22 octobre 2018

La trumpisation de Jean-Luc Mélenchon ne lui apportera que des déboires


Trop tôt. Trop vite. Fabrice Arfi, journaliste de Médiapart, a eu tort de rendre publique la relation privée entre Jean-Luc Mélenchon et Sophia Chikirou. Pour justifier cette révélation, le journaliste assure que les développements futurs des enquêtes en cours apporteront leurs lots d’informations notamment sur d’éventuels conflits d’intérêts. Au stade actuel de l’enquête, cette supposition devait demeurer tue. Il serait toujours temps, plus tard, après les interrogatoires de Mme Chikirou devant les policiers ou les juges, de dénoncer des faits avérés et prouvés.

Jean-Luc Mélenchon affirme, de son côté, que Mme Chikirou n’est pas sa compagne. Sa compagne peut-être pas, une amie certainement. Elle a été sa directrice de campagne lors de la dernière présidentielle et, depuis 2012, c’est elle qui orchestre le bruit et la fureur du leader de la France insoumise. Elle est même la théoricienne de l’acharnement visant à discréditer les journalistes, manière d’occuper l’espace médiatique et d’attirer l’attention.

Il y a des limites à cette stratégie. Celles d’en faire trop. Et Jean-Luc Mélenchon est tombé à deux reprises dans le panneau. Tout d’abord en moquant l’accent toulousain d’une journaliste de FR3 région et ensuite en demandant à ses militants et élus de « pourrir » la vie des journalistes de France Info, antenne qui a mis au jour les « surfacturations » de Mme Chikirou, surfacturations contestées en bloc par les animateurs de la France Insoumise.

Il reste que la mise en cause des magistrats, du pouvoir politique, des policiers, des journalistes, constitue un lourd passif. Ce passif pose un nombre important de questions : Jean-Luc Mélenchon est-il psychologiquement et physiquement à la hauteur de ses ambitions ? Doit-il « consulter », comme l’a dit avec malice Michel Drucker qui l’a trouvé fatigué ? A-t-il mesuré les dégâts causés dans l’opinion publique par une colère surjouée ou feinte ? Enfin, JLM devient-il une sorte de JMLP (Jean-Marie Le Pen) dont les excès de langage et les agressions verbales lui valurent quelques procès et plusieurs condamnations. En traitant les journalistes de France Info de menteurs (une plainte va être déposée) JLM a pris un gros risque : celui d’être démenti par les faits. En bousculant procureur et officiers de police judiciaires, JLM a, en plus, donné un exemple fâcheux d’un manque de maîtrise et de raison.

21 octobre 2018

700 000 manifestants demandent un second referendum sur le Brexit


Les drapeaux de l'Union européenne ont flotté dans les rues de Londres. © Gautier Houel
Ayant la chance de bénéficier du concours d’un envoyé spécial permanent à Londres, je ne saurais passer sous silence, la belle et grande manifestation qui a eu lieu hier, dans la capitale britannique. Les anti-brexiters ont, en effet, décidé de faire connaître à Theresa May, la première ministre conservatrice, leur désir de la voir (elle ou un autre) organiser un second referendum avec cette même question : rester ou sortir de l’Union européenne ?

Les milieux économiques, commerciaux, financiers, et des citoyens plus éclairés que d’autres, ont compris les dégâts que le Brexit allait causer dans leur société. Les 51,8% des voix en faveur de la sortie ayant été obtenus à la suite d’une campagne mensongère des Farage et autres Johnson, les anti-brexiters considèrent avec raison que la vérité a été malmenée et que Cameron, alors au pouvoir, a mal expliqué les conséquences d’un Brexit dur ou, tout simplement, celles d’une absence totale d’accord.

Les Français, les Belges, les Britanniques aussi, se préparent à cette absence d’accord, ce qui serait pour les résidents étrangers en Grande-Bretagne et les résidents britanniques dans les autres pays d’Europe, une vraie catastrophe. Les ports français, surtout, en pâtiraient. On nous dit que l’accord entre la Grande-Bretagne et l’UE est acquis à 90 %. Et que s’il n’est pas entériné, c’est à cause du problème irlandais. Où placer la frontière entre les deux Irlande : en mer ou sur la terre avec les risques inhérents compte tenu des relations tendues entre les Unionistes (favorables au lien avec l’Angleterre protestante) et les Irlandais indépendants et catholiques.

Comme la majorité actuelle à la Chambre des Communes ne tient que grâce aux dix députés DUP (unionistes) Theresa May ne dispose que de peu de marge de manœuvre. Et comme les Travaillistes souhaitent de nouvelles élections, ils ne vont rien faire qui puissent sauver le soldat May. La manif d’hier (700 000 participants) va peut-être faire bouger les lignes à défaut de faire changer les hard Brexiters.

Le frelon asiatique : voilà l'ennemi des abeilles et des apiculteurs !


Denis Jaffré. ©Jean-Charles Houel
Le frelon asiatique ou vespa velutina, voilà l’ennemi ! L’ennemi des abeilles et des apiculteurs mais également l’ennemi des guêpes, des abeilles solitaires, des bourdons…Il est arrivé en Europe et en France en particulier au début des années 2000 et ne cesse, depuis, de se développer à vive allure. Pourquoi ? Il n’a aucun prédateur et trouve dans notre pays, tempéré, des conditions idéales pour vivre et se reproduire.

Le nombre de nids explose, année après année, obligeant les collectivités et les habitants à financer leur destruction (quand on les trouve évidemment) le montant total des dépenses atteignant des centaines de milliers d’euros. Sans oublier les victimes (mortes parfois) des piqures de cet hyménoptère particulièrement agressif autour de son nid.

Vespa velutina.©Jean-Charles Houel
Le Syndicat des apiculteurs de l’Eure avait invité Denis Jaffré, un apiculteur breton, originaire du Finistère, l’un des départements les plus touchés par le frelon asiatique.
Denis Jaffré, en homme de terrain et de bon sens, a étudié sur le temps long, les habitudes du Frelon asiatique. Si ce dernier s’alimente en sucre, il adore la viande ou le poisson dont ses larves sont nourries. Les abeilles, au vol plus lent et aux défenses inactives contre le frelon, sont des proies de choix aboutissant, par fois, à la disparition totale des ruches.

C’est en constatant les pertes des 35 ruches d’un rucher dans son Finistère natal que Denis Jaffré s’est posé une question : comment piéger efficacement le frelon asiatique sans porter atteinte aux espèces autochtones et notamment au frelon vespa crabo que les pièges actuels n’épargnent pas ? Ainsi, il a inventé un piège (commercialisable en janvier prochain) primé au concours Lépine à Paris, tant son efficacité et sa simplicité (tout de même réfléchie) vont permettre aux apiculteurs de passer de meilleures nuits. Je connais (j’en suis) des apiculteurs qui, munis de leur raquette de badminton, passe des heures devant leurs ruches pour dézinguer vespa velutina en vol stationnaire. Si leur esprit est apaisé, l’efficacité est nulle ! Qu’on se le dise.

Le piège Jaffré.© JCH
Il va donc falloir patienter quelques mois avant de pouvoir acheter le piège de M. Jaffré. Ceux qui sont intéressés pourront le rencontrer à Rouen, le weekend prochain, puisqu’il participera au congrès annuel des syndicats d’apiculture et des groupements de défense des abeilles. L’année exceptionnelle que nous venons de vivre sur le plan climatique ne doit pas nous faire oublier que les abeilles sont en danger non seulement parce que les frelons les mangent mais aussi parce que les pesticides utilisés en quantité industrielle ont mené la vie dure à nos avettes. J’ajoute que la disparition des insectes entraîne celle des oiseaux et aboutit à la rupture des équilibres écologiques. L’homme demeure un apprenti sorcier.

17 octobre 2018

Jean-Luc Mélenchon, un leader maximo à la Française ?


Je ne parviens pas à détester Jean-Luc Mélenchon…ni à lui porter estime. Cet homme politique a de la bouteille et une expérience extraordinaire des débats et des combats. Ce qui s’est passé hier, à la permanence de la France Insoumise est pourtant la preuve que malgré les ans, malgré les responsabilités (parfois ministérielles) malgré les différentes alertes anciennes ou récentes, rien ni personne ne peut empêcher le « leader maximo »(1) français de déclencher le bruit et la fureur.

L’enquête judiciaire en cours dira qui a dépassé les limites. Qui des députés insoumis ou des policiers en service sous la tutelle d’un procureur représentant le parquet après une enquête préliminaire ouverte dans les formes, a semé le désordre et une forme de violence absolument inadmissible ? Des images circulent abondamment sur les chaînes d’information en continu. On y voit Jean-Luc Mélenchon, hors de lui, se targuer de son titre de député (« Je suis un élu de la nation, ma personne est inviolable etc. etc. » pour empêcher la poursuite d’une perquisition dont tout démontre qu’elle s’opérait en toute légalité après l’avis des juges compétents.
Capture d'écran.

JLM y voit la main d’une police politique et d’une agression ciblée. Il a tort. D’autres partis (le RPR, le PS, le FN, le MODEM…la gauche et la droite) ont été dans la tourmente judiciaire sans pour autant attenter physiquement aux policiers ou aux magistrats enquêteurs. La perquisition d’hier n’avait pas pour but de saisir les fichiers de la France Insoumise ni le contenu des ordinateurs sauf, bien sûr, ce qui a trait au financement de la dernière campagne présidentielle dont on sait qu’un redressement a été ordonné après que la Commission des comptes de campagne a alerté le procureur de la République. Cette perquisition a été interrompue suite aux incidents créés par les députés LFI. Peut-être était-ce l’objectif ? Pour justifier son ire, JLM affirme que ses comptes ont été validés ! La Belle affaire. Les comptes de Sarkozy aussi avaient été validés. Il n’empêche qu’existe un soupçon de financement libyen lors de la campagne 2007 sans oublier l’affaire Bygmalion en 2012 (20 millions d’euros de dépassement). La Commission des comptes de campagne n’a pas les moyens d’enquêter sur des sommes suspectes et encore moins de s’ériger en juge. Elle constate, accepte, déplore ou signale. C’est son rôle, point barre. La validation des comptes ne prouve rien.

L’image de Jean-Luc Mélenchon va évidemment être écornée après la vision des images qui le montrent vociférant, éructant, appelant à la rescousse ses camarades élus et militants. Je suis d’ailleurs surpris qu’ils aient suivi JLM comme un seul homme et qu’il ne se soit pas trouvé un Coquerel, un Bompard, un Corbières ou une Clémentine Autain pour dire à JLM : « Jean-Luc, tu déconnes. Tu perds ton sang froid. Tu as tort ». Le sang froid est une qualité essentielle pour un dirigeant politique. Imaginons que le préfet Maurice Grimaud (2) en 1968 ait perdu son sang froid. Sans lui, il y aurait eu des morts et des blessés. C’est une chose de protester (légitimement) ou de se révolter. C’en est une autre de devenir dirigeant…et homme d’Etat.

(1) Nom donné à Fidel Castro par les anticastristes. 
(2) M. Grimaud a agi contre l'avis de son ministre qui n'aurait pas hésité à faire tirer contre la foule.

16 octobre 2018

Rendez vous à Blois avec l'œuvre de Pierre Mendès France, « un homme d'avenir »

Les Rendez-vous de l’Histoire sont organisés à Blois depuis plus de vingt ans. Il s’agit d’un grand moment pour les historiens, bien sûr, mais aussi, et surtout, pour le public anonyme désireux de rencontrer des auteurs et des éditeurs. 
Les amateurs de savoir et de connaissance, venus très nombreux, sont à la fête. Grâce au livre d’Hélène Hatzfeld (1) et également grâce à Françoise Chapron, secrétaire générale de l’Institut Pierre Mendès France qui n’a pas ménagé ses efforts, j’ai passé deux jours enrichissants à Blois.

France Culture, partenaire des rendez-vous de l'Histoire 
Je retiens, naturellement, la soirée consacrée aux livres dédiés à la vie ou à l’influence de Pierre Mendès France. 
Avec la biographie « économique » de Michel Beck (2) par exemple, on comprend mieux pourquoi, ni le général de Gaulle, ni François Mitterrand, n’ont voulu tenir compte des avis de l’ancien président du Conseil. Ses préconisations, animées d’une certaine rigueur, contrastaient avec la facilité d’un Pleven ou d’un Mauroy bien vite rattrapés par le réel. Il est vrai, comme l’a écrit Georges Kiejman, qu’« on peut avoir tort économiquement et raison politiquement.

Les « Ecrits de Résistance » (3) réédités à l’initiative de Vincent Duclert et Joan Mendès France (après le décès de Michel, fils de PMF) nous installent de plain pied, dans l’intimité d’un homme exceptionnel dont la vie fut marquée à jamais par l’accusation inique et révoltante de désertion lors du fameux procès de Clermont-Ferrand.  L’histoire de l’ancien maire de Louviers fut, dès lors, comme une longue course contre l’humiliation et pour la justice en laquelle l’avocat mais aussi le politique croyait comme un absolu. PMF n’eut de cesse d’obtenir l’annulation du jugement le condamnant à l’infamie parce qu’il était juif, de gauche et franc-maçon (tout comme son ami Jean Zay) ce qu’il obtint quelques années après la fin de la guerre. Jamais, donc,  son patriotisme ne fut pris en défaut, surtout pas quand il a rejoint le général De Gaulle et la France Libre à Londres. Là, il passa plusieurs mois à guider les pilotes des bombardiers Boston ainsi qu’à réfléchir à la situation de la France d’après-guerre sans oublier les liens indéfectibles avec son épouse et ses fils réfugiés aux Etats-Unis.

Hélène Hatzfeld, en forme de conclusion et pour répondre à l’impératif de « la puissance des images » thème de ces Rendez-vous de l’histoire 2018, avait choisi sept photos de la série présentée en mai dernier aux Lovériens dans la salle du Moulin. Il s’agissait pour elle de mettre en exergue les conséquences politiques qui suivirent la démission de PMF de tous ses mandats électifs en 1958, après sa défaite face à Rémy Montagne. D’un ton juste et précis, elle rappela l’élection en 1965 d’une équipe dite d’Union des Gauches puis de la liste d’Action de Gauche en 1976-77, le tout en conjuguant la nécessité du lien direct entre l’élu et l’électeur et l’originalité des propositions et projets d’Ernest Martin, ancien maire de Louviers. Il se trouve que tous deux furent battus aux élections après la défaillance lovérienne des élus PC ou l’abstention volontaire grenobloise des électeurs communistes avec lesquels il fallait alors compter.

Cette soirée m’a permis de rencontrer deux personnalités éclatantes : Hélène Mouchard Zay, la fille du grand ministre de l’Education nationale (assassiné par la milice en juin 1944) toujours à l’œuvre pour entretenir sa mémoire et d’Alain Chatriot, professeur d’histoire à Sciences Po Paris. Tous deux, à leur manière, témoignent d’une véritable passion pour un passé qui, si, parfois, il ne passe pas, comme l’écrivent Henry Rousso et Eric Connan s’agissant de Vichy, permet de comprendre le présent et de construire l'avenir.

( 1 - Hélène Hatzfeld : La politique à la ville, inventions citoyennes à Louviers 1965-1983, Ed. PUR
( 2- Michel Beck : Pierre Mendès France, un homme d’avenir. Ed. Société des écrivains
( 3 - Pierre Mendès France, Ecrits de Résistance, édition établie par Vincent Duclert avec la collaboration de Joan Mendès France, CNRS éditions

28 septembre 2018

Les conférences de la SED : « L'œuvre de Georges de La Tour en Normandie » par Claude Cornu


Le tricheur à l'as de carreau de de La Tour
Comme chaque année, l’automne venu, nous reprenons le cycle de nos conférences. Vous en trouverez à la page suivante le programme. La première aura lieu le samedi 13 octobre, à l’heure et au lieu habituels : salle Pierre Mendès France, à l’Hôtel de Ville de Louviers, à 16 heures. Claude Cornu, vice-président de la SED, évoquera le peintre Georges de La Tour, et en particulier les tableaux, authentiques ou non, retrouvés ou conservés dans notre région : « L’œuvre de Georges de la Tour en Normandie ».
Georges de La Tour (1593-1952), « peintre fameux » de son vivant – c’est la mention figurant à côté de son nom sur un acte paroissial de décembre 1644 – est tombé dans l’oubli après sa mort. C’est seulement au début du XXe siècle qu’on a redécouvert son oeuvre et que des tableaux auparavant attribués à d’autres artistes ou totalement ignorés, comme le Tricheur à l’as de carreau, aujourd’hui au Louvre, ont réapparu. La conférence, qui sera accompagnée d’illustrations, évoquera les étapes de cette redécouverte et, de manière inattendue, le rôle joué par la Normandie. Peintre lorrain, La Tour n’avait aucune attache dans notre région, mais elle a participé à cette renaissance. En 1945 est découvert dans l’église de Bois-Anzeray, dans l’Eure, un tableau qui n’avait jusqu’alors jamais retenu l’attention : un Saint Sébastien soigné par Irène, désormais unanimement considéré comme une œuvre de la main de La Tour. S’il a rejoint le Louvre en 1979, toute trace de l’œuvre de la Tour n’a pas disparu de la Normandie. Il avait en effet peint pour Louis XIII un autre tableau représentant saint Sébastien. Détruit ou perdu, l’original a disparu, mais il en subsiste aujourd’hui une dizaine de copies, dont trois figurent dans les musées normands, à Rouen, Évreux et Honfleur.

20 septembre 2018

Lutte contre le frelon asiatique : L'agglo Seine-Eure cherche des solutions


Le maire de Pinterville, Didier Dagomet, espérait que je pourrai régler le problème suivant : une ruche, appelons les choses par leur nom, s’est installée depuis longtemps dans un conduit désaffecté de la mairie. Connaissant le soin que j’apporte à protéger les abeilles, il espérait qu’une action de ma part permettrait à la fois de sauver les abeilles et de retrouver une sérénité qui, depuis quelques semaines, faisait défaut.

En effet, la mairie est située près de l’école et le va-et-vient des butineuses, même si les abeilles ne pratiquent que l’art défensif, risquait à un moment ou à un autre de se terminer par une piqure. Idem pour les employés municipaux, les élus et les citoyens appelés à fréquenter la maison commune.
Abeilles léchant sur cadre de corps de ruche. © Jean-Charles Houel

L’apiculteur que je suis n’a pas les moyens de jouer les pères Noël et de récupérer une ruche constituée dans un conduit de cheminée. Le maire a donc fait appel aux sapeurs-pompiers qui, dans des temps ancestraux, détruisaient les hyménoptères de toutes espèces. Mais ce temps-là est terminé et Didier Dagomet a dû faire appel à une société privée pour obtenir la destruction du nid. Il en coûtera à la collectivité la somme de 120 à 160 euros selon le temps passé et la difficulté d’intervention.

Je profite de l’occasion pour faire état d’une conversation récente que j’ai eue avec un dirigeant administratif de la communauté d’agglomération Seine-Eure. Face à la prolifération du frelon asiatique, espèce de plus en plus invasive, dangereuse pour l’homme et prédatrice d’abeilles, face aux demandes de plus en plus nombreuses d’élus et de citoyens réclamant la destruction des nids, la commission environnement de la CASE étudie la possibilité de se doter d’un service public susceptible d’intervenir sur le territoire des communes de Seine-Eure. Les frais seraient pris en charge par la CASE.

La loi actuelle oblige les préfets à faire cesser les nuisances de toute nature mais les discussions sont sans fin quand il s’agit d’honorer les factures. Sur l’espace public, il serait normal que l’Etat et le Département ou à défaut la commune prennent en compte le réel danger qu’occasionnent ces frelons destructeurs. Plus même. Un nid peut très bien être dans l’espace public et ses habitants dévorer les abeilles du rucher d’à côté. La réflexion engagée par la CASE ne devrait donc pas trop tarder à déboucher sur des solutions pérennes car la saison des frelons prend fin avec l’automne. Seules les reines passent l’hiver avant de refonder un nouveau monde au printemps suivant.

15 septembre 2018

« Plongez au cœur de votre patrimoine » avec le nouveau service des archives de l'agglomération Seine-Eure

Le maire de Louviers remercie la sous préfète des Andelys. © JCH
« Nos mémoires sont de gigantesques prothèses qu'on appelle serveurs, archives ou bibliothèques. » A Louviers, le service des Archives, pourtant riche, était isolé dans des locaux inadaptés et surtout pas faits pour conserver puisqu’il s’agissait de l’ancienne banque de France sise sur la Place de la République (1). Qu’on l’ait appelé maison Condorcet ne change rien au fait qu’il fallait bien que des élus prennent en main le destin commun pour que la postérité sache de quoi il retournait des siècles et des années avant la naissance des futurs hommes et des futures femmes de notre ville.

L’usine Henkel (anciennement Rubson) vit le jour dans les années soixante-dix. Ernest Martin, alors maire, apporta son soutien à la création, sur la zone industrielle de Louviers, d’une usine destinée à la fabrication de produits hydrofuges dont la notoriété fut nationale voire internationale. Au fil des rachats industriels, le nom d’Henkel prit le pas sur Rubson avant que ne partent ailleurs les fabrications lovériennes.

Vanina Gasly.©JCH
Belle opportunité pour la Communauté d’agglomération qui acheta l’usine avec le projet d’y créer un service intercommunal d’archives permettant aux communes de Seine-Eure de bénéficier du professionnalisme d’une équipe conduite par Vanina Gasly, archiviste professionnelle, assistée de trois personnes. « Aujourd’hui, assura Bernard Leroy, le président de la CASE, vendredi lors de l’inauguration, 19 communes dont Louviers ont décidé de confier leur passé (ancien ou proche) au Pôle Archives Seine-Eure. » D’autres conseils municipaux seraient sur le point de délibérer pour que leur passé ne soit plus ignoré ou perdu. Sur les deux kilomètres de documents actuellement recensés (pas tous classés datés du XIVe siècle à nos jours) 700 mètres appartiennent à l’histoire de Louviers dont une partie importante du Fond privé « Pierre Mendès France ». 

L’ancien président du Conseil, ancien député-maire, a, durant sa vie de parlementaire ou de chef du gouvernement, reçu et envoyé des milliers de missives dont certaines ont été classées et répertoriées mais il reste un nombre de documents encore inconnus dont un chercheur chevronné trouverait matière à intérêt historique. Pourquoi pas une thèse ? Un grand merci fut ainsi adressé à Joan Mendès France (bru de PMF) et épouse de Michel, décédé récemment, ainsi qu’à Tristan et Margot, les petits-enfants du grand homme dont la présence à Louviers dans la maison des Monts (2) devrait être plus fréquente dans les mois à venir. Tous ont été d’accord pour doter le service des archives lovériennes de ce fond exceptionnel dont la moitié seulement a été identifiée aujourd'hui.

Pas d’inauguration sans ruban tricolore. Un petit bout par ci, un grand bout par là, Bernard Leroy s’acquitta de sa tâche avec l’expérience de l’élu à qui on ne la fait plus. Ruban mais aussi discours. Du maire de Louviers, François-Xavier Priollaud, le premier à parler. Il ne manqua aucun des superlatifs applicables à la situation. Il mesure la chance de disposer d’un outil que les historiens du dimanche, les chercheurs, les savants, les citoyens, pourront utiliser à qui mieux mieux dans une salle de consultation à la fois pratique et silencieuse.

L'inévitable ruban tricolore. © Jean-Charles Houel
Bernard Leroy, avant la sous-préfète des Andelys, représentant l’état, généreux en l’occurrence (122 000 euros de subvention (3)), était évidemment fier d’une réalisation de la CASE qu’on n’attendait pas forcément dans le domaine des soins apportés aux documents, aux histoires des hommes et des femmes, à celles des lieux et des cités, aux pièces d’urbanisme, aux dossiers personnels ou d’état-civil. Que la société des « Amis et monuments et sites de l’Eure » dispose dans les locaux rénovés à l’Italienne d’un espace pour accueillir ses membres et proposer ses publications ne doit rien au hasard. Denis Lepla, président de l'AMSE, et Bernard Leroy, ont signé dans la joie une convention d’occupation démontrant l’ouverture recherchée par les uns et les autres.

Je ne saurais conclure ce billet sans rappeler qu’il est essentiel que les citoyens, les militants, les familles, les élus…que sais-je encore, mettent à disposition du service intercommunal des archives les documents intéressant le présent et l’avenir ainsi qu'un passé qu’on doit valoriser puisqu’on s’appuie sur ses épaules n’est-ce pas ?

(1)  Si j’ai bonne mémoire, le maire actuel cherche à vendre l’immeuble bien placé en centre-ville…pour quel usage ?
(2)  Les cendres de Pierre Mendès France ont été dispersées dans sa propriété des Monts à laquelle il était très attaché.
   3) Il s'agit de 822 000 euros. J'ai mal entendu. Excuses.

14 septembre 2018

La nouvelle voie du collège du Hamelet ménerait-elle à une impasse ?

Le communiqué récent du comité de vigilance.

Comme d'habitude, les habitants, les parents d'élèves, les salariés du collège et parmi eux les enseignants dépendant de l'Education nationale, vont devoir retrousser leurs manches pour obtenir gain de cause. Les élus départementaux n'ont pas mesuré l'impact négatif et quotidien d'une circulation à la fois intense et dangereuse. En supprimant le collège Mendès France de Val-de-Reuil, le conseil départemental a pratiqué une politique de gribouille. L'art de la politique c'est prévoir…et choisir. On verra bien à la Toussaint ou à la Trinité, si les nouvelles promesses des élus majoritaires seront tenues. Dans l'attente, la mobilisation citoyenne a toute sa place dans le débat public.

11 septembre 2018

La SNCF scie-t-elle le rail sur lequel elle fait rouler (parfois) ses trains ?


Au départ de Saint Pancras à Londres. © Jean-Charles Houel
N’étant pas un usager habituel du train et notamment de la SNCF, je ne me rendais pas bien compte de l’exaspération que peut ressentir l’homme ou la femme qui, chaque matin et chaque soir, doit utiliser ce moyen de transport collectif économe en CO2 mais de plus en plus inadapté (sauf mentions contraires à venir) aux exigences d’un pays moderne. J’ai eu besoin du train récemment pour me rendre de Val-de-Reuil à Paris (le bout du monde !) et de Paris à Londres par l’Eurostar.

Je n’ai pas l’habitude d’évoquer ma vie personnelle sur ce blog mais une entorse à cette attitude se justifie eu égard à ce que je vais narrer ci-après. Ainsi, vendredi dernier, à Val-de-Reuil, le train de 14 h 32 pour Paris est arrivé avec 45 minutes de retard ! Excusez du peu. Sur le quai, j’ai papoté avec des clients habituels de la SNCF pas du tout surpris d’un retard dont semble-t-il, les effets se produisent très souvent. Le retard n’est pas dramatique en soi sauf que j’ai raté la correspondance de la gare du nord et de l’Eurostar qui devait m’emmener à Londres. J’ai donc dû prendre un nouveau billet que le caissier, dans sa mansuétude (il a tout de même vérifié la réalité du retard) ne m’a pas fait payer. J’ai atteint la capitale britannique avec deux heures de retard !

Lundi, retour en France. Au départ de la gare de Saint-Pancras, je devais rouler vers la France dès 9 h 24. Pensez-vous. Nous avons été informés à quatre ou cinq reprises que le train d’à côté, victime d’un incident technique et qui devait quitter la gare avant nous, occasionnerait un retard imprévisible dans sa durée. Conséquence, on est parti avec plus d’une heure de retard…merci pour tous ceux et celles qui arrivés à Paris ont dû courir tous azimuts pour honorer leurs rendez-vous ou tout simplement satisfaire leur vie professionnelle. Quant à moi, je n’ai dû qu’à l’habileté d’un chauffeur de taxi, le fait de pouvoir prendre l’Intercité avec le billet réservé depuis quelques semaines « non remboursable, non échangeable. » Parmi les commentaires des passagers, j’ai compris que la plupart d’entre eux ne seraint pas hostiles à une privatisation dont ils espèrent une amélioration de leurs transports quotidiens.Est-ce si simple ?

Je ne crois pas aux coïncidences. Qu’à deux reprises, à quelques jours d'écart, le passager éphémère que je suis ait été victime (le mot est trop fort sans doute) des retards et autres problèmes techniques montre que le grand service public que fut la SNCF a perdu de sa superbe. Son image est très détériorée. Le gouvernement, après avoir ignoré les demandes des grévistes du printemps, devrait entendre cette colère qui sourd aujourd’hui sur les quais des gares avant de s’exprimer peut-être demain dans les urnes ?