22 septembre 2008

Les sénateurs : « les superprivilégiés de la République »

Robert Colonna d'Istria et Yvan Stefanovitch (1) viennent d'écrire un livre passionnant qui en dit long sur les pratiques du Sénat de la République. Patrick Roger, journaliste au Monde a consacré un article non moins édifiant à ce livre et je ne résiste pas au plaisir de communiquer ses remarques à mes lecteurs.

«…Le Sénat sait être reconnaissant à ses meilleurs serviteurs. Au terme de son bail de vingt-quatre ans à l'hôtel du Petit Luxembourg, Alain Poher ne se retrouva pas à la rue. Son successeur eut l'élégance de lui allouer un appartement acquis sur les deniers de l'institution, rue Garancière, de l'autre côté de la rue de Vaugirard. René Monory, lui, n'utilisa guère les bureaux qui avaient été mis à sa disposition dans le quartier de Montparnasse.

Pour Christian Poncelet, l'institution ne recule devant aucun sacrifice. Non pas que, après quarante-six années de mandat politique, le sénateur des Vosges fût dans le besoin : à ses indemnités cumulées de sénateur et de conseiller général s'ajoutent les primes supplémentaires pour ses fonctions de président du Sénat (une dizaine de milliers d'euros mensuels, tous frais pris en charge) et de président du conseil général des Vosges (2 718 euros) et ses pensions de retraite.

Il n'empêche : le Sénat a accepté de mettre à sa disposition, à vie, et ce depuis 2004, un appartement situé dans un immeuble de la rue Bonaparte, à un jet de pierre du Palais du Luxembourg. Seul inconvénient, le logement initialement prévu était situé au sixième étage : trop haut. Qu'à cela ne tienne, un échange fut fait avec l'appartement de fonction occupé au rez-de-chaussée par un collaborateur. Ce dernier, heureux retour des choses, deviendra peu après secrétaire général du Sénat.

Un pied-à-terre de 200 mètres carrés, une voiture avec chauffeur, un bureau et une secrétaire, plus une prime supplémentaire que la questure a décidé d'ajouter à sa retraite de sénateur, Christian Poncelet peut se décider enfin à quitter le Petit Luxembourg. A ce prix-là, son retrait n'en sera que plus paisible…»

Et pourtant ! Alors que Jean-Pierre Raffarin, Gérard Larcher et Philippe Marini sont candidats à la présidence du Sénat, Christian Poncelet n'a pas fait savoir officiellement s'il allait prendre sa retraite de président. Candidat, Poncelet serait un redoutable adversaire. Il a des dossiers sur tous les sénateurs UMP, il les connaît tous comme sa poche et ses rivaux auront forcément des points faibles et vulnérables. L'élection du président va être suivie avec attention à droite comme à gauche.

Au fait, grâce à la progression de la gauche, l'UMP et le Nouveau centre ne devraient plus disposer des 3/5 des parlementaires en cas de réunion du Congrès à Versailles. Sarkozy a eu le nez fin en faisant voter sa réforme des institutions avant le vote de dimanche dernier.


(1) LE SÉNAT, ENQUÊTE SUR LES SUPERPRIVILÉGIÉS DE LA RÉPUBLIQUE de Robert Colonna d'Istria et Yvan Stefanovitch. Ed. du Rocher, 296 pages, 18,50 €.

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