Au bout de quelques années, elle abandonna le tournage au profit du modelage et d’un travail d’expression plastique à partir de plaques sur lesquelles elle commença de superposer formes, matières et émaux. Avec ce nouveau mode d’expression, elle avait trouvé sa voie qu’elle n’abandonna jamais plus. De sa formation initiale de graveur lui reste le goût de l’écriture et de son délicat graphisme.
Entrer dans l’univers de Marianne Réquéna, c’est comme si on soulevait le couvercle d’une vieille malle oubliée dans un coin du grenier. Tout y est encore en place : les draps ajourés et brodés ; ces courriers à l’être aimé écrites à la plume Sergent-Major, aux lettres soigneusement calligraphiées à l’encre violette sur un papier désormais jauni ; ces cartes postales sépia du grand-père militaire servant au front dans les tranchées de Verdun ; ces jeunes femmes en chignon et en jupes longues assises sur un banc et qui nous sourient. Écoutons-la nous dire :
« J’associe des images, des photos, des traces, des écrits, des icônes populaires… et jusqu’à faire surgir une part d’inconscient. Pourquoi avoir choisi la terre ? Je ne sais pas vraiment, parce que je reste un artisan ? J’ai besoin de me confronter à un métier ? Peut-être aussi parce que c’est un médium qui supporte le feu et l’eau, et j’ai le besoin, l’illusion d’une preuve d’existence qui serait capable de durer et de résister au temps. »
Trente cinq années après qu’elle a fréquenté les Beaux-Arts de Caen, Rouen et Paris, il reste de tout cela une œuvre sensible et délicate, extrêmement personnelle, fruit d’un ouvrage opiniâtre chaque jour remis sur le métier, une lente maturation en même temps qu’un approfondissement. Marianne Réquéna nous émeut car elle exprime la nostalgie d’un passé à la fois si proche et si lointain déjà, à jamais révolu et qui chaque jour nous échappe un peu plus.
Reynald Harlaut
Exposition du 9 mail au 7 juin 2009, vernissage le samedi 9 mai de 14h30 à 19h. Accès libre
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