21 novembre 2010

Quelques réflexions au débotté

La semaine a été riche en événements. Sur les plans national et local. J'en ai retenu quelques-uns.

Le plus important : l'affaire de Karachi. Les témoignages de Charles Millon, ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac, du directeur de la SOFRESA et les dernières déclarations de Dominique de Villepin éclairent un peu plus le chemin de la vérité. Il semble probable à 99,9% que des rétro-commissions sur la vente de sous-marins au Pakistan ont été versées à des politiques français et que la campagne électorale d'Edouard Balladur a pu en tirer profit. A cette époque, Nicolas Sarkozy jouait un rôle de premier plan auprès du premier ministre. L'actuel président de la République propose de déclassifier des documents et tout ce qui peut l'être. L'avocat des familles touchées par la mort des onze Français demande cette déclassification depuis des mois. En vain !
Bernard Cazeneuve, député PS de Cherbourg, exige que la commission d'enquête de l'Assemblée nationale rouvre le dossier : « je déplore que l'on ne nous ai pas tout dit et que certains aient menti. » Cette affaire, n'en doutons pas, va occuper plus d'une page dans la presse au cours des mois qui viennent. Certains prédisent une nouvelle affaire des diamants…

Dominique Strauss-Kahn sera candidat aux primaires organisées par le Parti socialiste. Il vient de passer quelques jours à Paris et en a profité pour rencontrer Royal, Aubry, Fabius, et quelques autres. Il sera le candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle. Ma préférence, je l'ai déjà écrit, va à Martine Aubry. Elle correspond mieux à l'idée que je me fais d'une candidate de gauche. Le programme qu'elle soumet (après conventions) au vote des militants est régulièrement adopté à une large majorité. Martine Aubry refuse, pour le moment, d'accélérer le calendrier des déclarations de candidatures. Ce fait avantage DSK et laisse penser qu'un accord est peut-être intervenu entre la maire de Lille et le directeur du FMI. Wait and see.

Jean-Luc Mélenchon a été ovationné au Mans, ville d'une synthèse socialiste de sinistre mémoire. Le pourfendeur des médias veut à tout prix être le candidat du Front de gauche (PG et PC) aux présidentielles. Il le sera certainement. Comme tout bon candidat à la gauche de la gauche, il cherche déjà à plumer la volaille socialiste. Et n'y réussit pas mal puisque les sondages le créditent d'un score plus qu' intéressant.

Aujourd'hui, les centristes, ou classés comme tels par les instituts de sondage, attirent un quart de l'électorat ! Il y a encombrement au carrefour avec Bayrou, Villepin, Eva Joly, Borloo, Morin…il y a ceux qui vireront à gauche, d'autres à droite et d'autres qui resteront ailleurs. Cet ailleurs par définition indéfinissable.

Le pape évolue. Il admet, dans certains cas, l'usage du préservatif pour éviter certaines contaminations. Tout arrive. Les habitants des pays où l'influence des catholiques est importante et où l'épidémie de SIDA se développe de manière exponentielle auraient aimé entendre ces propos dans les années quatre vint-dix. « Cela aurait sans doute empêché de nombreuses morts. » Ces propos ont été tenus par un prince de l'Eglise, hier.

Réunis récemment, les élus de l'Agence urbaine régionale d'urbanisme ont vu arriver le maire de Louviers tout sourire. Il leur a raconté (à sa façon) sa récente et « brillante » séance de conseil municipal. « Si je suis en retard, c'est parce que je sors du commissariat de Val-de-Reuil où des plaintes ont été déposées ».
Lundi dernier, il riait jaune. Le comité d'accueil de notre association, paisible mais déterminé, a rappelé que « l'eau n'est pas une marchandise et que la facture d'eau est imbuvable. » Il s'agissait pour nous de faire prendre conscience aux élus de tous bords de la nécessité d'un retour en régie publique des services publics délégués. Le maire a très mal pris la chose. Il s'est énervé, s'est montré très excité et provocateur. Cela m'a rappelé les heures chaudes de Vironvay, du quartier des Acacias, de Maison rouge, sa rencontre avec les harkis, avec les habitants de Pinterville ou les élus de Hondouville. Tous lieux qui résonnent encore des excès verbaux et verbeux de l'ancien conseiller général. Lequel n'en est donc pas à son coup d'essai.

Justement. Ce qui me surprend le plus c'est l'attitude des conseillers de la majorité. Pour en avoir connu certain(e)s plus que d'autres dans le passé, je suis surpris de leur silence voire de leur indifférence aux événements qui se déroulent sous leurs yeux. Autant je comprends qu'on assume une solidarité majoritaire, autant je ne comprends pas qu'on cautionne des débordements qui n'ont rien à voir avec le débat politique. Peut-être font-ils part de leurs sentiments dans le secret des cabinets ?
Des spectateurs assistaient pour la première fois à une séance du conseil municipal lovérien. Ils m'ont dit leur effroi, leur dégoût. Comment un maire, m'ont-ils assuré, peut-il descendre aussi bas ? Il n'est que mépris, arrogance…il se sent tellement supérieur. Nous, qui sommes habitués aux extravagances et aux provocations de ce maire, ne mesurons sans doute pas suffisamment le caractère d'exception de l'assemblée lovérienne et de son fonctionnement.

J'ai assisté, vendredi, au spectacle donné dans le cadre du festival d'automne à Louviers. Cet Oncle Vania de Theckhov, mis en scène par Eric Lacascade, a rassemblé un large public venu de toute la Haute-Normandie. La troupe d'acteurs lituaniens est d'une grande qualité. La soirée fut magnifique.
Je connais bien Louviers et les Lovériens. Nous n'étions qu'une poignée à cette séance là. Cela n'est pas grave en soi mais les discours du maire sur la fréquentation des spectacles par les Lovériens ne tiennent pas la route. Il est vrai que, dans le même temps, Jeanne Moreau et Étienne Daho chantaient Jean Genet à Val-de-Reuil et que dans une autre salle du cinéma Forum se déroulait une soirée débat sur l'Afrique et son avenir. J'aurais aimé être présent à Val-de-Reuil et j'aurais souhaité écouter le représentant de l'ambassade du bénin. Abondance de biens nuit…

Plusieurs personnes m'ont interpellé sur la retransmission, en direct sur Internet, des séances du conseil municipal de Louviers. Je demeure favorable à tout ce qui favorise l'information des citoyens. Ce n'est donc pas maintenant que je vais contester l'utilisation des nouveaux moyens technologiques. Mais je suis obligé de mettre un bémol.
Il est évident que l'agent municipal chargé de faire le boulot n'est pas en cause. Il fait avec le peu de moyens dont il dispose. Une seule caméra, des éclairages indirects lointains, le tout aboutit, me dit-on à des images hachées, un son déplorable.
Allons plus loin. Pour justifier la disparition des images sur Internet, au lendemain des incidents de lundi dernier, le maire écrit qu'il les conserve par devers lui pour aider la justice. Quelle justice ? La sienne ? Quelles images ? Celles où il me fait un bras d'honneur ? Quel son ? Celui où il dit de Claudine Duteuil que les arguments qu'elle utilise sont « sordides, dégueulasses » ? Chacun sait — il y a des écoles de journalisme pour cela — qu'on peut faire dire aux images ce qu'on veut. Il suffit de couper là, d'ôter tel mot, de sortir un propos d'un contexte.
Une fois n'est pas coutume, je retiens cette phrase de Benoit Veyrat, conseiller municipal UMP, qui, sur son blog, écrivait dès mardi : « Lors de ce conseil, nous avons vu cette municipalité partir dans tous les sens, nous avons entendu que Louviers était la ville 1ère en tout (culture, social, transports…).

Le comportement du maire par ses mots et gestes (1) hier soir ne respectait pas les élus, était méprisant et fort impoli et certainement pas…écrêté contrairement à son indemnité ! »

(1) c'est moi qui ai mis en gras cet extrait du texte d'un élu qui n'est pas suspect d'être un ami des socialistes et de la gauche.

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