25 janvier 2013

« Martin a déclaré la guerre à Jamet depuis des années ». Le tribunal correctionnel dira-t-il stop ou encore ?

Marc-Antoine Jamet s'est-il roulé sur la moquette ? (photo JCH)
C’est la fin du procès. Le président du tribunal correctionnel d’Evreux lui rabaisse le caquet. Car avec Franck Martin, rien ne nous surprend plus. 
Au lieu de laisser son avocat conclure, l’ancien président de la CASE donne des cours de droit au président du tribunal et l'interrompt. Ce dernier se trouve même contraint de lui demander d’écourter sa répétition monotone et ennuyeuse d’arguments. « J’ai mille raisons de…» tonne le maire de Louviers. « Une seule suffira… » enchaîne le président. Ambiance.

Un procès en diffamation est toujours un moment délicat. Les stratégies des hommes de robe se télescopent sur la forme et le fond. L’avocat de Franck Martin tente l’habituelle faute de procédure…que le président écarte d’un revers de main. Il y aura donc débat.
D’un côté, le plaignant, Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil s’estime diffamé par Franck Martin. Celui-ci l’accuse de refuser systématiquement de signer des permis de construire, de saboter le développement économique de la CASE et de mettre en danger la SODEVIL, une société d’économie mixte dont le capital est détenu à 80 %…par la CASE. Rien que cela. De l’autre côté, Franck Martin, sûr de lui et dominateur, osant cette formule extraordinaire : « Marc-Antoine Jamet refuse de manière arbitraire des permis de construire non encore déposés ! »  
A-t-il bien réfléchi à une déclamation pareille ? Elle rappelle malheureusement les formules provocatrices du personnage.
Résumons ce procès de deux heures d’horloge. Martin a raison sur un point. Il considère que deux visions s’opposent : la sienne et celle de Jamet. Il n’y a pas opposition entre eux sur la vision géographique du territoire de l’agglomération mais il y a plus que des nuances sur les politiques urbanistique, de développement économique, d’habitat entre l’ancien président de la CASE et Marc-Antoine Jamet. Il suffit de comparer les efforts architecturaux et urbains accomplis avec cohérence dans la ville nouvelle à la politique chaotique d’équipements et d’aménagement entreprise à Louviers. 
La qualité contre la quantité. Là se trouve la différence entre les deux hommes. Jamet : rigoureux, ambitieux, exigeant, cassant parfois, avec les hommes de l’art. Martin : épidermique, confus, désordonné, à l’image du mobilier urbain de centre-ville, de l’immeuble Calderon ou du jardin du Manoir de Bigards, pour ne citer qu’eux. 
Que souhaite Marc-Antoine Jamet en intentant ce procès ? Mes Marc François et Patrick Maisonneuve le formulent simplement : le maire de Val-de-Reuil en a assez des attaques personnelles et offensantes délivrées sur les blogs de Martin (1). 
Attaques récurrentes, permanentes qui n’ont rien à voir avec la politique. « Martin a déclaré la guerre à Jamet depuis des années » : alors les noms d’oiseaux succèdent aux qualificatifs infamants. Tantôt c’est le roi MAJ, tantôt c’est le suppôt du capitalisme, tantôt c’est « l’homme qui se roule sur la moquette pour obtenir la visite de François Hollande à Val-de-Reuil. » En fait de système, c’est le système Martin que les avocats mettent en cause même si Martin reconnaît que son blog demeure « confidentiel ».
Les refus de permis de construire systématiques ? Ils sont UN ! Pour une entreprise dont le projet ne répondait pas aux exigences du maire de Val-de-Reuil. « Voilà pourquoi nous sommes ici, indique Me François, pour un permis de construire refusé sur des centaines délivrés ! » 
Le témoignage équilibré de Patrice Yung (2) n’apporte rien au débat. Celui de M. Boutin, directeur général de la SODEVIL, demeure factuel. Me Bourdon, le conseil de Franck Martin, en appelle à la liberté d’expression, à la Cour européenne des droits de l’homme, à la polémique « normale en politique », il cite même Copé ! Pour défendre un homme dit de gauche ? Avocat de la défense, il est sur la défensive. Le combat — il le sait — est difficile. 
Le handicap est lourd à remonter. La conférence de presse tenue la veille par Franck Martin pourrait indisposer le tribunal…« Je ne suis coupable de rien…la politique c’est la guerre …les mots utilisés sont des métaphores qu’il ne faut pas prendre au premier degré… sabotage ? C’est courant…on est dans la querelle politique pas dans l’attaque personnelle… etc.» 
Est-ce crédible ? Est-ce admissible ? Il appartiendra aux trois magistrats de trancher et le 7 mars prochain le tribunal rendra son verdict. Dira-t-il stop ou encore ?
(1) Marc-Antoine Jamet se consolera-t-il de savoir qu'il n'est pas la seule victime de ce blog confidentiel aux dires de Martin ?
(2) Patrice Yung est devenu président de la CASE. Il a été cité par F. Martin.

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