26 mai 2014

Le vote populaire est devenu un vote populiste


Les électeurs(trices) de notre circonscription avaient le choix entre 21 listes. (photo JCH)
« Les listes du FN ont attiré 43 % des ouvriers qui se sont déplacés aux urnes, 38 % des employés et 37 % des chômeurs. » Quand on lit cela, la messe est dite. L’électorat populaire vote Le Pen et la décision de ces électeurs(trices) sent le soufre. Hier soir, sur les plateaux télé, deux hommes se situaient au-dessus du lot : Laurent Fabius pour le PS et Alain Juppé, pour l’UMP. Tous deux, KO debout mais lucides, sentent bien que la situation échappe de plus en plus aux partis de gouvernement. Ils sentent bien que le peuple se révolte, calmement pour l’instant, mais que tous les ingrédients pouvant mettre le feu au lac s’accumulent, s’apparient, tels des molécules formant un nouveau matériau pourtant déjà vu : La peur de l’autre, l’angoisse du lendemain, le rejet de la politique à la pépère et le refus de voir la vie en vrai. Les Français ont envie de renverser la table autour de laquelle discutent les politiques au pouvoir. Tapie affirmait, jadis, que les Français qui votent FN sont des salauds. Loin de moi cette idée. Les Français qui votent FN veulent essayer autre chose, une autre manière de faire, à leurs risques et périls. Car le FN n’est pas un  parti comme les autres. Il est contre la République, cette gueuse dont parlait Barrès. Il est pour la fermeture des frontières. Il est pour la préférence nationale quand le monde s’ouvre et s’internationalise. Il est dogmatique, chaotique, raciste, xénophobe. Il a tout pour déplaire. Et pourtant il plait. Il fait élire 24 ou 25 députés européens qui vont émarger comme les autres, embaucher des assistants comme les autres, être souvent absents, comme les autres. Le FN n’est pas un parti comme les autres mais il rentrera dans le moule des prébendes et autres sinécures. Qu’ils s’appellent Florian Philippot, Louis Aliot, Steve Briois, ou Dupont, les députés FN passeront au tourniquet du Parlement de Strasbourg et toucheront leurs jetons de présence. Eux qui détestent l’Europe, l’Euro, les europhiles…ils vont vivre sur le dos des contribuables européens. Quel paradoxe ! Que peuvent Fabius et Juppé ? L’un déplore l’image internationale d’une France défigurée comme l’Autriche du temps de Haider, Juppé met en cause Copé et sa façon de diriger l’UMP ou plutôt de ne pas la diriger pour s’occuper de ses petites affaires. Le sens de l’honneur doit être retrouvé à gauche et à droite. 
Les résultats d’hier soir sont catastrophiques pour le PS et dramatiques pour l’UMP. Le ton présidentiel et martial de Manuel Valls ne changera rien à l’équation : les Français qui votent et aussi ceux qui s’abstiennent ou votent blanc ne croient plus dans la parole politique. Trop de promesses, trop de contradictions, trop d’impôts (Franck Martin devrait méditer cette évidence) pas assez de concret, pas assez de tripes, pas assez de rêve. Prenez l’Italie : Mateo Renzi est au pouvoir depuis quelques mois. Il a tapé sur la table, proposé des réformes institutionnelles, pris des décisions dans le domaine économique, il bouge et avance, il ne palabre pas.
Valls annonce de nouvelles baisses d’impôts ! Que diable, il ne fallait pas les augmenter ! Voilà des années que je demande sur ce blog l’arrêt des augmentations d’impôts aux plans local et national. Il arrive un moment où trop c’est trop. Il aura donc fallu deux ans à ce gouvernement pour se faire à l’idée que les Français considèrent que la coupe est pleine. Mais il y a longtemps qu’on le sait ! Pourquoi ne pas avoir vu ce que tout le monde voyait. C’est comme pour les preuves de l’affaire Cahuzac : Apathie demandait à Plenel « les preuves, où sont les preuves ? » Et Plenel assurait : « Les preuves ? Mais vous les avez sous les yeux. » Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Depuis hier, et après le coup de semonce des municipales, il est grand temps pour le pouvoir d’ouvrir enfin les yeux…

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