Daniel Schneidermann est un excellent journaliste. Il a officié au journal Le Monde avant de rejoindre le quotidien Libération où il tient une chronique hebdomadaire. Dans sa chronique d'aujourd'hui, évoquant le marin Ian Eliès et sa fracture de fémur, Daniel Schneidermann évoque des « miles » à parcourir par les bateaux. Il a tort. En mer on ne parle pas en mile, distance équivalent à 1609 mètres, mais en mille nautique (mn) ou nm en Anglais.
Le mille marin international est une unité de mesure de distance utilisée en navigation maritime et aérienne. Elle a initialement désigné la longueur d'un arc de 1' (une minute d'arc) sur un grand cercle de la sphère terrestre. Le mille marin international vaut 1 852 mètres.
Cette faute (vénielle) me donne l'occasion d'évoquer sur ce blog le «Vendée Globe», la course autour du monde, partie des Sables d'Olonne il y a 56 jours et quelques heures. Nombre de marins expérimentés, sur des bateaux considérés comme des formules 1 ont cassé, qui un mât, qui un safran, qui une bôme. Plus de la moitié des trente concurrents ont, d'ores et déjà, abandonné. Ian Eliès s'est même brisé un fémur entraînant le déroutage de deux concurrents appelés à lui porter secours. En mer, la solidarité passe avant la course. D'autres, bien malheureux, comme Jean-Pierre Dick, font route à trois ou cinq nœuds vers l'Australie ou la Nouvelle Zélande, la terre la plus proche d'eux à 1500 voire 2000 km (soit plus de mille…mille marins).
Sans crainte de choquer l'honorable correspondant(e) qui m'avait adressé un commentaire sur le Marité ne doutant pas de mon indifférence à la brise marine, je dois avouer que ces solitaires du grand large font toute mon admiration. Face à leur légitime anxiété, voguant dans des mers du sud souvent déchaînées et face à des vents de 50 nœuds, leur seule consolation est d'être reliés au monde par la magie des liaisons satellitaires et des balises d'alerte.
On a beau s'appeler Loïck Peyron ou Mike Golding, Samantha Davies ou Raphaël Dinelli, s'appuyer sur une expérience solide et des années de mer, ce bagage ne suffit pas pour se lancer dans un tour du monde « sans assistance et sans escale », le seul port autorisé étant Port-Olonna, le port des Sables d'Olonne. Il y faut aussi une passion immodérée du sport, de la compétition, un amour immense de son métier. Mais où vont-ils (elles) chercher cette volonté, cette endurance au mal, cet art de lutter contre le sommeil, les éléments, les morceaux d'icebergs, les OFNI (objets flottants non identifiés) qui ont endommagé tant de monocoques réparés tant bien que mal ? Comment font-ils pour dominer leur peur, la présence irritante de la mort qui maraude ?
Lorsque Jean-Edouard Criquioche, le gérant des cinémas Forum de Louviers s'est lancé dans une traversée de l'Atlantique en solitaire, j'avoue que j'ai suivi sa route et son classement quotidiennement sur Internet. Je profite de ce texte pour lui tirer publiquement mon chapeau.
(Photo empruntée au site de Jean-Edouard Criquioche)
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