18 septembre 2008

« Les couches » de Xavier Darcos

En juillet dernier un vidéaste a filmé Xavier Darcos, notre ministre de l'Education nationale, et enregistré ses propos sur l'école maternelle. En susbtance, il assurait que les enseignants, formé à bac + cinq, avaient autre chose à faire qu'à assurer la sieste des petits et à changer leurs couches. Cette vidéo, balancée sur le site de Rue89, qui a le mérite d'avoir rendu publics un nombre conséquent de scoops, a eu un autre avantage : elle nous montre clairement quel est l'état d'esprit du ministre vis-à-vis de notre système scolaire et quelle opinion il a des enseignants de l'école maternelle, pourtant réputée pour être une des meilleures du monde.

Xavier Darcos, interpellé hier, a répondu et corrigé le tir : on l'a évidemment mal compris. Ce qu'il voulait dire c'est que, peut-être, il faudrait revoir la scolarité des enfants âgés de deux à trois ans. Que peut-être, certains de ces enfants ont besoin d'être sociabilisés…mais qu'il n'est pas question de toucher à l'école maternelle si appréciée des parents.

Cette mise en ligne de la vidéo de Rue89 démontre, une fois de plus, que les plus hautes autorités de l'Etat (ainsi que les principaux responsables de l'opposition) doivent faire attention quand ils ouvrent la bouche. Aujourd'hui, il y a toujours une caméra, un téléphone portable pour mémoriser les inoubliables propos des dirigeants de ce pays. Le « casse toi pauv con » de Nicolas Sarkozy, s'il est devenu un classique, ne semble pas avoir vacciné les politiques contre l'embolie verbale. Lacan dirait qu'il n'est pas pensable de vouloir s'autocontrôler à longueur de journée. Surtout quand on est ministre et que le pouvoir s'exprime essentiellement par la parole.

Les critiques des blogs et des sites Internet doivent donc savoir que la « toile » a l'immense avantage de dépasser toutes les censures et qu'elle fait dire aux gens ce qu'ils pensent. Xavier Darcos, sévèrement taclé par Jack Lang, qui lui a écrit pour le sermonner, est, quoiqu'il affirme aujourd'hui, naturellement contre la scolarisation des enfants de deux ans. Il n'a pas forcément tort. Cette scolarisation pose des problèmes psychologiques, affectifs, elle nécessite un personnel formé et attentif. Xavier Darcos aurait dû emprunter le chemin des questions éthiques, pas mettre en cause les enseignants. Ses arrières-pensées sont devenues sa pensée. Tout le monde l'a entendue et beaucoup la condamne.

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