16 juillet 2011

Attaquer Eva Joly sur sa binationalité n'est pas très joli-joli

La charge de François Fillon contre Eva Joly est purement tactique. Nous entrons en période électorale et Eva Joly vient de triompher dans la primaire des Verts Europe Écologie. Elle possède dorénavant la légitimité d'une candidature destinée à faire émerger l'écologie politique dans le paysage, elle pourra prendre des voix à droite. Peut-on dire que sa sortie sur le défilé militaire du 14 juillet est une erreur de « jeunesse », la preuve d'une certaine naïveté ? Que propose Eva Joly : de remplacer le 14 juillet militariste pour en faire un 14 juillet populaire et républicain. Bien sûr, ce serait remettre en cause un rite, une tradition…et Ségolène Royal s'est dépêchée de critiquer la future alliée du PS tout en attaquant le gouvernement. Mais franchement, sans être antimilitariste, n'a-t-on pas le droit, en France, de faire des propositions iconoclastes ?

Que François Fillon profite de cette occasion pour remettre en cause la francité d'Eva Joly est tout à fait déplacé, voire scandaleux. Elle a raison d'affirmer qu'elle ne descend pas de son Drakkar et qu'elle vit en France depuis plus de 50 ans ! Elle est française et norvégienne, norvégienne et française. Et Alors, la femme de fillon est galloise et française et Carla Bruni-Sarkozy, française et italienne. Remettre en cause l'appartenance d'Eva Joly à la nation n'est pas très joli-joli. On voit bien l'objectif de cette manipulation de l'opinion : aller pêcher les voix du Front national et rassurer les députés UMP de la droite populaire qui exigent la suppression de la binationalité.

Après la mort des six soldats français en Afghanistan, certains commentateurs ont jugé déplacée la proposition de la candidate écologiste. Ces soldats ont été les victimes des « insurgés » Talibans mais aussi d'un certain aveuglement du gouvernement français. Les soldats de notre pays sont là-bas depuis 10 ans ! La lutte contre le terrorisme, prétexte de cette guerre, ne finira pas à Kaboul ni dans la plaine de la Kapisa. La France compte 70 morts à ce jour et François Loncle a bien expliqué, ici, pourquoi il fallait se retirer de l'Afghanistan. Cette guerre est née de la volonté de G. Bush de vaincre Al Qaïda dont les chefs étaient réfugiés dans les zones tribales à la frontière pakistano-afgane et les alliés ainsi que les 4000 soldats français chargés de sécuriser une zone à risques n'y parviennent toujours pas. Oussama Ben Laden est mort, l'un des objectifs américains a été atteint et Barack Obama envisage sérieusement de retirer ses troupes d'ici 2014. Alors, qu'attend la France pour rappeler ses militaires en danger permanent. Après la Côte d'Ivoire, l'Afghanistan et la Libye (comment va-t-on en sortir ?) les militaires français aspirent à la paix. Le 14 juillet aurait été le bon moment pour souligner cet espoir.

Aucun commentaire: