Ancien président d’Emmaüs France, Martin Hirsch, ancien Haut-commissaire
aux solidarités actives contre la pauvreté dans le gouvernement de François
Fillon, apparaît encore aujourd’hui comme une personnalité jouissant d’un
crédit indiscutable dans l’opinion. C’est du moins ce que nous pensions de lui
pour l’avoir encore entendu récemment porter la bonne parole à la radio.
Même si sa proximité avec la majorité au pouvoir n’a pas
manqué d’interpeller un certain nombre de gens de gauche dont nous sommes.
Pourtant, nous avons manqué de vigilance. Sa nomination le
14 mai 2010 à la tête de l’Agence du service civique, organisme dépendant de
l’État créé seulement deux jours auparavant, avec la modeste rémunération
d’environ 9.200 € par mois, avait de quoi laisser songeur. Il n’a jamais
démenti, à notre connaissance, qu’il s’abstenait de la percevoir. Du sur
mesure… taillé aux frais du contribuable. Du sarkozysme pur sucre. Cela aurait
dû nous ouvrir les yeux. À moins qu’avec le temps, nous ayons oublié.
Or, au détour d’une information révélée par Marc Laimé (1)
sur un potentiel conflit d’intérêts s’étant fait jour au sein de la commission
des aides à l’Agence de l’eau Seine-Normandie, qu’apprend-on ? On
découvre que M. Martin Hirsch, jusqu’à présent considéré comme une haute
autorité morale, sensible aux conflits d’intérêts, n’est guère disponible ces
temps-ci pour s’occuper de ce genre de problème. C’est qu’il participe depuis
le début de cette année à une caravane publicitaire du groupe Suez-Lyonnaise
des Eaux qui sillonne la France afin d’aller porter la bonne parole aux élus en
matière de « nouveaux contrats », et se faire en quelque sorte par la
même occasion le garant de « la transparence et l’éthique » du
groupe. Excusez du peu ! M. Hirsch aurait-t-il avant cela démissionné de
l’Agence du service civique ? Rien n’est moins sûr ! Ou bien le site Internet officiel de cette agence ne serait-il pas régulièrement mis à jour ?
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(photo JCH |
Tout laisse à supposer cependant que M. Martin Hirsch
n’accomplit pas ce pèlerinage aux sources et à travers la France pour prêcher
la bonne parole, comme un sacerdoce, sous le sceau du bénévolat, pour le compte
d’un groupe privé tel que celui-là. Selon l’expression consacrée, « Faudrait
pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages ! »
Y a-t-il donc encore à ce jour dans notre beau pays des
gens à qui l’on puisse faire vraiment confiance ? Là est toute la
question. Mais force est de constater que, pour le retour de l’eau en régie
publique, face à ces multinationales que sont Véolia, Suez-Lyonnaise des Eaux
et SAUR, les trois principales, la tâche est immense. Quand on découvre les
procédés qu’elles utilisent pour manipuler les clients acquis ou à conquérir en
achetant la notoriété, l’exemple moral, le talent, l’entregent de personnalités
(2) venant de tous milieux : scientifique, éducatif, artistique,
associatif, politique, etc., en institutionnalisant de la sorte la corruption,
on se dit qu’elles n’ont rien appris des derniers scandales dont elles étaient
responsables. Que les fameux PPP (partenariats public-privé) sont à revoir
entièrement sinon à proscrire. Qu’enfin le combat est de tous les instants et
qu’il ne faut surtout rien lâcher.
Reynald Harlaut
(1) Marc Laimé est journaliste, spécialiste
de la question de l’eau.
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