La liste UMP a compté un élu hier dans notre région. |
J’ai suivi dans son
intégralité la séance de confidences faites par Jérôme Lavrilleux, député
européen UMP depuis hier, l’homme qui se faisait fort de battre Marine Le Pen
et qui, avec le PS d’ailleurs, a pris une grosse raclée dans notre
circonscription. Cette séance de questions réponses était animée par Ruth
Elkrief, journaliste sur BFM TV. Le sujet : les dérèglements comptables de
la campagne de Nicolas Sarkozy et les fausses factures passées par l’UMP auprès
de la société Bygmalion.
Si Lavrilleux est sorti du
bois, c’est parce que l’avocat de Bygmalion, Patrick Maisonneuve a tenu une
conférence de presse, cet après-midi,
pour expliquer comment et pourquoi les dirigeants de cette société ont
cédé au « chantage économique » de l’UMP en 2012. Il a prononcé le mot UMP pour
ne pas avoir à livrer de noms propres (ou pas très propres) puisque des
dirigeants du parti (présidé par Jean-François Copé aujourd’hui) ont exigé des
factures diversifiées et au nom de l’UMP pour ne pas charger la mule des
comptes de campagne du candidat Sarkozy, une campagne déjà pas mal
plombée.
Lavrilleux joue la sincérité
mais il affiche une prudence de siou. Copé et Sarkozy, affirme-t-il sans
broncher, ne savaient rien du financement de la campagne présidentielle !
Occupé à rédiger leurs textes et à serrer les paluches, les grands hommes ont
d’autres chats à fouetter que ceux consistant à préparer les meetings, les
organiser et les financer. Il y a eu dérapages parce que la campagne a duré une
année (ah bon ?) et que la fatigue aidant, Lavrilleux et ses collègues
n’ont eu que deux mois pour mettre au point les comptes de campagne et pour les
présenter en conformité…laquelle n’a pas été retenue par la Commission compétente
eu égard à des mélanges et des surdosages de prestations aussi visibles qu’un
nez au milieu de la figure. Pas très malins les financiers de l’UMP.
Patrick Maisonneuve parle de
10 millions d’euros ! Voilà le montant des fausses factures présentées par
Bygmalion à l’UMP…« mais les prestations
ont été réelles » s’empresse d’ajouter Lavrilleux entre deux sanglots. « j’aurais dû avoir le courage de tirer le
signal d’alarme mais je ne l’ai pas eu. » Pauvre Garçon. On va évidemment
le plaindre, ce fils de garagiste qui retape sa maison de campagne pendant le
week-end et qui a encore treize ans de crédit à rembourser. Lavrilleux ne s’en
est pas mis plein les poches comme certains l’ont dit ou écrit. Mais qu’on ne
compte sur lui pour mettre en cause qui que ce soit. S’il y a eu d’autres
complices, c’est aux enquêteurs et aux juges de découvrir la
vérité. Lavrilleux n’est pas un délateur, il a sa conscience intacte même
s’il dort mal depuis quelques semaines à la suite de la parution des articles
de Libération.
Pensez donc, poursuit-il
sans se rendre compte de l’énormité de ses aveux, la campagne de Sarkozy
relevait du Blitzkrieg, un rouleau compresseur avec meetings et réunions
publiques à la pelle histoire de saturer les écrans et les oreilles des
journalistes. Lavrilleux n’a pas eu le courage de stopper cet élan forcément
victorieux (on connaît la suite) bien qu’il ait parfois pensé que tout cela finirait mal.
On y est. Cela va
certainement mal finir. Les policiers ont perquisitionné dès aujourd’hui, le
siège de l’UMP, celui de l’association de Copé et les bureaux de Bygmalion, d’où
la sortie médiatique de l’avocat de la société. Et Sarkozy ? Pendant ce
temps-là, il se faisait acclamer à Tel Aviv où Carla chantait. Rentré dare–dare
à Paris, l’ancien président a réuni un comité stratégique pour définir sa
future intervention publique. Il n’a certainement rien à craindre. Les fusibles
vont sauter, pas le compteur du Sarkoton !
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