Le conseil municipal de Val-de-Reuil a adopté une délibération : « il exprime sa solidarité envers les fournisseurs, les salariés et les sous-traitants de l’usine M-REAL d’Alizay qui, bien qu’elle constitue une des plus grosses industries papetières intégrées (pâte à papier fabriquée sur le site de production) du nord-ouest de l’Europe, et après avoir pris des mesures de fermeture provisoire depuis février – prolongée jusqu’en septembre, pourrait prévoir de fermer définitivement son unité de fabrication de pâte à papier à Alizay.
Des centaines d’emplois menacés
Entre 130 et 150 personnes travaillent directement dans l’unité de pâte à papier. Elles ont déjà subi 3 semaines de chômage technique et actuellement sont occupées à diverses tâches d’entretien au sein de l’usine ou placées en formation en interne ou à l’extérieur. La fermeture de l’atelier de pâte irait bien au-delà de ces 150 emplois, puisque de nombreux sous-traitants travaillent sur le site à l’année : Somis, Tissot, UPS, Netman,… Ainsi, bien que M-Real compte 420 salariés, plus de 800 personnes badgent chaque jour à l’usine. La direction de M-Real étudiant actuellement la possibilité de faire passer la chaudière Stein en chaudière biomasse, cela induit, pour les connaisseurs, l’arrêt de la fabrication de pâte puisque celle-ci est faite avec la Stein. La direction aurait même anticipé en préparant le plan de sauvegarde de l’emploi. Après les fermetures et licenciements de Mediamotion, Automatech, Tyco, Bosch… notre territoire ne peut supporter de nouvelles victimes dans la course effrénée aux profits menée par les grands groupes industriels.
Le secteur forestier haut-normand en péril
Extraite du bois, la pulpe constitue le matériau de base à partir duquel est fabriqué le papier. Si le site de pâte fermait, les syndicats d’exploitants forestiers indiquent la perte de près de 1000 emplois et de 80 exploitations du quart nord-ouest de la France - M-Real représentant pour certains près de 50% de leur chiffre d’affaires. A la veille de l’été, leurs réserves de trésorerie sont presque nulles et, si les actionnaires de M-Real et les pouvoirs publics ne réagissent pas, la reprise ne viendra pas. De plus, sans ce débouché, c’est 1 million de tonnes de bois qui seront inexploitées dans nos forêts, mettant ainsi en péril la gestion durable de celles-ci, tant réclamées par les pouvoirs publics et les citoyens.
Le papier : un marché pourtant en pleine expansion
Nous en consommons tous, et de plus en plus : de 75 millions de tonnes en 1960, la consommation annuelle mondiale est passée à 366 millions en 2005, et on prévoit qu'elle devrait approcher en 2020 le chiffre de 600 millions de tonnes. Le recyclage gagne peu à peu du terrain. M-Real s’est ainsi positionné sur ce marché en investissant 5 millions d’euros à Alizay en 2006 pour traiter de la pâte issue de produits désencrés. Parallèlement, pour répondre à la demande sans cesse croissante, alimentée par l'appétit des géants en émergence que sont le Brésil, la Chine ou l'Inde… les usines de pâte à papier, traditionnellement situées dans les principaux pays consommateurs (Canada, États-Unis, Europe et en particulier les pays Nordiques) ont déplacé leurs activités depuis quelques années vers le Sud où l’on produit, de manière extensive et irrespectueuse de l’environnement, près de 50m3 de bois par an à l'hectare contre à peine 5m3 en Europe. Le coût de la matière première, essentiellement le bois d'eucalyptus obtenu au moyen de gigantesques plantations, attire particulièrement les producteurs.
M-Real : 2 stratégies simultanées : délocalisation et course au gigantisme…
Au-delà du coût social, économique et écologique pour notre région, la globalisation incontrôlée du marché mondial du papier atteint pleinement et gravement les pays du Sud. D’après le WWF (world wild fund), la croissance de la consommation « menace les dernières forêts naturelles d’Amérique du Nord, d’Amérique Latine, d’Asie et de Russie ainsi que les hommes qui en dépendent pour leur survie ». Tous les grands projets d'usines nouvelles se situent en effet dans l'hémisphère Sud. Ainsi, M-Real (ou Botsnia qui font partie du même groupe Metsallitto) a ouvert en Uruguay une usine de pâte à papier produisant plus de 1 million de tonnes/an alors qu’Alizay en fabrique 300 000. Avec un milliard de dollars destinés à sa construction et sa mise en service, cette usine constitue à la fois le plus important investissement jamais réalisé à l'étranger et le plus gros investissement étranger jamais réalisé en Uruguay. Une fuite en avant, motivée par le seul souci de la rentabilité à court terme.
Le Conseil municipal condamne fermement les raisons peu avouables qui poussent les producteurs papetiers européens à délaisser nos territoires, à exploiter les populations des pays du sud et à contourner les règles en matière de protection de l’environnement. »
Photo : usine de Tarascon
1 commentaire:
Cher Jean Charles,
de jours en jours j'en apprends par vos billets, c'est bien et je vous en remercie.
Par ailleurs d'après le Maire de Alyzay, elle ne sera pas dans l'immédit fermée l'entreprise de Bosch à Pont de l'Arche.
Car je dois rencontrer un membre du cabinet de Madame Lagarde semaine prochaine.
Je pense qu'il est temps de frapper fort, je ne laisserais pas ma circonscription partir en fumée, et de laisser des milliers de personnes à la rue!!
Il faut que François Loncle rentre dans ce gouvernement qui comprent rien à la vie des ouvriers, eux non pas de soucis de travail, et de pouvoir d'achats.
Jean Charles Houel je compte sur vous pour faire passer ce billet et faire mousser cela aux yeux de nos citoyens.
Amitiés
ZL
Enregistrer un commentaire