Le verdict du premier tour va tomber. A Louviers, François Hollande tient la tête. (photo JCH) |
Avec
28,63 % des voix contre 27,08 % à Sarkozy, le challenger François
Hollande crée le « choc » du premier tour et l’emporte sur le sortant
Sarkozy. C’est un score qui le met en « pôle position » pour le 6
mai. La gauche obtient un total de 43,7 % des voix. Un record, depuis
1988, au premier tour d’une élection présidentielle. Elle peut gagner le 6 mai
si elle s’unit et rassemble.
François
Hollande a tenu une ligne de crête, avec une campagne prudente mais obstinément
calée à gauche. Il a annoncé un Premier ministre socialiste et un gouvernement
de la gauche. François Hollande a cité, pour les associer, dès le 22 avril au
soir, Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly. Il a pris pour cible la finance et écarté
l’austérité ; il a fixé comme objectif des négociations sociales avec les
syndicats sur les retraites et les salaires ; il a appelé à une grande
réforme fiscale ; il a appelé à une nouvelle branche de la sécurité
sociale pour la « dépendance » ; il a défendu un encadrement des
loyers ; il a proposé de rompre avec le système Sarkozy qui a affaibli le
pays. Il a défendu une réorientat ion de l’Europe face au lourd passif de
celle-ci placée dramatiquement sous le joug des néolibéraux.
Bien
sûr, le second tour n’est pas joué, mais on entrevoit la possibilité de
protéger le pays d’un second mandat de Sarkozy qui serait terrible pour tous
les salariés. Sarkozy est un menteur grossier, manipulateur, cynique au service
des 1 % les plus riches. C’est le pire président de la Ve
République, le plus systématiquement antisocial depuis 5 ans. Sarkozy,
annonçant au passage qu’il écraserait les syndicats (son appel à un « très grand rassemblement du vrai travail »
le 1er mai montre même qu’il recherche l’affrontement avec les syndicats sur
leur propre terrain), n’hésiterait sur rien : austérité et chômage
organisés, services publics détruits, droit du travail démantelé. Nous achèverions
de perdre les hôpitaux publics, l’école publique, les services publics, EDF, la
SNCF. Le Smic serait supprimé, la 5e semaine perdue, la RGPP serait
poursuivie et la garantie de l’emploi pour les fonctionnaires s’envolerait…
Le
FN obtient 18 % des voix. Contrairement à ce qui est annoncé par tous les
médias, ce n’est pas une percée inédite mais un retour à la situation de 2002
où le FN avait obtenu 16,86 % des voix et le MNR de Mégret 2,34 %,
soit un total de 19,2 % et donc 1,2 % de plus que Marine Le Pen. Ce
qui explique ce score du FN à 18 %, avec un million de voix de plus, ce
sont à la fois les résultats concrets de la politique antisociale de Sarkozy et
à la fois le développement par ce dernier des thèmes xénophobes et sécuritaire
lepenistes. En multipliant le chômage de masse, en aggravant les précarités,
les inégalités, les frustrations, Sarkozy a attisé les désespoirs, les
rancœurs, les colères et il a tout fait pour les orienter contre les Français d’origine
étrangère, les Roms, les immigrés, les « assistés » plutôt que vers
ses riches amis, banquiers et spéculateurs du Fouquet’s. Le Pen a aussi obtenu
un meilleur score que son père en feignant de « faire du social », de
se préoccuper du chômage, de l’emploi, des salaires.
Si
la gauche peut être majoritaire, elle le doit aussi à la dynamique campagne du
Front de gauche. Même sans obtenir autant que la gauche non socialiste de 2002
et 2007, il atteint un score inespéré (du moins en début de campagne) de
11,13 %. Le candidat « partagé » Mélenchon a su revivifier avec
talent des thèmes essentiels pour les retraites, le droit du travail, le
partage des richesses, la lutte contre la finance et l’austérité. En fait, il a
défendu avec les 35 h, un Smic à 1700 euros, la retraite à 60 ans sans
décote, un salaire maxima à 20 fois le Smic, une sixième République, des mots
d’ordre qui sont largement majoritaires à gauche, y compris massivement parmi
les électeurs de François Hollande. Les deux programmes sont compatibles et
poreux l’un avec l’autre.
L’objectif
c’était, c’est de battre Sarkozy car c’est bien celui-ci qui alimente le Front
national. Sarkozy a non seulement gonflé sciemment le FN, repris ses thèmes,
mais il est capable de s’allier avec lui dès qu’il pourra. UMP et FN, sont
bonnet blanc, bonnet bi, et vases communicants. Mais l’ennemi n° 1 reste
évidemment Sarkozy, celui qui gouverne, qui répand concrètement le mal depuis 5
ans.
Faire
reculer le FN, ce n’est pas une affaire de discours, il faut pouvoir
effectivement mettre en œuvre une politique concrète qui rompe avec celle de
l’UMP et commence à changer la vie réelle des millions de salariés qui
souffrent de chômage et de misère.
Le
1er mai, tous ensemble dans la rue avec nos syndicats. Le 6 mai, il faut une
large unité, une dynamique autour de François Hollande pour conforter l’avance
du 1er tour. Il ne faut ni mégoter les efforts, ni cultiver une quelconque
acrimonie. L’heure n’est pas à mettre des conditions, encore moins des
préalables. Alors au boulot ! On vote tous Hollande !
Les
questions de programme social encore en suspens reviendront inéluctablement sur
le devant de la scène pour les législatives, pour la constitution du
gouvernement, pour les négociations prévues avec les syndicats. Tout commence
le 7 mai et le 18 juin… si la gauche gagne. Rien de grand dans ce pays ne s’est
fait sans unité de toute la gauche. Il faudra alors un gouvernement de toute la
gauche, Hollande, Mélenchon, Joly…il faudra aussi une mobilisation sociale de
tous les syndicats. Avant et après.
(Communiqué de Démocratie et socialisme)
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