5 juin 2011

Les Français majoritairement favorables à une sortie progressive du nucléaire

Selon un sondage de l'Ifop publié dans le Journal du dimanche daté du 5 juin, plus de six Français sur dix (62 %) expriment leur préférence pour un arrêt progressif "sur 25 ou 30 ans" du programme nucléaire hexagonal et de ses centrales. Selon cette enquête, 15 % se prononcent pour un arrêt rapide du programme nucléaire français et 22 % sont au contraire favorables à sa poursuite et à la construction de nouvelles centrales. Une majorité de sondés, 55 %, ne ressent pas d'inquiétude à l'égard des centrales nucléaires françaises, contre 45 % qui se disent préoccupés. Ce sondage a été réalisé après la décision de l'Allemagne d'abandonner l'énergie nucléaire dès 2022.

Je me méfie des sondages comme j'ai une peur bleue des referendums. Les résultats des sondages dépendent souvent des questions posées, du contexte émotionnel dans lequel ils sont réalisés et des marges d'erreur des différents instituts ainsi que des redressements opérés. Quant au referendum, il s'agit d'un exercice antidémocratique de fausse démocratie directe. Chacun sait qu'on ne répond pas à la question mais à celui ou celle qui la pose et je n'en finis pas de regretter d'avoir dit NON au général de Gaulle quand il voulait supprimer le sénat où la représentation des ruraux domine celle des urbains depuis des décennies et fausse la démocratie puisque cette assemblée vote aussi la loi !

Revenons au sondage sur le nucléaire. Evidemment, la catastrophe de Fukushima succédant à celle de Tchernobyl nous incite, tous et toutes, à regarder le problème du nucléaire avec plus d'attention et une prudence de siou. Un ami me disait, récemment, qu'avec le principe de précaution, il n'y aurait ni voiture ni avion puisqu'on déplore des accidents. Le nucléaire soulève bien des questions : environnementales, économiques, scientifiques…et sécuritaires. Le drame de Fukushima démontre que les experts les plus avertis n'avaient pris en compte la possibilité d'un tsunami exceptionnel. Par définition, l'exceptionnel surprend et nous incite donc à beaucoup de modestie.

Le sondage du journal du Dimanche indique que les Français(e)s sont conscients des difficultés et de l'incertitude liée à une technologie dont tout démontre qu'on ne la maîtrise pas totalement. Ils savent que l'Etat, EDF, Areva, ont partie liée pour défendre un choix opéré dans les années soixante et répondant à une logique centralisatrice bien en osmose avec la pensée gaulliste dominante à l'époque. Finalement, les centrales nucléaires sont la conséquence logique de la dissuasion nucléaire. On utilise le même argument : l'indépendance ! Celle de la nation et celle des énergies. Le monde globalisé dans lequel nous évoluons doit tout de même nous inciter à réviser notre manière de voir le monde et d'assumer une responsabilité collective plus large que celle du seul hexagone. Je l'avoue, ce sondage dominical me fait plaisir.

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