5 décembre 2010

Les textes censurés par le maire de Louviers : rien d'injurieux, rien de diffamatoire là-dedans

Lors du rassemblement qui précéda la séance du conseil municipal. (photo JCH)

Le maire a refusé de publier dans le dernier journal municipal les textes rédigés par les conseillers municipaux d'opposition, Philippe Thouement du NPA, d'une part et Christian Renoncourt, Nathalie Bellevin et Claudine Duteuil (PS-PC) d'autre part. Ces textes méritent qu'on les examine à la loupe. Ils ne contiennent ni injures, ni diffamations. C'est si vrai que j'ai décidé de les rendre publics. Les lecteurs de ce blog sauront ainsi pourquoi l'écrêté de la rue au Coq s'est pris de bec avec l'opposition.

Le texte de Philippe Thouement : « Nous sommes d’accord avec le maire quand il dit que finalement c’est simple de savoir pour qui voter. Il suffit de se souvenir. En ce qui nous concerne, la mémoire est vive. Si on a soutenu, dès 1995, la politique d’équipement et d’embellissement de la ville, on a vite tiré la sonnette d’alarme quand le grandiose est arrivé. Nous n’avons cessé de répéter que Louviers était une petite ville qui n’avait pas les moyens de certains projets (maison de l’emploi à 17 millions d’euros, musée d’art contemporain dans la halle Wonder, verrière coûteuse pour la future école de musique, résidences d’artistes à la villa Calderon…). Qui a oublié le budget communication du maire digne d’un grand personnage? Qui a oublié le budget «fêtes et cérémonies» exorbitant? On se souvient tous du tralala, en mai 2006, où une fête démesurée fut organisée: cela fait d’ailleurs plus d’un an que le NPA a demandé la facture et attend toujours. On n’oubliera pas non plus que le maire et son équipe s’accrochent à Véolia pour gérer l’eau, les déchets et les transports de la CASE, le chauffage à Louviers. Et pourtant, par un travail opiniâtre, des associations, des syndicalistes, des partis différents ont mis en évidence la surfacturation et les négligences des grands groupes.

On se souviendra aussi des dépenses disproportionnées comme le million d’euros pour le jardin de la villa Calderon, de l’augmentation des tarifs municipaux à la médiathèque, dans les garderies des écoles qui a provoqué le départ de bon nombre d’enfants. Or pour certaines familles, c’était le moyen de les faire garder tout en leur assurant une aide aux devoirs. On se rappellera que le contrat trop cher avec Scène Nationale empêche de mener une politique culturelle qui s’adresse à tous les publics.
On gardera en mémoire les propos glorifiant l’entreprise privée et méprisant les fonctionnaires, les déclarations sur les licenciés de Tyco ou Henkel disant qu’ils n’ont pas à se plaindre parce qu’ils ont reçu «de bonnes indemnités». Quelle indécence venant de quelqu’un qui touche plus de 8000 euros par mois!

On ne peut que se rappeler les propos méprisants du maire à notre égard, railleries et insultes. Enfin, on n’a pas oublié que la maire a traité Gérard Prévost de «salaud», en plein conseil, en décembre 2004, janvier et février 2005. Tout comme nous n’oublierons pas les mensonges, insultes et autres comportements injurieux du maire dès qu’il rencontre une opposition qui résiste à ses agissements comme ce fut encore le cas au dernier conseil. Alors, oui, c’est facile de savoir pour qui voter et de choisir la gauche qui se bat. »

Philippe Thouément
Conseiller municipal NPA



Le texte de Christian Renoncourt, Nathalie Bellevin et Claudine Duteuil : « À Louviers la bataille de l’eau est menée par l’Association pour l’amélioration du Cadre de vie et de l’Environnement. Cette association regroupe tous les partis politiques de gauche : NPA, PC, PG, PS, ainsi que des personnes de la société civile n’appartenant à aucun parti qui se retrouvent dans l’action.

La récente séance du conseil municipal était l’occasion pour l’association de faire entendre sa voix face à un maire-président d’agglomération fermé à tout débat sur ce sujet. A plusieurs reprises, il a publiquement pris la défense de la société Veolia, bénéficiaire de la totalité des services délégués : eau, assainissement, traitement des déchets, transports, etc.

Pour donner de la résonance à son action (pour un retour en régie publique) l’association avait organisé une manifestation très pacifique. Ses membres et sympathisants faisaient à l’entrée de la salle du conseil, une haie d’honneur aux élus, tenant dans chaque main une bouteille d’eau munie d’étiquettes sur lesquelles on pouvait lire : « Ma facture d’eau est imbuvable », « L’eau n’est pas une marchandise », etc.

Ceci eut pour effet de mettre de fort méchante humeur l’édile PRG qui s’en prit tout au long de la séance avec arrogance aux conseillers municipaux de l’opposition de droite et de gauche. Le maire a cherché délibérément l’affrontement et l’incident. Le public en réponse à ses agressions verbales, ne se priva pas d’applaudir plusieurs interventions de ses opposants. Public condamné au silence qui ne put cependant se retenir de protester contre la provocation du maire lorsque celui-ci fit, en sa direction, un bras d’honneur. Dès le lendemain, le maire faisait porter plainte par plusieurs de ses conseillères municipales pour de soi-disant injures sexistes que des personnes du public auraient proférées à leur encontre.

Le problème est que parmi le public présent, personne n’a entendu ces injures et que personne ne reconnaît en avoir proféré. Si tel avait été le cas, la question est de savoir pourquoi le maire n’a, à aucun moment, demandé la suspension de la séance et encore moins l’évacuation du public comme la loi l’y autorise. Aussitôt après, le maire a fait disparaître du site officiel de la mairie l’enregistrement vidéo de la séance pour empêcher que les citoyens se fassent une idée plus précise du caractère de la manipulation. Nous condamnons ce comportement. Un maire responsable joue l’apaisement et la confrontation pacifique des idées et des propositions. Il doit faire vivre la démocratie et ne pas attiser la discorde. »

Christian Renoncourt, Claudine Duteuil et Nathalie Bellevin, conseillers PS-PC

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