14 novembre 2011

Marc-Antoine Jamet : François Loncle a le droit d'être encore candidat

François Loncle a 70 ans, Laurent Fabius 65, Marc Antoine Jamet est plus jeune qu'eux. (photo JCH)
Communiqué de Marc-Antoine Jamet, à lire entre les lignes :
La récente proposition faite par Arnaud Montebourg de réserver les candidatures, pour les législatives et en ce qui concerne les socialistes, aux moins de 68 ans concerne très directement les habitants de la quatrième circonscription de l'Eure. Leur député sortant, âgé de 70 ans, fait en effet partie de la petite quinzaine de parlementaires visés par l'appel de celui qui fût au nom de la démondialisation candidat aux dernières primaires.

Il est exact que, s'il devait, à nouveau, se représenter à la désignation des militants du Parti socialiste, s'il devait être choisi par ceux-ci, s'il devait être élu au terme de ce processus en juin prochain, François Loncle aurait 75 ans à la fin d'un éventuel septième mandat. Ainsi se poursuivrait une carrière amorcée, voici plus de trente ans, aux élections de 1978, débutée par une première victoire en 1981, conduite sous différentes étiquettes, brièvement interrompue par une défaite en 1993.



Quand bien même pourrais-je en être, parmi d'autres, le bénéficiaire et malgré mon amitié très ancienne pour le député de Frangy-en-Bresse, je ne peux accepter cette proposition tant elle est contraire à mes convictions et va dans le sens de la facilité de pensée ambiante.

Tout d'abord, parce que dans une démocratie, il y doit y avoir une étroite correspondance entre ceux qui sont électeurs et ceux qui sont élus, si on souhaite que l'harmonie se fasse entre le corps électoral et ses représentants. A la lumière de ce principe, on ne saurait exclure des candidatures 25% des personnes inscrites sur les listes électorales au prétexte qu'elles ont quelques cheveux blancs.

Ensuite parce que nos députés me paraissent refléter déjà assez guère à l'image de la société française, comptant dans leurs rangs trop peu de femmes, de professions libérales, d'ouvriers, de cadres supérieurs, de citoyens issus de la diversité au profit des seuls professionnels de la politique ou des permanents des partis. Ce n'est pas la peine d'en exclure une nouvelle catégorie. La République se construit par des additions. Pas par des soustractions.

A l'heure où l'on cherche à intégrer du mieux que l’on peut les personnes âgées, où l'âge de la retraite recule, la technique du cocotier qui consiste à secouer très fort l'arbre de la société pour en faire tomber les plus vieux et les remplacer par des plus jeunes, me paraît également particulièrement inique. Qui plus est, on est toujours -le temps passant pour chacun- le plus vieux de quelqu'un et on peut avoir besoin de l'expérience, de la sagesse, du savoir de ceux qui ont vécu trois quarts de siècle à condition qu'ils l'aient un tant soit peu marqué.

Enfin, quelle que soit la date de naissance de l'impétrant, c'est sur son travail et ses capacités qu'il faut le juger. S'il est sortant, le baromètre est simple. Au Palais-Bourbon, le nombre de textes déposés, signés, adoptés, le nombre d'amendements et d'interventions effectués. Localement, la présence sur le terrain pour faire progresser les vrais dossiers, pas uniquement pour assister aux banquets des anciens ou couper des rubans, et organiser un territoire politiquement -c'est aussi cela la responsabilité de celui qui est porté à l'Assemblée et l'exemplarité exigée d'un parlementaire-  pour arbitrer, réguler, éviter les conflits entre les uns et les autres, non en fonction de stratégies obscures qui conduirait à les attiser, mais en fonction de la justice et de l'intérêt général. S'il est nouveau, l'actualité est suffisamment pesante en ce moment pour qu'il ne soit point nécessaire de rappeler qu'il devra relever des défis économiques, financiers et industriels qui ne sont plus les mêmes que voici une ou deux décennies et qui nécessitent de fortes compétences, une grande énergie, un courage certain.

Au vu de ces critères simples, il n'est pas nécessaire de leur ajouter un couperet supplémentaire, systématique et autoritaire. C'est pourquoi il n'y a pas plus de raison d'interdire à François Loncle de se présenter aux prochaines élections que de lui retirer son permis de conduire, s'il est en bonne santé ce qui est fort heureusement le cas.






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