« Surréaliste est le titre du Figaro du 5 octobre ! Vous
avez bien lu « La banque Dexia
victime de la crise de l’euro ». Victime : c'est-à-dire qu’elle
subit les conséquences d’un accident ou d’un préjudice. Et forcément, derrière
ce mot victime, il y a le non dit : la victime innocente.
Décidément, le Figaro est expert en matière de
manipulation. Car si la banque franco-belge Dexia se retrouve aujourd’hui en si
fâcheuse posture, il faut en fournir les raisons. Toutes les raisons. La banque
Dexia fait partie de ces banques françaises et européennes qui, jusqu’à la
crise des subprimes – ces emprunts
pourris américains – de 2008, ont joué au casino de la finance internationale.
Et ont perdu. Mais elles n’ont pas perdu seules. Car ces emprunts toxiques
titrisés, elles se sont chargées de les disséminer auprès de leur clientèle. Et
aussi de leur proposer des prêts à des taux alléchants indexés sur des valeurs
exotiques comme le franc suisse, le yen ou des formules incompréhensibles, mais
toujours spéculatives. La banque Dexia, un des principaux bailleurs de fonds
des collectivités a mis nombre de communes dans des situations intenables. Grâce
soit rendue à Michel Doucet, alors adjoint aux finances de Louviers, dont la
clairvoyance permit de déjouer le piège ainsi tendu.
En Europe, Dexia a été un des acteurs majeurs responsables
de la propagation de la crise américaine au reste du monde. Ce qui lui a une
première fois valu le soutien des États afin qu’elle n’entraîne pas ses clients
dans sa chute. Mais Dexia a menti en sous-estimant largement le montant de ses
créances pourries. Elle a alors tenté de se refaire une santé en vendant ses
actifs. Sans succès car la crise de 2008 a provoqué leur dévaluation qui s’est encore
accélérée avec la crise de l’euro et des dettes souveraines.
Dexia paie donc aujourd’hui les conséquences de ses
imprudences, de son aveuglement et de sa rapacité. Paie donc… C’est vite dit.
Car il semble bien que son démantèlement va s’opérer avec le secours des
pouvoirs publics : Caisse des Dépôts et Banque postale pour la France. C’est-à-dire
qu’en dernier ressort, ce sont les contribuables qui épongeront la dette. Comme
ce fut déjà le cas lors de la faillite du Crédit Lyonnais.
Privatiser les profits et socialiser les pertes. La formule
fonctionne encore parfaitement et il semble même que cela ne fasse pas réellement
réagir les peuples qu’on enfume avec des titres d’articles comme celui du
Figaro. Jusqu’à quand vont-ils accepter de payer pour les erreurs et les fautes
inexcusables des banquiers ? À peine remis en selle, ils ont repris leurs
errements comme auparavant, se goinfrant de nouveau au passage de dividendes. À
ce jour, mais hors de l’Europe, seuls les Islandais ont dit non… Et ne s’en portent
pas plus mal. Mais Chut ! Ne le répétez pas. Il ne manquerait plus qu’ils
fassent des émules. »
Reynald Harlaut
Front de Gauche
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