Des casseurs — c’est leur
nom — ont gâché « la fête » organisée à l’occasion de la célébration du titre
de champion de France de la ligue 1 de football gagné par l’équipe du
Paris-Saint-Germain. Quelques dizaines de supporteurs ultras, comme on dit dans
le milieu, ont profité de l’occasion pour casser du flic, des abris bus et
des vitrines de la Place du Trocadéro à l’avenue des Champs Elysées. Les
joueurs n’ont disposé que de cinq minutes pour se montrer et dégager illico
presto afin d’éviter les gnons et les bousculades. Bertrand Delanoë, maire de
Paris, raccompagné à sa voiture par des gardes du corps n’a pas demandé son
reste et des grenades assourdissantes ont eu pour effet de chasser les brutes à
quelques rues du lieu de rendez-vous initial.
En un mot, la soirée a été
complètement ratée. Le préfet de Paris a même annoncé que, dorénavant, quelle
que soit la raison de fêter les victoires du PSG, il n’y aura plus de bus
spécial dans les rues et encore moins de supporteurs pour les encourager. Le
football, quand il est bien pratiqué, est un sport populaire. Quand il suscite
les excès d’hier soir, il sent mauvais. Il faut dire que cette année, les
titulaires de l’équipe qatari n’ont manqué ni d’argent ni de cartons rouges.
Léonardo lui-même, manager général, a été surpris par les caméras de Canal-Plus en train de bousculer un arbitre, M. Castro, dans les vestiaires, ce qui pourrait lui
coûter une longue suspension.
Le PSG n’est pas la seule
équipe à susciter tant de passion haineuse et tant de gestes insolents. En
Italie, combien de joueurs ont été
accusés de paroles racistes et de saluts fascistes ? Combien de matches
truqués ? Combien de joueurs dopés ? (le football n’est pas le seul
sport dans ce domaine). A Paris, en Angleterre, en Italie, en Espagne, combien
de footeux surpayés. Quand, à vingt ans, on dispose d’une collection de six
voitures de luxe à des prix insensés, il ne faut pas s’étonner que des
garnements de banlieue au chômage ou dans l’oisiveté éprouvent quelque jalousie
et font de la violence leur mode d’expression favori. « Puisque je ne vaux
rien, puisque je ne suis rien, je n’ai rien à perdre. » Il est étrange, tout de
même, que ces jeunes se reconnaissent dans les discours stigmatisants de
l’extrême droite raciste et xénophobe. Dans les actes des skin-heads, ces
fameux crânes rasés qu’on retrouve systématiquement dans les manifestations des groupes
identitaires et nationalistes. Lors de la manif pour tous, ces crânes rasés ont
été à l’origine des incidents sur les Champs Elysées. Ce sont les mêmes qui ont
insulté les journalistes et les preneurs d’images, hier, au Trocadéro et ont jeté des pavés dans les vitrines. Eric
Ciotti, le monsieur sécurité de l’UMP, a tort de mettre en cause le préfet de
police et le ministre de l’Intérieur. Là où il a vu 50 policiers, il y en avait
800, chiffre confirmé aujourd’hui. Il devrait savoir que quand les têtes
brûlées ont décidé de passer à l’action, seules des dizaines de compagnies de
CRS ou de gardes mobiles peuvent en venir à bout. A quoi bon jeter de l’huile
sur le feu quand on est un responsable cohérent et sérieux ?
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