La réunion sur le prix de l'eau dans l'Eure organisée par le conseil général, hier soir, a suscité un intérêt évident. De nombreux élus et responsables de syndicats d'eau ou délégués de communautés de communes ou d'agglomérations étaient présents dans la salle de conférence du Département.
Dans son exposé liminaire, Jean-Louis Destans, président, rappelle les deux axes prioritaires de l'action du conseil général en concertation avec l'Agence de l'eau Seine-Normandie : soutien financier aux rénovations-constructions de stations d'épuration modernes et performantes, aide aux investissements destinés à protéger la ressource. « Mais nous avons décidé, déclare-t-il, de ne plus subventionner les renouvellements de canalisations. » Les sommes inscrites au budget 2011 seront donc équivalentes à celles de 2010 soit 9,8 millions d'euros.
Dans son exposé, JL Destans insiste sur un point. Jusqu'à une date récente, la DDE (1) de l'Etat se voyait attribuer la maîtrise d'ouvrage déléguée de certains investissements comme ceux des routes par exemple. La disparition des DDE oblige la collectivité à se tourner vers les cabinets privés qui, étant payés en pourcentage sur le montant des travaux, cèdent à une certaine facilité inflationniste. Le Département s'interroge sur l'intérêt de créer une régie d'ingénierie publique lui permettant de retrouver un contrôle et des marges de manœuvres. Tout dépendra évidemment, du sort réservé à la compétence générale du conseil général, mise à mal par le projet de réforme territoriale du gouvernement actuel. Et du sort dudit gouvernement !
Je l'avoue, cette interrogation de Jean-Louis Destans rejoint l'une des problématiques de notre association favorable au retour en régie publique des services publics délégués. D'ailleurs Daniel Leho, vice-président du conseil général et président d'un important syndicat d'eau, a anticipé ce besoin en favorisant la création d'une régie d'ingénierie à bons de commandes qui permet aux élus d'exercer un contrôle permanent sur les travaux d'investissement d'une part et sur les interventions ponctuelles (fuites par exemple) des sociétés privées sollicitées d'autre part.
C'est ce que Franck Martin a appelé de l'escroquerie intellectuelle lors de la dernière séance du conseil municipal ! Comme l'a indiqué Daniel Leho « on dit de vilaines choses sur moi » mais depuis que son syndicat a opté pour ce mode de gestion, le rendement a été amélioré, la recherche des fuites systématiquement engagée, et le prix de l'eau a baissé dans certaines communes : « nous avons fait le choix de conserver les marges pour investir. »
Marcel Larmanou, maire de Gisors a été lui aussi on ne peut plus clair : depuis que sa ville est revenue en régie publique après un audit réalisé par un cabinet indépendant, le prix du mètre-cube d'eau assaini a baissé d'un euro ! Ce qui n'est pas rien on en conviendra. L'étude réalisée par la direction de l'eau du conseil général démontre aussi que l'eau en régie publique est moins chère qu'en régie privée et que les contrats passés récemment avec les multinationales de l'eau sont plus intéressants pour la collectivité que ceux signés il y a plus de dix ans ! j'y vois là l'influence grandissante d'une prise de conscience globale. Elle conduit les élus à s'intéresser de plus près à des compétences qu'ils considéraient jusqu'alors comme techniques et donc complexes. Voire trop complexes. Et à négocier aux mieux avec ces multinationales.
Le président de la CASE était représenté par M. Aubinais, président de la commission eau et assainissement. M. Aubinais n'a pas toujours été gentil avec nous (l'association que je préside). Je souhaite qu'il ait écouté avec attention les explications fournies, hier, et qu'il en tire toutes les conclusions favorables aux usagers. 2015 c'est demain.
(1)DDE: direction départementale de l'équipement.
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