Illustration :
Maurice Boutet de Monvel (1850-1913) – L’Apothéose de la canaille
– Huile sur toile – (430 x 332) – 1885 – Orléans, Musée des Beaux-Arts
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Décidément,
Nicolas Sarkozy et avec lui les gens qui l’entourent sont incorrigibles, grisés
par l’argent et le pouvoir qu’il procure. Il était déjà permis de penser que
commençant son quinquennat en fêtant sa victoire le 6 mai 2007 au Fouquet’s,
l’un des endroits les plus chics et les plus chers de Paris, en compagnie de
ses amis-patrons, Nicolas Sarkozy allait le payer très cher au moment d’être à
nouveau candidat en vue de sa réélection. Quand il s’agit de régler les
comptes, le peuple n’a pas la mémoire courte et il est des plats qui se mangent
froids. Circonstance aggravante, au lieu de faire retraite comme il l’avait
annoncé, et comme chacune et chacun le supposait, dans un monastère, le choix
qu’il fit de partir en croisière sur le yacht de son ami milliardaire Vincent
Bolloré fut désastreux et lui valut dès lors le qualificatif de « président des riches ».
Certains
pouvaient encore croire, puisqu’il s’en était même dernièrement excusé, que ces
deux monumentales erreurs, allaient au moins lui servir de leçon et le pousser
à être plus prudent. Que nenni ! Chassez le naturel, il revient au galop.
C’est donc à l’hôtel de Crillon, place de la Concorde, dans un des plus
prestigieux restaurants de Paris, que le monarque républicain avait choisi de
régaler – aux frais de qui ? – ses plus généreux donateurs, ceux dits du
« Premier cercle », dimanche 15 avril, juste avant de parcourir les
quelques mètres qui le séparaient de la tribune d’où il a tenu ce que nous
sommes très nombreux à espérer être son dernier grand discours.
Que de
similitudes troublantes avec le parcours du roi Louis XV, dit le Bien-Aimé, qui commença son règne
entouré de l’affection de ses sujets et le termina dans la détestation la plus
profonde du peuple à son égard, préparant les esprits à la révolution future.
Époque d’une injustice inouïe, celle du bon plaisir, au mépris du peuple dont
on ignore les souffrances et qui croule sous l’impôt dont sont exemptés les
riches. C’est aussi sous son règne et pour sa gloire que fut créée cette place
appelée alors place Royale, au centre de laquelle trônait la statue équestre du
monarque, détruite à la Révolution. Cette place, aujourd’hui de la Concorde,
choisie par Nicolas Sarkozy pour y parader et y prononcer son premier et son
dernier grand discours de président. Et quelle curieuse idée a-t-il eu durant
son quinquennat de choisir pour résidence secondaire à Versailles, le pavillon
de la Lanterne, d’ordinaire réservé au Premier ministre qu’il a prié d’aller
voir ailleurs... Mais aussi, que de différences ! Entre cette aristocratie
du XVIIIe siècle, brillante, lettrée, cultivée, raffinée jusqu’à
l’extrême préciosité, portant les Lumières, et cette oligarchie qui s’est
choisie pour la représenter cette sorte de moderne Rastignac, arriviste, grossier
personnage, inculte et qui s’en vante, fasciné par le luxe voyant, vulgaire et
tapageur.
Ah, ça ira, ça ira, ça ira
Nicolas Sarkozy à la Lanterne
Ah, ça ira, ça ira, ça ira
Nicolas Sarkozy, on le pendra
De nos
jours c’est heureux, grâce aux lois de la République et à François Mitterrand
qui fit abolir la peine de mort, on ne guillotine plus les monarques,
fussent-ils républicains, destitués, renversés ou remerciés par le suffrage
universel, pas plus qu’on ne les pend. Mais on peut le cas échéant les juger,
et qui sait les jeter en prison lorsqu’ils y sont condamnés au nom du peuple
souverain. Pour combien de temps encore ? Nos institutions sont en si
piteux état qu’il n’est que temps d’en changer.
Reynald
Harlaut
Parti de
Gauche, membre du Front de Gauche
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