1 octobre 2010

« Pourquoi payer comme un malade quand je ne suis pas malade ? »

C’est le slogan de la campagne en cours organisée par un assureur dont nous tairons le nom afin de ne pas lui faire de publicité et qui fait ainsi la promotion de sa nouvelle assurance santé : « mon assurance santé comme je veux ».

On y voit en ville sur les affiches une femme du style bon chic bon genre tenir ce discours qui semble à première vue frappé au coin du bon sens.

À y regarder de plus près, cette phrase nous interpelle à plus d’un titre. D’abord par son populisme. Ce type d’affirmation, c’est du Sarkozy pur sucre. Cette forme d’évidence qui ne résiste pas à une analyse sérieuse, c’était par exemple « La France est un pays d’assistés » ou encore son inénarrable sortie sur la Princesse de Clèves. C’est en enfilant ces apparents truismes comme des perles qu’il s’est fait élire en 2007. Et le corollaire, cet effet boomerang, est le niveau record de désamour des Français auprès desquels il ne recueille plus que 26% d’opinions favorables au dernier sondage de popularité TNS-Sofrès.

Mais cette phrase nous interpelle aussi par les valeurs sous-tendues qu’elle défend. Contre le principe de solidarité, fondement même du pacte social mis en œuvre au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par le Conseil national de la Résistance avec ce qu’il est convenu d’appeler l’État providence dont les piliers sont notre Sécurité sociale et notre système de retraites par répartition, l’affirmation que l’individualisme et l’égoïsme leurs sont bien préférables.

Avec la Sécurité sociale, certes si je suis en bonne santé, je cotise aujourd’hui pour les autres. Mais demain, quand je serai malade, ce seront les autres qui cotiseront pour moi. Eh bien non ! On veut faire croire au gogo qu’il a quelque chance de payer moins tout de suite parce qu’il est en bonne santé, mais on se garde bien de lui dire ce qu’il adviendra demain lorsqu’il sera sérieusement malade. Les compagnies d’assurances ne sont pas des œuvres philanthropiques. Nous savons tous les énormes difficultés que rencontrent les personnes atteintes de maladie lorsqu’elles recherchent un assureur susceptible de garantir un emprunt immobilier.

Après la défense des retraites, le prochain combat à mener va être celui de la Sécurité sociale. Avec cette publicité, nous constatons que les grandes manœuvres pour la privatisation de la santé, jusqu’à présent contenues dans l’ombre des cabinets ministériels, éclatent désormais au plein jour.

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

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