19 décembre 2008

Pas d'hallali pour la halle rolivaloise. La CASE paie son écot en faveur du Marité

Les élus ont voté majoritairement pour accorder un million d'euros au conseil général en faveur de la halle d'athlétisme régionale. (photo JCH)
La subvention de 44 500 euros en faveur du GIP « Marité » a été votée, jeudi soir, par 49 délégués de la communauté d'agglomération Seine-Eure. 22 se sont abstenus et un d'entre eux a voté contre. Rendons hommage à ce courageux anonyme puisqu'il nous a été impossible d'obtenir l'identité de l'auteur de cette main levée solitaire.
Le président de la CASE a chargé avec outrance la ville de Rouen et son maire qui ont quitté le navire. Il a expliqué que Paimpol (et ses paimpolaises…) Granville, Saint-Vaast-La Hougue, Le Havre, Saint-Pierre-et-Miquelon et d'autres villes, allaient rejoindre le groupement d'intérêt public (GIP) en charge du Marité, le grand voilier qui a coûté si cher à l'achat et réservé tant de mauvaises surprises et de vices cachés. En fait, il s'agissait d'une ruine. Une ruine patrimoniale, certes, mais une ruine tout de même.
Le président Mar(t)in souligne : « Le Marité est le survivant des voiliers terre-neuvas. Il est unique au monde. Il fait partie de notre patrimoine normand comme les mines appartiennent à celui du nord. » Et les nougats à Montélimar. Et d'expliquer qu'il faut solder les comptes, remettre les pendules du cadran à zéro, partir sur de nouvelles bases…et donc remettre de l'argent au pot commun.
Marc Antoine Jamet a bien expliqué qu'on peut aimer les bateaux sans être marin et admirer les églises sans être croyant. Le Marité, surtout dans le contexte actuel, peut-il être une priorité financière de la CASE, alors que l'objectif social d'origine n'a jamais été rempli lorsque le voilier « glissait encore sur les gouffres amers. » Quel rapport entre notre territoire et ce voilier fécampois : « Que les Fécampois et quelques élus portuaires veuillent sauver le Marité, pourquoi pas ? Je m'abstiendrai parce que projet est cher au cœur de notre président. » L'humour est une denrée rare, il faut donc en user avec parcimonie.

La halle d'athlétisme
L'agglomération, comme dirait Jean-Pierre Auger a majoritairement voté pour ce projet. « Nous devons aller jusqu'au bout de notre démarche et verser le million d'euros promis au conseil général maître d'œuvre. » Ce n'est pas l'avis de Pascal Labbé : « J'étais contre au départ. Je reste contre. » Ils seront une dizaine de cet avis au moment du vote. Parmi eux, les élus du Vaudreuil avec un Bernard Leroy très remonté : « C'est une insulte au développement durable ! On va chauffer au gaz un équipement qui servira 7 mois dans l'année (1). Je voterai contre car la facture est énorme ! » Heureusement, Janick Lesœur souligne que le conseil général de l'Eure, le conseil régional, plusieurs collèges, des écoles, des clubs sportifs régionaux importants sont très intéressés par cette salle pour y faire des stages longs, profiter des installations « qui ne seront pas réservées uniquement aux athlètes de haut niveau. » Un peu de fraicheur dans un monde brutal.

Quant aux parkings, Marc Antoine Jamet a conscience de la difficulté. Il a, en tout cas, reçu le message cinq sur cinq : l'agglomération ne bougera pas le petit doigt, directement ou indirectement. « C'est comme si on achetait une voiture sans les roues » commente un élu.
Franck Martin (qui a prévu d'organiser congrès et colloques au Kolysé de Louviers) ne veut pas de salle concurrente à proximité. Il a donc conditionné le vote du million d'euros à un engagement du président du conseil général qui lui écrit en substance : la halle d'athlétisme servira aux athlètes de haut niveau mais à titre dérogatoire et exceptionnel, on pourra y organiser d'autres manifestations que sportives. (lire l'original ci-dessous)
Marc Antoine Jamet n'en demandait pas plus. Le diplomate de carrière Destans, habile et rusé, a souplement répondu au président de la CASE et de la SEM (2) du Kolysé qui devra donc s'accommoder, à certaines époques de l'année, d'une salle rolivaloise pouvant accueillir 3000 personnes. Comme Sophie Ozanne, conseillère municipale de Louviers, pas si Amish (3) que cela puisqu'elle ne vient pas en roulotte aux séances du conseil, n'a pas reçu de réponse (lundi) à la question posée au maire sur l'étude de marché justifiant les choix de la SEM, on en conclut qu'il existe des clientèles différentes et que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Je reviendrai ultérieurement sur le débat d'orientation budgétaire et sur la demande réellement extravagante de Bernard Leroy « qui veut graver dans le marbre la dotation de solidarité aux communes et les fonds de concours » apportés par la CASE pendant les six ans à venir. Comme dirait Coluche : gonflé le mec !
(1) Un sportif, ça court, ça saute, ça transpire ! Et il faudrait chauffer la halle ? Non mais…
(2) La SEM est une société d'économie mixte. La ville de Louviers est majoritaire au capital. C'est elle qui oriente la gestion de l'équipement sportif et de loisirs.
(3) Les Amish sont une communauté chrétienne anabaptiste présente en Amérique du Nord, vivant de façon simple et à l'écart de la société moderne. Franck Martin a dit de Sophie Ozanne qu'elle était «vieille» et Amish. Seigneur, il ne sait pas ce qu'il dit.

La lettre de Jean Louis Destans à Franck Martin :
« Monsieur le Président, Vous avez bien voulu appeler mon attention sur le type d'activités qui seront offertes par le futur stade d'athlétisme de Val-de-Reuil. J'ai l'honneur de vous confirmer que cet équipement est dédié à des activités sportives conformément au permis de construire déposé et à son classement en type X, 2ème catégorie par la commission de sécurité.
La commission de la Fédération Française d'athlétisme l'a homologué en tant que stade d'athlétisme couvert pouvant recevoir 499 athlètes et 1 000 spectateurs. Je précise que le Département reste propriétaire et de ce fait, garant de l’utilisation qui en sera faite par l’exploitant.
A titre occasionnel et pour en améliorer la rentabilité, le bâtiment pourra être utilisé pour l'accueil de manifestations non sportives, en particulier pour l'organisation de spectacles ou de meetings. Cette possibilité ne pourra s'envisager que dans un cadre dérogatoire et supposera, outre l'accord de la commission de sécurité, la mise en place de mesures spécifiques tant sur le plan matériel qu'en termes de moyens humains supplémentaires. En tout état de cause, le Département veillera à ce que cette nouvelle structure ne s’inscrive pas en position concurrentielle par rapport aux équipements du secteur concerné. »

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