Christiane Taubira. (DR) |
Neuf mois ferme et cinq d’inéligibilité.
Le tribunal correctionnel de Cayenne, saisi par une association guyanaise, a
condamné une candidate du Front national aux élections municipales récentes à
cette peine infamante et particulièrement sévère. La jeune militante frontiste
s’était présentée à Rethel (Ardennes) sur une liste municipale et avait trouvé judicieux
de faire figurer sur sa page Facebook la photo d'un jeune singe avec à proximité
le portrait de Christiane Taubira légendé ainsi : «18 mois » sous la photo
du singe et « maintenant » sous la photo de la ministre de la Justice.
J’avais, à l’époque, exprimé
dans ces colonnes tout le dégoût que m’inspirait cette initiative. Elle n’était
d’ailleurs pas une action isolée puisque d’autres, notamment des membres de la «
Manif pour tous », s’étaient déjà associés à cette infamie. Christiane Taubira,
on s’en doute, avait regretté « qu’une
belle et haute voix ne se soit pas élevée » rapidement pour dénoncer ces
propos et ces images infects.
Tout au long de l’audience, comme
le rapporte le journal Libération, les avocats de Walwari avaient stigmatisé la
politique du Front national qui constitue, comme l’a souligné Joël Pied, secrétaire
général de Walwari, «une menace et un
danger pour la société cosmopolite». En conclusion, les avocats
avaient demandé que la décision qui serait prise «fasse jurisprudence inscrite en lettres d’or».
En l’absence des prévenus,
Anne-Sophie Leclère et le Front national (qui depuis l’a exclue du mouvement) le
tribunal a souhaité marqué le coup et indiqué aux éventuels imitateurs actuels
ou futurs ce qu’il en coûtera de fustiger un(e) citoyen(e) français(e) pour la
couleur de sa peau ou ses origines.
On se doute que la dame Leclère
et le Front national (condamné à 30 000 euros d’amende et 50 000 euros à l’association
plaignante) vont interjeter appel. Il n’empêche que ce jugement (provisoire
donc) va marquer les esprits et exprime bien le souci des magistrats d’appliquer
avec sévérité les atteintes à la dignité des personnes qu’elles soient un ministre
de la justice ou un quidam.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire