A de nombreuses reprises, sur ce blog, j'ai souhaité la désignation d'un juge d'instruction dans ce qu'on appelle maintenant l'affaire Woerth. Depuis les révélations du site Médiapart (1) bien utiles à la manifestation de la vérité, il est plus qu'évident que le juge Courroye, ami du pouvoir, ne pouvait être le seul à démêler l'écheveau des différents conflits d'intérêts potentiels.
Le procureur général Nadal a indiqué, aujourd'hui, qu'il devenait indispensable de désigner un juge d'instruction qui permettra à toutes les parties d'avoir accès au dossier et ainsi de rendre contradictoire une enquête actuellement très secrète puisque dans les mains exclusives du parquet. Si Mme Prévost-Desprez avait la possibilité de mener ses investigations dans le soupçon d'abus de faiblesse (2) de Liliane Bettencourt, elle n'était pas saisie des turpitudes d'Eric Woerth.
C'est bien un lundi noir pour le président de la République et un membre éminent de son gouvernement. N'oublions pas que le juge Courroye avait indiqué à Nicolas Sarkozy et à la famille Bettencourt qu'il serait impossible d'instruire le dossier d'abus de faiblesse en l'absence d'avis médical circonstancié. Les événements à venir vont certainement lui donner tort ce qui serait une victoire de la justice sans préjuger de ses conclusions.
L'ancien trésorier de l'UMP, toujours ministre du travail, devra encore supporter le poids de sa charge pendant quelques semaines puisque le remaniement gouvernemental n'interviendrait qu'à la mi-décembre. D'ici là, le Sénat et l'Assemblée nationale, à nouveau, auront examiné le projet de loi sur l'âge de la retraite et la durée de cotisation. Rien ne dit que le ministre sera aussi « apaisé et serein » qu'il feint de l'être.
(1) En insultant les journalistes de Médiapart, M. Pflimlin a eu grand tort. Ces journalistes ont fait très correctement leur métier et s'ils ont diffusé le contenu des bandes enregistrées « illégalement » chez Mme Bettencourt, c'est parce qu'ils avaient la conviction, d'ailleurs reconnue par la justice, qu'il concourait à étayer certaines affirmations et éclairer certains faits.
(2) Un médecin convoqué par la police a détruit le dossier médical de Liliane Bettencourt qu'il avait en sa possession. Evidemment, ce médecin avait conclu à la pleine forme de Mme Bettencourt et niait l'abus de faiblesse. Il devra en répondre devant le conseil de l'Ordre et peut-être aussi devant un juge.
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