9 octobre 2013

Médiapart révèle « Le comportement manifestement abusif de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt »

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S’abonner au site Mediapart va devenir un signe de bonne santé. Bonne santé journalistique, d’abord et bonne santé informative ensuite. Il devient de plus en plus évident que pour connaître la face cachée de ce qui nous est proposé comme acquis les lecteurs vont devoir lire avec attention les conclusions des enquêteurs de Mediapart démontrant des faits bien différents voire contradictoires avec les banalités répandues par certains.
Prenons le cas du non lieu récent de Sarkozy dans l’affaire Bettencourt. Les juges d’instruction n’étant pas parvenus à établir la preuve formelle de la remise des espèces devant servir à financer la campagne présidentielle de 2007, ont été contraints de prononcer ce non lieu. Contrairement à ce que tous les amis de Sarkozy racontent, les Hortefeux, Morano et compagnie, Sarkozy ne sort pas blanchi de cette affaire. Son innocence est sujette à bien des interrogations.

Le site Mediapart publie de larges extraits de l’ordonnance des juges bordelais. Elle fait plus qu’égratigner l’ancien président. Les juges tiennent pour acquis l’abus de faiblesse et la demande d’argent mais ne peuvent constituer un dossier à charge faute d’aveux ou de preuves matérielles. Les juges confirment les différents rendez-vous de Sarkozy avec les Bettencourt, ils confirment que Sarkozy savait que Mme Bettencourt était sourde comme un pot, ils ont établi formellement les demandes de sous pour financer la campagne. Pour toutes ces raisons, les juges évoquent le « comportement abusif de Nicolas Sarkozy…la phrase exacte étant « Le comportement incriminé de Nicolas Sarkozy, à savoir sa demande d’un soutien financier occulte (...) formulée  à Liliane Bettencourt, personne âgée et vulnérable, alors (...) qu’il est candidat déclaré à l’élection présidentielle, est un comportement manifestement abusif ». Ils ajoutent : « Nicolas Sarkozy avait connaissance de l’état de vulnérabilité particulièrement apparent de Liliane Bettencourt », exposent les juges. Il avait notamment « parfaitement connaissance du handicap de surdité de Liliane Bettencourt et de ses conséquences, à savoir son impossibilité de communication, et de réelle compréhension ».
« Par ailleurs, hormis sa connaissance de la vulnérabilité apparente de Liliane Bettencourt, en raison de son handicap de surdité, il est impossible que Nicolas Sarkozy n’ait pas constaté, le 24 février 2007, la très grande fragilité particulièrement apparente de cette dame âgée (que malgré ses dénégations il a rencontré ce jour-là), alors que cette fragilité était soulignée et décrite par le personnel qui était présent, et attestée par une permanence médicale à son domicile 24 heures sur 24 depuis le 1er septembre 2006. »
« C’est en raison de ces déclarations spontanées, trop affirmatives, que de nouvelles investigations étaient réalisées », écrivent les juges. « Elles ont mis en évidence des contradictions entre la version de Nicolas Sarkozy et celles des témoins, contradictions qui ont été corroborées par des éléments documentaires venant accréditer l’existence de deux visites de Nicolas Sarkozy au domicile du couple Bettencourt entre le 14 janvier 2007, date de son investiture comme candidat aux élections présidentielles, et les 26 mars 2007, date à laquelle il quittait le ministère de l’intérieur. De ces témoignages et éléments matériels, il ressort que Nicolas Sarkozy est venu à deux reprises au domicile de Liliane Bettencourt, le 24 février 2007 et auparavant le 10 février 2007. »

Sur les conditions de ce rendez-vous, « les affirmations de Nicolas Sarkozy selon lesquelles il n’a, le 24 février 2007, rencontré qu’André Bettencourt, sont totalement démenties par les déclarations concordantes des membres du personnel de Liliane Bettencourt d’astreinte ce samedi », à savoir quatre témoins différents.« Il est donc manifeste que ces affirmations peu crédibles de Nicolas Sarkozy au sujet de sa rencontre avec le seul André Bettencourt, ce 24 février 2007, n’ont pour seul but que d’éviter de s’expliquer sur les véritables motifs de sa rencontre avec Liliane Bettencourt », assènent les juges d’instruction.
Les juges enchaînent en mettant en cause Patrice de Maistre et Eric Woerth, trésorier de l’UMP, lesquels devront comparaître devant un tribunal correctionnel en 2014.
La conclusion de tout cela est claire : Sarkozy a mis les mains dans le pot de confiture mais comme il les a vite léchées, il n’y a plus de trace de sucre. Pour autant, le bocal n’est plus aussi plein.
(les passages en italique sont extraits de l'article paru sur le site Mediapart).


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