« On connaissait chez Nicolas Sarkozy cette
propension à cultiver le mépris des autres qui est sa façon de leur signifier
que c’est lui, et lui seul, qui dispose du pouvoir. Il n’est pas de semaine où le
Canard enchaîné ne rapporte une circonstance où il s’est comporté de manière
odieuse avec son entourage, qu’il s’agisse de ses plus proches collaborateurs
ou de ses ministres, voire même avec des chefs d’État étrangers. C’est là l’aboutissement
le plus détestable de notre monarchie républicaine, qui rend urgente une VIème
République rompant avec cette caricature de démocratie.
Deux heures plus tard, la ministre de l’Écologie,
du Développement durable, des Transports et du Logement et Thierry Mariani, son
sous-ministre en charge des Transports, étaient publiquement désavoués par le
président de la République qui sortait, tel le magicien le lapin de son
chapeau, la solution miracle : celle-là même dont il venait de nous être démontré
deux heures auparavant qu’elle était impossible à réaliser. Suprême humiliation
pour ces deux inconditionnels de Nicolas Sarkozy ainsi démentis et ridiculisés
de la pire manière qui soit.
Pourquoi donc cette volte-face du locataire de l’Élysée ?
On sait pourtant l’aversion viscérale de la droite en général et du patronat en
particulier pour tout ce qui ressemble de près ou de loin à un système coopératif
où les salariés seraient propriétaires de leur entreprise. C’est pour eux la
hantise absolue. Mais, pour la première fois depuis fort longtemps, l’idéologie
libérale du pouvoir en place n’aura pas résisté à la réalité qui s’annonçait catastrophique
en termes électoraux en cas de fermeture définitive de l’entreprise. Le président
s’est souvenu de l’image désastreuse qu’avait donnée avant lui Lionel Jospin
pendant sa campagne de 2002, impuissant à la fermeture de l’usine Lu à Évry. Il
a vu là l’occasion de reprendre la main au bon moment et, avec le sens
politique qu’on lui connaît, s’en est aussitôt saisi. Pour ceux d’entre nous
qui en douteraient encore, Nicolas Sarkozy est prêt à tout pour conserver le
pouvoir. Je dis bien tout et je pèse mes mots. Il suffit pour cela de se
souvenir de la manière dont il a embarqué l’an passé la France dans la guerre
en Libye dans le seul espoir de faire remonter sa popularité. Nous ne sommes
probablement qu’au début de nos surprises.
Quant aux représentants syndicaux de SeaFrance,
totalement abasourdis par la nouvelle, ils ont raison de se méfier. Cet homme est
sans aucun scrupule, et le plus brillant spécialiste de l’enfumage et des coups
tordus de sa génération. Il n’est pas arrivé jusque là par hasard. Et l’on sait
désormais ce que valent ses promesses. La plus extrême vigilance reste par conséquent
de mise.
Reynald
Harlaut
Je souhaite à toutes et à
tous les lectrices et lecteurs de ce blog, une belle année 2012.
NDLR : J’y joins évidemment mes vœux. (JCH)
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