Les hommes politiques, quel
que soit le niveau de leurs responsabilités, ont parfois une drôle d’idée du
suffrage universel. En étant désigné par les citoyens lors d’un vote, certains
en sont à considérer que ce vote annule tous leurs errements et toutes leurs
turpitudes. Après la guerre de 1939-1945, il y eut bien des condamnations pour
collaboration avec l’ennemi nazi. Certains hommes furent lynchés et donc assassinés
sans jugement, d’autres (des femmes) furent tondues le plus souvent pour avoir
eu des relations intimes avec des militaires allemands, d’autres encore furent
condamnés à des peines de prison ou frappés d’une période d’indignité nationale
les empêchant d’être élus.
Passé cette période, ils ont
été un certain nombre en France et dans l’Eure, notamment, à souhaiter être «
blanchis » par le suffrage des électeurs. Une élection revenait, dans leur
esprit, à un effacement des fautes, un oubli des déshonneurs, à une
réhabilitation sociale et publique. Dans l’Eure, Modeste Legouez, ancien
sénateur, fut de ceux-là. On le vit parader, recevoir des médailles et
s’engager politiquement très à droite sans craindre l’opprobre du peuple
d’autant plus qu’un sénateur est élu par d’autres élus ! Et Legouez fut
également élu maire et conseiller général !
En se promenant sur le
marché de Villeneuve-sur-Lot, ville dont il est le maire, Jérôme Cahuzac prend
le pouls de la ville dont il était, il y a quelques semaines encore, également
le député. Contraint à la démission de son poste de ministre sous la pression
et les révélations du site Mediapart, il a dû en faire autant avec ses
fonctions de parlementaire…sous la pression du président de la République et du
Parti socialiste. Alors qu’il pouvait retrouver, de facto, son siège de député,
il a dû abandonner l’idée de revenir au Palais Bourbon par automaticité.
Cahuzac n’exclut,
aujourd’hui, pas d’être candidat à la prochaine élection législative partielle
bien que le PS (qui l’a exclu) ait d’ores et déjà désigné un candidat officiel
du nom de Barral, ancien chef d’entreprise et bien connu localement. Si Cahuzac
va au bout de son idée, qui sait si les électeurs ne feront pas marcher la
grande lessiveuse du suffrage universel, celle qui nettoie plus blanc que blanc
et réintègre les parias condamnés ou susceptibles de l’être. Il est vrai que
tant que la justice n'a pas dit son dernier mot, personne n’est définitivement
coupable.
Pour autant et c’est vrai
partout en France, on ne doit pas considérer qu’une élection est une
réhabilitation ou un effacement des fautes et des erreurs. Franck Martin a
déclaré dans la presse locale — après avoir été condamné en première instance
pour diffamation à Evreux à l'égard de Marc-Antoine Jamet — que le seul jugement qui compte à ses yeux « est
celui des électeurs. » Franchement, je ne vois pas pourquoi les Lovériens, par
leur vote, auraient à abonder (ou non) dans le sens du maire. Ce dernier devra
être jugé, politiquement, sur son action, sur ses alliances et sur son
programme. Pas seulement sur ses faux pas.
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