9 novembre 2011

La langue de Baroin n'a pas fourché, la droite seule se croit légitime

Je refuse de mettre sur le compte de la fatigue la saillie de François Baroin, hier, à l'Assemblée nationale lors des questions au gouvernement. Je refuse de croire qu'il s'agit d'un dérapage, d'une faute verbale. Interrogé par M. Muet (PS) qui mettait en cause le plan d'austérité proposé par le gouvernement, François Baroin a parlé de «l'effraction» commise en 1997 qui permit à la gauche d'être majoritaire  au Palais Bourbon — suite à la dissolution proposée par Jacques Chirac — et à Lionel Jospin de devenir premier ministre de cohabitation.


Les salariés ne doivent pas se laisser faire (photo JCH)
Je refuse ces faibles arguments et je ne demanderais aucunes excuses à Baroin comme l'a fait Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste. Baroin a livré là le fond de la pensée de la droite. Il a dit tout haut ce que la droite pense vraiment. Cette droite française considère, depuis toujours, qu'elle seule détient la légitimité du pouvoir. Depuis toujours, elle classe la gauche au rang des manants qui arrivent au pouvoir soit pour une expérience, soit par accident, soit par effraction. Quand la gauche gagne les élections, c'est un délit voire un crime. Elle vole le pouvoir. Elle vole le peuple. La droite seule sait, peut, doit gouverner.
On connaît la brutalité et la violence d'un Sarkozy. Baroin emprunte le même chemin. Et les autres suivront. Les Copé, Morano, Bertrand, Jacob…tous et toutes ont reçu des consignes : il faut cogner sur le PS et sur Hollande. La campagne électorale est à peine commencée et elle s'annonce aussi brutale et violente que Sarkozy l'exige. La déclaration de Baroin va avoir des conséquences. Elle oblige le Parti socialiste et François Hollande à changer de braquet. Le candidat désigné aux primaires doit rejeter toute diète médiatique. Chaque jour, du matin au soir, il doit être en campagne et marquer Sarkozy à la culotte. Il ne doit rien laisser passer, rendre coup pour coup. Je peux comprendre qu'il soit prudent sur ses propositions de candidat mais le nouveau plan de rigueur oblige Hollande à rapidement communiquer ses contre-propositions sur la dette, les déficits, l'austérité. Il doit dire en quoi un gouvernement de gauche agirait différemment. Il doit dire en quoi la droite cogne sur les modestes, les ménages, les consommateurs. En quoi la droite est responsable du creusement des déficits et de l'accroissement des inégalités. Que vaut l'obsession du triple A, d'une élection ou d'une réélection si c'est pour accroître le malheur des Français ?

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