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au site Mediapart va devenir un signe de bonne santé. Bonne santé
journalistique, d’abord et bonne santé informative ensuite. Il devient de plus
en plus évident que pour connaître la face cachée de ce qui nous est proposé
comme acquis les lecteurs vont devoir lire avec attention les conclusions des enquêteurs
de Mediapart démontrant des faits bien différents voire contradictoires avec
les banalités répandues par certains.
Prenons
le cas du non lieu récent de Sarkozy dans l’affaire Bettencourt. Les juges
d’instruction n’étant pas parvenus à établir la preuve formelle de la remise
des espèces devant servir à financer la campagne présidentielle de 2007, ont
été contraints de prononcer ce non lieu. Contrairement à ce que tous les amis
de Sarkozy racontent, les Hortefeux, Morano et compagnie, Sarkozy ne sort pas
blanchi de cette affaire. Son innocence est sujette à bien des interrogations.
Le site Mediapart
publie de larges extraits de l’ordonnance des juges bordelais. Elle fait plus
qu’égratigner l’ancien président. Les juges tiennent pour acquis l’abus de
faiblesse et la demande d’argent mais ne peuvent constituer un dossier à charge
faute d’aveux ou de preuves matérielles. Les juges confirment les différents
rendez-vous de Sarkozy avec les Bettencourt, ils confirment que Sarkozy savait
que Mme Bettencourt était sourde comme un pot, ils ont établi formellement les
demandes de sous pour financer la campagne. Pour toutes ces raisons, les juges
évoquent le « comportement abusif de Nicolas Sarkozy…la phrase exacte étant « Le comportement incriminé de Nicolas Sarkozy, à savoir sa
demande d’un soutien financier occulte (...) formulée à Liliane
Bettencourt, personne âgée et vulnérable, alors (...) qu’il est candidat
déclaré à l’élection présidentielle, est un comportement manifestement
abusif ». Ils ajoutent : « Nicolas
Sarkozy avait connaissance de l’état de vulnérabilité particulièrement apparent
de Liliane Bettencourt »,
exposent les juges. Il avait notamment « parfaitement connaissance du
handicap de surdité de Liliane Bettencourt et de ses conséquences, à savoir son
impossibilité de communication, et de réelle compréhension ».
« Par ailleurs, hormis sa
connaissance de la vulnérabilité apparente de Liliane Bettencourt, en raison de
son handicap de surdité, il est impossible que Nicolas Sarkozy n’ait pas
constaté, le 24 février 2007, la très grande fragilité particulièrement
apparente de cette dame âgée (que malgré ses dénégations il a rencontré ce
jour-là), alors que cette fragilité était soulignée et décrite par le personnel
qui était présent, et attestée par une permanence médicale à son domicile 24
heures sur 24 depuis le 1er septembre 2006. »
« C’est en raison de ces
déclarations spontanées, trop affirmatives, que de nouvelles investigations
étaient réalisées », écrivent les
juges. « Elles ont mis en évidence des contradictions entre la version
de Nicolas Sarkozy et celles des témoins, contradictions qui ont été
corroborées par des éléments documentaires venant accréditer l’existence de
deux visites de Nicolas Sarkozy au domicile du couple Bettencourt entre le 14
janvier 2007, date de son investiture comme candidat aux élections
présidentielles, et les 26 mars 2007, date à laquelle il quittait le ministère
de l’intérieur. De ces témoignages et éléments matériels, il ressort que
Nicolas Sarkozy est venu à deux reprises au domicile de Liliane Bettencourt, le
24 février 2007 et auparavant le 10 février 2007. »
Sur les conditions de ce rendez-vous,
« les affirmations de Nicolas Sarkozy selon lesquelles il n’a, le 24
février 2007, rencontré qu’André Bettencourt, sont totalement démenties par les
déclarations concordantes des membres du personnel de Liliane Bettencourt
d’astreinte ce samedi », à savoir quatre témoins différents.« Il
est donc manifeste que ces affirmations peu crédibles de Nicolas Sarkozy au
sujet de sa rencontre avec le seul André Bettencourt, ce 24 février 2007, n’ont
pour seul but que d’éviter de s’expliquer sur les véritables motifs de sa
rencontre avec Liliane Bettencourt », assènent les juges d’instruction.
Les juges enchaînent en mettant en
cause Patrice de Maistre et Eric Woerth, trésorier de l’UMP, lesquels devront
comparaître devant un tribunal correctionnel en 2014.
La conclusion de tout cela est claire :
Sarkozy a mis les mains dans le pot de confiture mais comme il les a vite
léchées, il n’y a plus de trace de sucre. Pour autant, le bocal n’est plus
aussi plein.
(les passages en italique sont extraits de l'article paru sur le site Mediapart).
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