14 juin 2011

L’espoir que nous apportent les Italiens


C’est une véritable raclée qu’ont infligée ce week-end les Italiennes et les Italiens à leur premier ministre Silvio Berlusconi. On voyait bien qu’après sa déroute aux élections municipales et la perte de Milan, son fief, il n’avait plus la faveur des citoyennes et citoyens italiens. Mais de là à imaginer un tel échec !

Il faut d’abord rappeler en quelques mots la situation. Le peuple italien souhaitait être consulté par référendum sur plusieurs sujets. En Italie, pour qu’un référendum d’initiative populaire soit validé, il faut selon la constitution, une participation au moins égale à 50% du corps électoral. En raison de la montée de l’abstention lors des dernières consultations, Silvio Berlusconi n’imaginait pas qu’elle puisse atteindre ce chiffre. Et pour s’en assurer – la chose paraît en démocratie proprement effarante –, il a fait campagne pour encourager les électrices et les électeurs à ne pas se rendre aux urnes ! Et sentant son électorat se dérober, le Cavaliere a tenté de rétablir la situation à son avantage.

Un référendum qui certes ressemblait quelque peu à un inventaire à la Prévert. Il s’agissait de revenir sur des lois, mêlant à des convenances personnelles comme la garantie de son immunité judiciaire, des sujets de société comme le retour de l’électronucléaire et le recours à la privatisation de l’eau dans le pays.

En y participant à 57% du corps électoral et en refusant à plus de 90% toutes les propositions que défendait le chef du gouvernement italien, les citoyennes et les citoyens italiens ont sifflé la fin de la partie pour ce grand ami de Nicolas Sarkozy, l’invitant bruyamment dans les rues à « rentrer à la maison ». En Italie aussi, c’est la révolution citoyenne qui se met en marche.

La mobilisation des réseaux sociaux a joué à plein son rôle et la jeunesse italienne s’est tout particulièrement mobilisée. Bien sûr, on m’objectera que plus qu’un rejet du nucléaire et de la privatisation de l’eau, c’est le rejet de Berlusconi lui-même qui a été majoritaire, et qu’une fois de plus comme souvent dans un référendum, le peuple ne répond pas à la question posée. Mais puisque Silvio Berlusconi a manipulé l’idée initiale de cette consultation pour en faire un plébiscite, il est heureux que le peuple italien ne se soit pas laissé prendre au piège et ait réagi de la sorte.

Pour ma part, je ne bouderai pas mon plaisir de voir le lobby électronucléaire et celui des multinationales de l’eau boutés hors d’Italie. C’est un revers pour Areva, Suez-Lyonnaise des Eaux et Veolia. Nous qui combattons plus particulièrement ces deux dernières au sein de l’Association pour l’amélioration du Cadre de vie et de l’environnement, pour le retour de l’eau dans l’Agglomération Seine-Eure en régie publique, ne pouvons que nous en réjouir.

Reynald Harlaut


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