de la
primaire socialiste et continuent de penser qu’elle aura un rôle important à
jouer dans les futures campagnes présidentielle et législative. Martine Aubry a
des convictions, elle ne les reniera pas pour un plat de lentilles.
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