Les électeurs(trices) de notre circonscription avaient le choix entre 21 listes. (photo JCH) |
« Les listes du FN ont attiré 43 % des ouvriers qui
se sont déplacés aux urnes, 38 % des employés et 37 % des chômeurs. » Quand on lit cela, la messe est dite. L’électorat
populaire vote Le Pen et la décision de ces électeurs(trices) sent le soufre.
Hier soir, sur les plateaux télé, deux hommes se situaient au-dessus du lot :
Laurent Fabius pour le PS et Alain Juppé, pour l’UMP. Tous deux, KO debout mais
lucides, sentent bien que la situation échappe de plus en plus aux partis de
gouvernement. Ils sentent bien que le peuple se révolte, calmement pour l’instant,
mais que tous les ingrédients pouvant mettre le feu au lac s’accumulent, s’apparient,
tels des molécules formant un nouveau matériau pourtant déjà vu : La peur de
l’autre, l’angoisse du lendemain, le rejet de la politique à la pépère et le
refus de voir la vie en vrai. Les Français ont envie de renverser la table
autour de laquelle discutent les politiques au pouvoir. Tapie affirmait, jadis,
que les Français qui votent FN sont des salauds. Loin de moi cette idée. Les
Français qui votent FN veulent essayer autre chose, une autre manière de faire,
à leurs risques et périls. Car le FN n’est pas un parti comme les autres. Il est contre la République, cette
gueuse dont parlait Barrès. Il est pour la fermeture des frontières. Il est
pour la préférence nationale quand le monde s’ouvre et s’internationalise. Il
est dogmatique, chaotique, raciste, xénophobe. Il a tout pour déplaire. Et
pourtant il plait. Il fait élire 24 ou 25 députés européens qui vont émarger
comme les autres, embaucher des assistants comme les autres, être souvent
absents, comme les autres. Le FN n’est pas un parti comme les autres mais il
rentrera dans le moule des prébendes et autres sinécures. Qu’ils s’appellent
Florian Philippot, Louis Aliot, Steve Briois, ou Dupont, les députés FN
passeront au tourniquet du Parlement de Strasbourg et toucheront leurs jetons
de présence. Eux qui détestent l’Europe, l’Euro, les europhiles…ils vont vivre
sur le dos des contribuables européens. Quel paradoxe ! Que peuvent Fabius
et Juppé ? L’un déplore l’image internationale d’une France défigurée
comme l’Autriche du temps de Haider, Juppé met en cause Copé et sa façon de
diriger l’UMP ou plutôt de ne pas la diriger pour s’occuper de ses petites
affaires. Le sens de l’honneur doit être retrouvé à gauche et à droite.
Les résultats d’hier soir sont
catastrophiques pour le PS et dramatiques pour l’UMP. Le ton présidentiel et
martial de Manuel Valls ne changera rien à l’équation : les Français qui
votent et aussi ceux qui s’abstiennent ou votent blanc ne croient plus dans la
parole politique. Trop de promesses, trop de contradictions, trop d’impôts
(Franck Martin devrait méditer cette évidence) pas assez de concret, pas assez
de tripes, pas assez de rêve. Prenez l’Italie : Mateo Renzi est au pouvoir
depuis quelques mois. Il a tapé sur la table, proposé des réformes
institutionnelles, pris des décisions dans le domaine économique, il bouge et
avance, il ne palabre pas.
Valls annonce de nouvelles
baisses d’impôts ! Que diable, il ne fallait pas les augmenter ! Voilà
des années que je demande sur ce blog l’arrêt des augmentations d’impôts aux
plans local et national. Il arrive un moment où trop c’est trop. Il aura donc
fallu deux ans à ce gouvernement pour se faire à l’idée que les Français considèrent
que la coupe est pleine. Mais il y a longtemps qu’on le sait ! Pourquoi ne
pas avoir vu ce que tout le monde voyait. C’est comme pour les preuves de l’affaire
Cahuzac : Apathie demandait à Plenel «
les preuves, où sont les preuves ? » Et Plenel assurait : « Les preuves ? Mais vous les avez sous
les yeux. » Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Depuis
hier, et après le coup de semonce des municipales, il est grand temps pour le
pouvoir d’ouvrir enfin les yeux…
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