Le face-à-face va commencer. (photo Jean-Charles Houel) |
Excellente initiative que
celle de la rédaction lovérienne de «La Dépêche», organisatrice d’un débat
entre les trois têtes de listes qualifiées pour le second tour des élections
municipales. Ludovic Larue, pour le Front national s’était fait porter pâle (il
ne connaît rien aux dossiers locaux). Il s’est donc agi d’un face-à-face
Martin-Priollaud puisque ce dernier, depuis hier soir 18 heures, est à la tête
de la liste d’union de la droite recomposée avec des candidats issus des listes
UMP-UDI, d’une part, et de la liste Terlez (sans étiquette) d’autre part. Cette
fusion n’étonne personne. Elle était dans les tuyaux avant le premier tour.
Elle était l’unique chance pour la droite de « reprendre » la mairie. L’étonnement
vient de la disparition subreptice des sigles UMP et UDI imposée par Anne
Terlez qui tient à cette apparence citoyenne.
Les sujets choisis par les
journalistes comprenaient : la sécurité, la dette, la CASE, le rôle du
maire, les rapports avec l’opposition ainsi que les explications concernant la
soi-disant poussée du Front national.
Un mot du climat tout d’abord.
Franck Martin est un vieux routier des débats publics. Il en possède la maîtrise
et l’art de déstabiliser un adversaire. Surtout quand celui-ci est un jeune
politicien désigné il y a trois mois et ne possédant pas toute la gamme que
requiert l’art de la confrontation des hommes et des idées. Pour affronter
Franck Martin avec quelque succès, il faut connaître les dossiers sur le bout
des doigts et surtout élaborer une stratégie à laquelle on se tient.
Pour l’avoir ignoré, François
Xavier Priollaud est apparu fragile, friable, trop général pour être percutant.
Il avait pourtant bien démarré le débat en assurant qu’avec lui devenu maire, l’opposition
aurait des droits, qu’elle serait respectée et présente dans toutes les
commissions au nom de la transparence.
Il a suffi d’aborder le
premier thème important, la sécurité, pour comprendre que le maire sortant
avait réussi par son action et la baisse statistique de la délinquance à couper
l’herbe sous le pied de son adversaire d’accord avec lui pour augmenter les
effectifs de la police municipale, ne pas l’armer, et généraliser la vidéo-protection
(1) à toute la ville.
Sur la montée du Front
national, on peut invoquer la tendance européenne au repli et aux nationalismes
comme l’a fait Franck Martin, on peut trouver une explication sociale et
protestataire comme l’a indiqué FX Priollaud. Aucun n’a accusé l’autre d’être à
l’origine des presque 18 % de Ludovic Larue uniquement dus à la présence de
Marine Le Pen sur les tracts.
L’animation et la culture
sont des points forts du programme de la liste PRG-PS-EELV. Malgré les regrets
de M. Priollaud « la ville est morte le soir » « les jeunes ne savent pas quoi
faire », le maire sortant a fait état des nombreuses initiatives municipales
faisant, selon lui, « de Louviers la capitale de l’Eure de la culture ».
Moulin, Gare aux musiques, Scène nationale, relance des cinémas (2)…tandis que
M. Priollaud « veut redonner le sourire à Louviers ».
La dette : Le sondage
de l’automne dernier faisait état d’un talon d’Achille dans l’action municipale :
impôts trop lourds à Louviers. Le candidat UMP-UDI-SE aurait pu, s’il avait
mieux connu le dossier financier et fiscal lovérien, tirer son épingle du jeu. S’il
a souligné le départ de 700 Lovériens en quelques années, il n’a pas réussi à gêner
Franck Martin qui confirme le gel de la dette à son niveau actuel et assure le
succès de « la gestion active de cette dette » à des taux bancaires
exceptionnellement faibles.
L’intercommunalité : M.
Priollaud proposera, s’il est élu, une mutualisation de certains services et dépenses
« mais cela existe déjà » rétorque
Franck Martin. Quant au conseil des forces vives (entrepreneurs, commerçants,
artisans dont l’écoute fait, selon lui, défaut) dont la création est souhaitée
par le candidat de la droite, « il s’appelle,
répond Franck Martin, conseil du développement
durable et rassemble patrons, syndicats, associations. Et il existe déjà. »
M. Priollaud veut créer une
filière numérique porteuse d’emplois futurs et nécessitant des énergies
propres. « Nous avons la Cosmetic Valley
(chimie fine, pharmacie) la logistique et des milliers d’emplois créés », «
cette filière est une utopie, c’est de la foutaise » assène Franck Martin
avec dédain.
Seront-ils candidats l’un ou
l’autre à la présidence de la CASE en cas d’élection favorable dimanche
prochain ? Les deux impétrants demeurent évasifs. Ils étudieront les
rapports de forces après le second tour. Franck Martin glisse au passage « Patrice Yung, c’est moi ! » comme
le disait Flaubert de Mme Bovary.
Si M. Priollaud est élu
maire de Louviers, il abandonnera ses fonctions d’administrateur de l’Assemblée
nationale pour être maire à 100 % et s’ils sont battus, les deux débatteurs
affirment qu’ils siégeront au sein de l’assemblée communale.
FX Priollaud n'a eu que trois mois pour se préparer. |
Le débat a pris fin sur l’attaque
frontale de Franck Martin contre la nouvelle liste de second tour de la droite
classée sans étiquette après que M. Priollaud a eu le soutien de l’UMP et de l’UDI
au premier ! « Tambouille, magouille
» s’écrie Franck Martin ! « Vous
mentez aux électeurs qui ont le droit de savoir qui vous êtes. » M.
Priollaud ne se rappelle pas avoir vu les logos du PS ou du PRG sur les
affiches de la liste de gauche et affirme que ce qui unit Priollaud et Terlez « c’est qu’il n’y a pas de contradiction
entre nos deux projets. » FXP conclut : « Dimanche, les Lovériens auront la chance historique d’exprimer leur désaveu
à l’égard de votre gestion. »
Franck Martin : « Nous avons bien compris votre souhait :
faire un Louviers pour les riches et pour les nantis. Pendant trois mandats
nous avons été au service des Lovériens. »
Lesquels disposent encore de
quelques jours pour faire leur choix définitif. S’ils avaient pu assister au débat
d’hier (sous l’œil impassible de Marianne voir photo) — mais ils bénéficieront
d’un compte rendu fidèle et complet dans La Dépêche dès jeudi — ils auraient pu
constater les différences sensibles entre les deux têtes de listes. D’un côté,
un jeune politicien en début de carrière qui veut se construire un fief mais se
trouve affaibli par sa méconnaissance du terrain et des dossiers, de l’autre un
homme d’expérience qui a tout connu : les succès et les échecs et qui n’ignore
pas que dimanche se joue son avenir politique et professionnel.
(1) Il n'est pas vrai que tous les maires sont unanimes pour imposer la vidéo-surveillance. Une commune consultée par referendum local a refusé à 59 % cette solution préférant la création d'une police municipale.
(2) Le maire de Louviers cite les cinémas locaux en exemple. Pourtant, des problèmes techniques surviennent parfois amputant le plaisir de se faire une toile.
(1) Il n'est pas vrai que tous les maires sont unanimes pour imposer la vidéo-surveillance. Une commune consultée par referendum local a refusé à 59 % cette solution préférant la création d'une police municipale.
(2) Le maire de Louviers cite les cinémas locaux en exemple. Pourtant, des problèmes techniques surviennent parfois amputant le plaisir de se faire une toile.
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