Augmenter la facture d’eau et les impôts
Qui va payer? Pour répondre à cette question stratégique, les entreprises de canalisations ont laissé répondre un député invité à la présentation du rapport. André Flajolet, vice président du Conseil national de l’eau et député UMP du Pas-de-Calais : « Les contribuables et les usagers de l’eau devront être sollicités, de façon raisonnable. » Une solution simple et efficace. Mais, curieusement, ce député, reconnu pour son expertise du secteur et des entreprises de l’eau, ainsi que les canalisateurs, ont oublié que les consommateurs avaient déjà payé, depuis des années, une partie de la facture.
Le magot des provisions pour renouvellement
Jean-Luc Touly |
* « Multinationales de l’eau, les vérités inavouables », Ed. Fayard.
« Un parfum de scandale sur ces tuyaux », Jean-Luc Touly, membre du Comité national de l’eau. Propos recueillis par E.G. | 07.07.2011, 07h00. Ce salarié de Veolia, trublion du secteur, a animé plus de 1 000 débats dans toute la France pour alerter sur les problèmes de l’eau. Notamment à Val-de-Reuil à l'invitation de l'association pour la protection de l'environnement.
Le réseau d’eau est dans un état catastrophique. C’est une surprise?
JEAN-LUC TOULY. Non, les entreprises privées n’ont pas entretenu a minima ces canalisations et ne les ont pas renouvelées à temps. Les canalisations ont une durée de vie de cinquante à cent ans et on les change au bout de cent cinquante ans. Il y a un parfum de scandale sur ces tuyaux, que je dénonce depuis des années.
Le député André Flajolet réclame une augmentation de la facture de l’eau et des impôts, le député, je le connais, je siège aussi au Comité national de l’eau. Il avait déjà fait cette proposition. Soyons sérieux, cet élu de la République a la mémoire qui flanche. Si tout le monde s’accorde sur la gravité de la situation, il faudrait déjà que les grandes entreprises de l’eau rétrocèdent jusqu’au dernier centime les milliards versés pendant des années par les usagers. On le sait, une partie de cet argent n’a jamais servi aux travaux. Heureusement, la loi de décembre 2006 a changé les règles du jeu et oblige les sociétés privées à reverser le surplus des sommes non utilisées.
Pourquoi les canalisateurs ont des trous de mémoire sur cette affaire de provisions?
Ils sont parfaitement au courant, mais ce qu’ils veulent, c’est faire du chiffre d’affaires. Ils ne vont pas se mettre à dos les distributeurs, avec qui ils ont des intérêts croisés. C’est facile de demander aux citoyens de payer la note. Note qu’on va leur resservir une deuxième fois. (Le Parisien)
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