19 mars 2018

La société d'études diverses de Louviers sera associée à la mise en valeur des monuments de la ville

FX Priollaud, JP Binay, Claude Cornu. ©JCH
Plus de cent ans ! 125 exactement. C’est le bel âge affiché par la Société d’études diverses de Louviers et de sa région. Si, comme l’a bien expliqué Claude Blanluet lors de l’assemblée générale tenue samedi au Moulin, les membres qui la composaient originellement représentaient surtout la bourgeoisie notariale, la société d’érudits a heureusement évolué au fil du temps. Elle est passée sous la houlette d’entrepreneurs locaux avertis pour renaître en 1961 sous l’influence des enseignants, surtout.
Depuis de nombreuses années, présidée par Louis Béquet d’abord, un Andéen rigoureux et attentif à la protection de la langue française dans tous les travaux engagés, la SED est passée sous la direction Claudine Jeulin, déjà active dans les années soixante, de Bernard Bodinier, enseignant chercheur très attaché à la Normandie puis, aujourd’hui, de Jean-Pierre Binay, à la tête d’une équipe homogène. Au sein de cette dernière, on retrouve en effet Mme Jeulin, infatigable, Claude Cornu, vice-président chargé du programme des conférences sans oublier Christian Gateau, Gilles Bethon, trésorier, et tous les membres bénévoles présents et actifs. C’est ainsi que la SED, seule ou en association avec l’Université populaire, propose un programme de conférences élaboré avec des invités talentueux, chacun (e) dans son domaine.
François Xavier Priollaud, maire, membre de la SED, présent à cette assemblée générale exceptionnelle, amené à conclure la séance formelle avec approbation des rapports, émit le vœu que « dans le respect des cheveux blancs », de plus en plus nombreux à la SED, des jeunes de la région s’investissent dans la SED à l’image des lycéens rolivalois sur le dossier tsigane et renouvellent ainsi les rangs qui, pour être plus que centenaire, veut encore vivre. 
Louis Béquet : un grand président.© JCH

Le premier magistrat ne dit pas que cela. Le maire souhaite, en effet, que dans le cadre du projet régional d’urbanisme consacré aux villes de la reconstruction, la SED apporte sa contribution savante (1) aux textes permettant de présenter (sous une forme à définir) aux Lovériens et aux touristes, les différents monuments de la ville actuellement livrés à eux-mêmes. Le maire imagine un parcours touristique jalonné de pauses savantes autour de panneaux avec photos et textes narrant l’histoire des monuments de la ville : église, école de musique, musée, fabrique Decrétot etc.…
Dans le cadre des efforts accomplis dans le centre, la municipalité est prête également à réhabiliter les immeubles de la reconstruction consécutive aux destructions dues à la guerre de quarante. Une grande exposition devrait avoir lieu dans la seconde partie de l’année 2019 montrant le Louviers d’hier et celui d’aujourd’hui. Il appartiendra à Michel Natier, conservateur du musée, de concrétiser ce projet.
Sur sa lancée, François-Xavier Priollaud évoqua également les actions pour la paix qu’il engage et soutient au sein du Conseil régional ou de la délégation régionale présente à Bruxelles. Les temps incertains rendent, selon lui, nécessaire, l’union des bonnes volontés. L’année 2018 devrait être riche de rencontres symboliques.

(1) Le maire est même prêt à passer une convention avec la SED évitant le recours à un cabinet privé moins bien intégré à la vie locale.

18 mars 2018

Les Tsiganes du camp d'internement de Louviers : des oubliés de l'histoire d'« un passé qui ne passe pas » (1)


Portraits de tsiganes internés. Les familles Léger, Waiss, Saultier…et tant d'autres.© Jean-Charles Houel
Pendant quelques mois, de 1940 à 1941, une carrière située au pied de la falaise crayeuse de la cote d’Elbeuf, à la sortie de Louviers, a servi de camp d’internement où 200 adultes et enfants de tous âges, considérés comme des êtres « asociaux et dangereux » ont vécu dans des conditions effroyables. Ces gens du voyage, ces tsiganes, après avoir été fichés, surveillés pendant des décennies, ont été plus de 20 000 en France à subir les affres et les souffrances de la marginalisation xénophobe ou raciste ou sont morts en déportation dans les camps de la mort nazis pour plusieurs centaines d’entre eux.

A l’initiative de Vanina Gasly, archiviste de la CASE, encouragée par Bernard Leroy, président de l’agglomération ,une conférence a été donnée ce samedi, au Moulin, devant une salle comble narrant l’histoire si méconnue de « ces Français pourtant sans Histoire » rehaussée par la participation de lycéens de Val-de-Reuil. Ces derniers, encadrés par plusieurs professeurs du lycée Marc Bloch, ont travaillé en effet sur l’itinéraire de ces familles dont les noms et les photographies appartiennent dorénavant à l’histoire locale et régionale. Donner un nom, mettre un visage, n’était-ce pas le premier pas de la réinsertion dans la communauté ?
 
Vanina Gasly. ©JCH
Jamais je n’aurais imaginé, moi qui ai fréquenté tous les quartiers de Louviers pendant des années, que le site ayant permis l’aménagement d’un broyeur à ordures ménagères (dans les années soixante-dix) avait servi bien des années auparavant de « refuge » obligatoire (entouré de barbelés, avec maintes interdictions à respecter scrupuleusement) à des familles françaises qu’un régime sans conscience voulait « sortir » de la société.

Les chefs de famille ont dû tout vendre : roulottes, chevaux, matériels divers, certains habitant même dans les grottes si peu hospitalières. Un témoignage filmé et projeté en fin de rencontre nous apprend que pendant quelques semaines, les occupants du camp purent continuer à rempailler, préparer les paniers, notamment, spécialités manuelles de ces familles nombreuses. Elles comptaient sept huit voire dix enfants qu’il fallait vêtir et nourrir dans les pires conditions. Vanina Gasly a réussi à restituer leur mémoire à ces familles françaises en narrant leur parcours de Louviers à Jargeau, dans le Loiret, où elles ont été internées jusqu’en 1945 après avoir quitté Louviers. Le fait est que, placé sous administration française, ces dernières ont eu la vie sauve mais après quelles privations : de liberté, de mouvement, de nourriture, de dignité bien sûr.

Profitant du 125e anniversaire de la naissance de la Société d’études diverses qui a servi de cadre à ces récits mémoriels, une cinquantaine de personnes, dont  le maire François Xavier Priollaud, ont participé, samedi matin, à la pose d’une plaque souvenir près du camp aujourd’hui disparu. Il faut croire que le secret de l'existence de ce camp fut bien gardé puisqu’il n’existe que peu de documents d’archives sur cet épisode de la seconde guerre mondiale, certains Tsiganes ayant pourtant dû contribuer à l’évacuation des gravats d’un Louviers bombardé !
Les Lycéens de Marc Bloch avec Bernard Leroy (CASE), Jean-Pierre Binay et Claude Cornu (SED). ©JCH
Au-delà de l’émotion compréhensible des descendants de ces familles, présents au Moulin hier, s’ajoutait un climat général empreint de compassion mais aussi d'une forme de «culpabilité» partagée à l’égard d’actions menées au nom de l’Etat français, un état qui ne pouvait plus porter le nom de République puisque la liberté, l’égalité et la fraternité avaient évidemment disparu. La SED est évidemment dans son rôle quand elle contribue à élargir le domaine de nos connaissances générales et particulières. D'autres initiatives seront à mettre à son actif en 2018.

(1) D'après le titre du livre d'Henri Rousso et Eric Conan.

17 mars 2018

80 Km/heure sur les routes : comment peut on être contre une mesure qui va sauver des vies ?


Limiter la vitesse c'est réduire le nombre d'accidents.©Jean-Charles Houel
Quel pataquès autour de la limitation de vitesse à 80 km/heure sur les routes secondaires ! Et la ruralité par ci et les freins au développement économique par là ! Tout est bon pour essayer de rendre ridicule une mesure qui, en fin de compte, va être expérimentée pendant deux années, le temps de constater l’amélioration (ou non) des statistiques d’accidents.
Les routes secondaires sont les plus dangereuses de notre réseau routier. C’est là que meurent ou se blessent la majorité des automobilistes, motocyclistes, victimes des excès de vitesse, du manque de contrôle des conducteurs ou des prises de risque insensées lors des dépassements. Sans oublier l’alcool, ce fléau de plus en plus sanctionné.
Edouard Philippe n’a pas été sensible aux demandes formulées par certains de ses collègues qui voulaient laisser aux préfets la responsabilité de choisir les axes sensibles là où les points noirs sont encore trop nombreux. La mesure s’appliquera donc partout le 1er juillet prochain et c’est tant mieux si j’en juge par les 5,6% d’augmentation du nombre de morts en février de cette année !
Ne nous payons pas de mots. Même sur les axes à 90 Km/heure, la plupart des  automobilistes ne respectaient la vitesse limite qu’à la condition qu’une présence de radars fixes ou mobiles soit annoncée. Il en ira de même pour le respect du 80 Km/heure. Avec le temps, on s’habituera et si on constate que des dizaines de vies, celles de nos parents, de nos enfants, de nos amis…sont sauvées on acceptera la relative contrainte qui permet à tous de vivre ensemble. Et pas d'emmerder les Français comme l'a dit imprudemment un homme politique français.

15 mars 2018

Poutine n'oublie pas qu'il est issu du KGB


Vladimir Poutine. (capture d'écran)
Deux soirs de suite. Deux chaînes différentes. Mais un même homme et sa même mine chafouine. Vladimir Poutine, le nouveau Tsar de la petite-grande Russie (amputée des états devenus indépendants après la chute du mur de Berlin et la dislocation de l’URSS) ancien agent du KGB en Allemagne de l’Est, n’est « ni l’ami, ni le larbin » de l’occident comme il le dit lui-même. Il est au service exclusif des intérêts de la Russie et des Russes dont il fait évidemment partie puisqu’il est riche à milliards.
Pour expliquer ce qu’est devenu Poutine, un personnage autoritaire, brutal, intransigeant et surtout un menteur patenté, il faut reprendre le film d’une histoire qui fait qu’entre 1990 et 2000, sous Eltsine, l’occident a cru devoir penser que la Russie comme puissance mondiale avait bu la tasse. Je ne suis pas certain que Barack Obama ait été très malin en parlant de la Russie comme un état faible qui ne produit rien, une puissance régionale…quantité négligeable en un mot.
Cette humiliation car c’en est une, a suscité chez Poutine un sentiment de haine et un goût de la revanche contre tout l’occident. En annexant la Crimée et en semant un désordre (une vraie guerre avec des morts et des blessés) sans nom à l’est de l’Ukraine, Poutine a signifié qu’une ligne rouge avait été franchie par l’Ouest, celle qui place l’OTAN à 500 km de Moscou ! Depuis, il multiplie les mauvais coups. Et la cyberguerre est devenue le terrain de jeu des trolls et des hackers russes (très bons) qui s’en donnent à cœur joie. On peut en être sûr, l’élection de Trump a été en grande partie assurée par Poutine. Comme le dit bien un affidé du président russe : « On avait à choisir entre une folle et un hooligan, on a choisi le hooligan. »Poutine a même tenté d’influencer l’élection présidentielle française en déroulant le tapis rouge à Marine Le Pen quelques semaines avant le premier tour et en inondant Russia today et le site Spoutnik de fake news. « De la pure propagande et organes d’influence » a déclaré Emmanuel Macron.
Sur sa lancée, Poutine est parti en guerre en Syrie. Et il poursuit sa course sous toutes les formes imaginables en faisant éliminer les « traitres » comme à Salisburry et Londres récemment, le tout avec des airs innocents et des protestations auxquelles personne ne croit. La Russie aujourd’hui, c’est du violent. Les journalistes libres sont en danger permanents, les opposants sont emprisonnés, d’autres sont assassinés. Dans les enquêtes diffusées hier et avant hier (sur la sept) on entend une amie de Poutine assurer : « TOUT ce qui nous permet d’assurer notre sécurité doit être utilisé. » Tous les moyens sont bons. On a du souci à se faire.

12 mars 2018

Marine Le Pen fait du neuf avec du vieux


Marine Le Pen avait annoncé un vrai changement. Et de forme et de doctrine. Afin de parvenir un jour au gouvernement et de passer des alliances avec, par exemple, une droite extrême qui existe en France, et suite à un second tour de présidentielle totalement raté car improvisé, la chef du FN n’a rien trouvé de mieux que de proposer le changement de nom de son parti.
Un parti en désespérance dont différents sondages indiquent une perte d’influence dans la vie politique française mais aussi un manque de crédibilité flagrant. Marine Le Pen est présentée comme affaiblie, manquant de qualités et de compétence surtout, alors même que les partis semblables ailleurs en Europe ont le vent en poupe.
Le Front national devient le Rassemblement national. Rien pour la République, rien pour la démocratie, rien que le réveil d’une vieille mémoire en allusion à quelques thèmes de campagne de son père qui déjà réclamait le « rassemblement national » ou pire encore le Rassemblement national populaire de Marcel Déat, un ancien socialiste qui s’est vautré dans la collaboration et a dû fuir la France en 1945 en passant par Sigmaringen pour finir en Italie où il est mort en exil dans l’anonymat le plus total. Et pourtant, Déat était choyé par les Allemands qui avaient fait des pieds et des mains pour qu’il accède au gouvernement !
Il ne manque donc que l’adjectif populaire au rassemblement que préconisent les  thuriféraires du FN moribond. Le discours de Marine Le Pen a marqué les esprits par son absence totale et paradoxale d’ouverture reprenant les antiennes obsessionnelles de l’extrême droite : l’immigration, l’islamisme, notamment, un programme un peu court pour convaincre les électeurs(trices) de vous conduire au pouvoir.
Alors même que Marine Le Pen prononçait son discours, on apprenait qu’un membre du Front de la jeunesse du FN avait proféré des insultes racistes à l’égard d’un membre du service de sécurité d’un bar de nuit de Lille, insultes et violence verbale enregistrées sur une Vidéo visible de tous. Mis en congé de parti pendant quelques temps, l’auteur de ce fait divers rappelle avec malice que la face cachée du FN — ou du RN dorénavant — ne présente pas toutes les qualités requises pour recueillir les suffrages des Républicains. Mais cela, on le savait déjà.

7 mars 2018

Pour la liberté de la presse et les droits des journalistes, tous au Trocadéro samedi !


En 1976-77, les journalistes (SNJ) de Paris-Normandie se sont battus contre Robert Hersant.©jean-Charles Houel
Samedi 10 mars, le Syndicat national des journalistes fêtera ses 100 ans. Cent ans de combat collectif et de conquêtes sociales, loi de 1935 donnant un statut à la profession, convention collective dès 1937, obligation d'affilier les journalistes rémunérés à la pige à la sécurité sociale (1963 !) puis loi Cressard (1973), lutte contre les concentrations, défense de la liberté de la presse...
Samedi 10 mars, à l'occasion du Centenaire du SNJ, le syndicat organise un grand rassemblement sur l'Esplanade des Droits de l'Homme (Paris Trocadéro), à partir de 14 heures. Il appelle tou-te-s les journalistes à se joindre à son rassemblement.
Il reste tant à faire. Pour lutter contre la précarité qui gangrène la profession, affaiblit les collectifs de travail et asservit les rédactions. Pour renforcer la protection du secret des sources des journalistes, libérer la presse du secret des affaires et des procédures-bâillons. Pour protéger les journalistes, la presse, les médias, de leurs propres turpitudes. Pour lutter contre les ennemis de la liberté qui prônent la haine des journalistes et des médias, et voudraient les mettre au pas, quand des confrères et consoeurs sont assassiné-es pour leurs écrits à deux heures de Paris. Il reste tant à faire !
Samedi, rejoignez-nous au Trocadéro !



6 mars 2018

L'augmentation de la CSG : un député LREM invite les retraités à « se ressaisir » et à la fermer !


Eric Alauzet, le député LREM.
Un député LRM du nom de Eric Alauzet (ancien acupuncteur) invite les retraités à se montrer discrets voire silencieux après la hausse de la CSG qui ampute leur pouvoir d’achat. Qu’ils fassent donc profil bas, intime-t-il ! Ce député sait que ces foutus retraités vont avancer le même argument : « on a trimé toute notre vie, cette retraite on ne l’a pas volée, c’est dur de voir son montant diminuer. » Tout cela après le gel du point pendant plusieurs années. L’honorable parlementaire défend cette hausse de la CSG afin de venir en aide à ceux qui entrent dans la vie active ou tout au moins tentent d’y entrer. Un peu de solidarité et de désintéressement siérait…pour le moins. Tel est le message qu’on doit faire entrer dans nos petites têtes de retraités grincheux.

A l’Assemblée nationale, ils sont nombreux celles et ceux qui pensent comme lui, comme le président et comme le gouvernement. Ils pensent grosso modo : « On ne vous a pas pris en traître puisqu’on vous avait prévenus pendant la campagne. » Ceux qui ont voté Macron savaient donc qu’ils se feraient hara-kiri…mais il y a loin de la virtualité et d’une promesse de campagne à une feuille de paie réelle et 1,7% de pension en moins. Eric Alauzet, rapporteur du budget de la sécurité sociale a ajouté : "S'ils ont travaillé toute leur vie, ça ne suffit pas comme argument au moment où il faut trouver de l'argent pour renflouer les caisses de l'État. Il faut que les retraités se ressaisissent et comprennent que ces mesures accompagnent ceux qui travaillent."

Vais-je me ressaisir sachant que je suis de ceux qui subissent la hausse de la CSG ? D’ailleurs que veut dire le député quand il nous demande de nous ressaisir ? Le député nous invite-t-il à retrouver notre sang-froid, comme si on en manquait, à retrouver notre calme…comme si on l’avait perdu ! Se ressaisir a un autre sens dans l’esprit du député : vous devriez être contents de vous montrer solidaires, même forcés par la loi, car on prend l’argent là où il est ! Le député ajoute : les retraités d’aujourd’hui ont une retraite « dorée ». Qu’ils se la ferment avant même qu’ils l’aient ouverte. Pour mémoire l'augmentation de 1,7 % de la CSG concernera les pensions annuelles au-dessus de 11018 euros (une personne seule) ou 16 902 euros pour un couple. J'avais une autre conception des retraites dorées.

Le coup de la solidarité destinée à culpabiliser les retraités, on connaît. Plutôt que de se lancer dans des demandes de contrition à forme religieuse, Eric Alauzet aurait mieux fait de se taire et laisser le gouvernement justifier son choix. Les récentes élections partielles ont montré que les retraités — justement — avaient rechigné à voter LREM. La leçon de cette histoire : il faut que les efforts soient partagés. Si une catégorie de la population se sent exclusivement visée, elle rue dans les brancards. Et pourtant, nous ne sommes pas de mauvais chevaux. Retraite dorée ou pas.

5 mars 2018

La « haine » de Jean-Luc Mélenchon à l'égard des médias sera-t-elle contagieuse ?


Le style de Jean-Luc Mélenchon, c’est ce qui fait son succès d’ailleurs, est franc, brutal, non critiquable…de son point de vue. Sur son blog, récemment, il a appelé à la « haine » générale contre les médias qu’ils jugent inféodés au pouvoir de l’argent — ce qui n’est pas tout à fait faux —  et soumis au pouvoir politique, ce qui n’est pas démontré. Le mot haine est un mot fort. Quand un homme politique aussi intelligent que lui l’emploie, c’est qu’il a une stratégie : valider une théorie complotiste à vocation populiste. Le président des insoumis, très chatouilleux en matière de vocabulaire, ne l’a évidemment pas choisi au hasard. Il s’agit pour lui de constituer des bataillons de militants, le couteau entre les dents, prêts à agresser tout ce qui bouge dans le monde de la presse. Mais la haine est plus du ressort des tripes que de la raison. La haine, c’est le carburant du pauvre. C’est un sentiment négatif, défensif, un aveu d’impuissance. La haine c’est aussi la colère des faibles.

Que Jean-Luc Mélenchon se sente « isolé » dans le monde des médias est une évidence. Il se sent traqué, attaqué, diffamé. Comment pourrait-il en être autrement quand un leader politique important (3e à la présidentielle !) vous abreuve d’insultes caricaturales ! Pour avoir porté sur lui, un temps, un regard bienveillant, mon opposition à son égard est devenue aussi tenace que réfléchie. Au fil des années, j’ai vu avec quel mépris, quelle condescendance, quelle arrogance ils traitaient tous ceux et toutes celles qui ont vocation d’informer pour le meilleur souvent et pour le pire parfois. Jeunes, vieux, hommes, femmes, service public, chaînes privées, personne ne trouve grâce aux yeux de Mélenchon, guidé qu’il est par son seul discours, raidi par sa personnalité « exceptionnelle », animé par sa seule vérité. Au point même que son entourage est devenu une phalange d’admirateurs béats, copiant les tics du maître, reprenant les mots du gourou, nourrissant le flot de la subjectivité anti-médias. Dans ce domaine Alexis Corbière (qu’on voit sur tous les plateaux pourtant) mérite la palme d’or.

Face à ce mur d’hostilité, Jean-Luc Mélenchon croyait avoir trouvé la parade. En suscitant la création d’un « média » (1) forcément différent, forcément militant, animé par des proches ou des supporteurs, il pensait sortir enfin de la pensée « unique » et atténuer les effets du soi disant Mélenchon-bashing. Il imaginait trouver parmi les millions de Français qui ont voté pour lui en mai dernier un public attentif. Mais, patatras, on apprend que des dissensions internes à la rédaction, des comportements autoritaristes, des prises de position étranges (sur la Syrie notamment) mettent à mal l’apparente unanimité des journalistes invités à la fête.

Noël Mamère a quitté le navire très tôt. Des personnalités, peu suspectes d’être des agents du pouvoir actuel, retirent leur soutien. Gérard Miller, la cheville-ouvrière du projet, a du mal à se dépêtrer des contradictions mises au jour. Autrement dit, informer n’est pas une sinécure. Il ne suffit pas de rassembler quelques amis (même compétents) pour devenir crédibles. Il ne suffit pas de créer un média pour qu’il devienne fréquentable. Bien des partis — dont le PS — ont cru que disposer de son propre outil d’information pourrait suffire à faire oublier le bruit de fond. Avec le temps, on sait que c’est peine perdue. Mélenchon est en train de l’apprendre à ses dépens.

(1) Ce média nouveau genre a même trouvé le moyen d’annoncer que le candidat insoumis de la législative partielle de Guyane faisait la course largement en tête cette nuit. En réalité, il finit second à 8 % derrière le candidat sortant de la République en Marche favori du second tour. Méfions-nous des « vérités » provisoires et des fake news.

27 février 2018

La situation des transports ferroviaires en Normandie : les élus socialistes et républicains écrivent à Hervé Morin, président de région

Les élus socialistes de la région Normandie viennent d'adresser un courrier à Hervé Morin, président de l'Asssemblée régionale, pour attirer son attention sur la situation des transports ferroviaires en Normandie. Je publie cette lettre reçue ce jour.
Départ en vacances. ©Jean-Charles Houel

« Monsieur le Président,
Nous souhaitons vous alerter sur la situation et les inquiétudes des Normands vis-à-vis du train en Normandie. Il est temps que la Région agisse. Depuis plusieurs mois maintenant, les conditions d’utilisation du service public ferroviaire se sont considérablement dégradées :  le nombre de rames en circulation sur les lignes Le Havre-Rouen-Paris et Cherbourg-Caen-Evreux-Paris a drastiquement diminué ; il n’y a plus assez de places, les passagers voyagent souvent debout dans des conditions inacceptables. Les retards au départ comme à l’arrivée sont désormais monnaie courante ; plusieurs guichets ferment (Vire, Mézidon-Canon) ou sont en passe de l’être (Avranches, Pontorson, Villedieu les poêles, Coutances) ; après la remise du rapport Spinetta sur la SNCF, de nombreuses « petites » lignes, pourtant cruciales pour l’aménagement et le désenclavement des territoires, sont menacées. C’est notamment le cas des liaisons Cabourg-Trouville, Serquigny-Elbeuf, Saint-Lô-Coutances-Granville, Argentan-Granville, Fécamp-Bréauté-Beuzeville, Abbeville-Le Tréport. Mais aussi des lignes entre la Manche et la Bretagne (Folligny-Dol-de-Bretagne) ou entre l’Orne et l’Eure-et-Loir (Surdon-Dreux). Ces tronçons menacés pourraient remettre en cause le fonctionnement des lignes Paris-Granville, Caen-Tours et Caen-Rennes. Certes, le Premier ministre a annoncé lundi qu'il n'engagerait pas -pour l’instant- de "réforme des petites lignes". Néanmoins l'inquiétude demeure quand on sait ce qu'une privatisation des lignes ferroviaires peut engendrer sur des tronçons jugés, depuis Paris, les moins économiquement 'rentables'. Par ailleurs, qui va payer pour la maintenance et le renforcement du réseau capillaire, si l’Etat se désengage ? Les majorités précédentes en Haute- et Basse-Normandie avaient investi massivement pour le réseau et le service public ferroviaire normand: mise en service de nouvelles rames Régiolis sur Paris-Granville et Rouen-Dieppe ; mise en place du plus grand plan de rénovation des gares normandes (Rouen, Yvetot, Fécamp, Bréauté-Beuzeville, Val-de-Reuil, Auffay, Vernon, Bernay, Argentan, Alençon, Bayeux, Coutances, Valognes, Avranches…) ; construction de centres de maintenance à Granville et Sotteville-lès-Rouen ; avancement des études de la Ligne Nouvelle Paris Normandie et inscription au Contrat de Plan Interrégional Etat-Régions de la Vallée de la Seine ; réouverture de plusieurs lignes qui avaient été fermées par l’Etat (Bréauté-Fécamp, Serqueux-Gisors)… et qui sont à nouveau menacées aujourd’hui ! 


Vous avez poursuivi la politique, décidée en juillet 2015 par l’Etat et qui concerne toutes les Régions, de renouveler les rames Intercités sur les lignes Paris-Normandie. Nous le saluons. Mais ces nouvelles rames n’arriveront pas avant 2020, au mieux. Il est impensable que les conditions de transport actuelles perdurent d’ici-là. Il est impensable que la Région ne fasse rien d’ici-là. Par ailleurs, vous avez fait le choix contestable et financièrement périlleux de prendre à la seule charge de la Région Normandie la totalité du déficit de gestion des cinq lignes Intercités, toutes les autres Régions françaises ayant, elles, négocié une compensation financière substantielle de l’Etat. Votre décision représente plusieurs dizaines de millions d’Euros par an. Elle prive potentiellement la Région de marges de manoeuvre qui seraient bien utiles aujourd’hui pour préserver le service public TER, investir dans les gares de proximité, dans le réseau capillaire, dans ces « petites lignes » qui sinon risquent d’être abandonnées. Qui les confortera, si l’Etat se désengage et si la Région n’a plus les moyens ? Dès 2016, nous vous avions alerté sur le risque que cette régionalisation des liaisons normandes vers Paris faisait peser, non seulement sur les finances publiques, sur le service public ferroviaire de proximité, mais aussi sur le projet stratégique de Ligne Nouvelle Paris Normandie (LNPN), qui risquait du coup de ne plus être considéré d’intérêt national par l’Etat. C’est malheureusement ce qui est en train de se passer : le calendrier de la LNPN est remis aux calendes. L’arrêt à La Défense, pourtant stratégique pour le développement économique normand, est enterré. Et l’on voit bien que l’Ile-de-France, partenaire décisif du projet, pourtant présidée par votre amie Valérie Pécresse, traite la Normandie et ses enjeux avec, au mieux, une indifférence polie.

Le Premier ministre est normand. Le Ministre de l’Economie, qui tient les cordons de la bourse, est aussi élu dans notre région. Tous sont vos amis politiques et vous ont soutenu depuis des années. Vous êtes vous-même Président « au carré » : Président de Région, Président de l’Association des Régions de France. Nous vous avons laissé une Région Normandie en excellent état financier. Bref, vous avez tous les leviers nécessaires pour agir. Vous avez annoncé un "plan Marshall" pour le train en Normandie ; pour l’instant, les Normands ont surtout vu de rutilants portiques en gare Saint-Lazare, qui ont coûté une fortune et dont l'utilité peine à convaincre. Alors que les usagers normands du train voyagent dans des conditions plus déplorables que jamais, que les agents de la SNCF sont confrontés à des conditions de travail difficiles et à des évolutions de leur statut, que le Gouvernement vient d’annoncer une réforme de la SNCF qui met l’avenir même du service public ferroviaire en débat, nous vous demandons de prendre la mesure de l’enjeu et d’agir, dès maintenant, pour le train en Normandie : 1. en pesant sur la SNCF et l’Etat pour que la qualité de service soit très rapidement restaurée sur les grands axes reliant notre région à Paris ; 2. en intervenant auprès du Gouvernement et de vos amis politiques pour que nos projets ferroviaires stratégiques (LNPN en particulier) redeviennent prioritaires ; 3. en lançant un plan massif d’investissement pour l’ensemble du réseau ferroviaire normand, garantissant en particulier que le réseau des « petites lignes » soit préservé et renforcé ; 4. en sanctuarisant, enfin, les gares et les dessertes du service TER de la Normandie.
Comptant sur votre engagement, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en l'assurance de notre respectueuse considération. »


1 Nicolas MAYER-ROSSIGNOL Président du groupe "Socialistes, Radicaux et Citoyens" à la Région Normandie, Benoît ARRIVE Maire de Cherbourg-en-Cotentin Conseiller régional de Normandie, Laurent BEAUVAIS Conseiller régional de Normandie Président de Argentan Intercom, Hélène BURGAT Maire de Mondeville Conseillère régionale de Normandie, Raphaël CHAUVOIS Conseiller régional de Normandie, Valérie GARRAUD Conseillère régionale de Normandie, Valérie GIBERT-THIEULENT Conseillère régionale de Normandie, Estelle GRELIER Conseillère régionale de Normandie, Franck GUEGUENIAT Maire d'Epron, Conseiller régional de Normandie, Marc-Antoine JAMET Maire de Val-de-Reuil Conseiller régional de Normandie, Muriel JOZEAU-MARIGNE Conseillère régionale de Normandie, Claudie LAUNOY Conseillère régionale de Normandie, Emmanuel MEZERAY Conseiller régional de Normandie, Oumou NIANG-FOUQUET Conseillère régionale de Normandie, Gaëlle PIOLINE Conseillère régionale de Normandie, Frédéric SANCHEZ Président de la Métropole Rouen Normandie Conseiller régional de Normandie, Catherine TROALLIC Conseillère régionale de Normandie, Timour VEYRI Conseiller régional de Normandie, Yvon ROBERT Maire de Rouen, Christophe BOUILLON Député de Seine-Maritime, Laurence DUMONT Députée du Calvados, Corinne FERET Sénatrice du Calvados, Didier MARIE, Sénateur de Seine-Maritime, Joaquim PUEYO, Député de l'Orne, Nelly TOCQUEVILLE, Sénatrice de Seine-Maritime, Gilles DETERVILLE Président du groupe Socialiste du Calvados, Janick LEGER, Présidente du groupe Socialiste et Républicain de l'Eure, Frédéric LEVEILLE, Président du groupe Socialistes et apparentés de l’Orne, Anna PIC, Présidente du groupe Socialistes et Républicains de la Manche, Nicolas ROULY Président du groupe Pour les Seinomarins socialistes et apparentés Département de Seine-Maritime, Caroline DUTARTE, Conseillère départementale du canton de Rouen 3, Eric VEVE Conseiller départemental du canton de Caen 5.

Samedi 17 mars au Moulin de Louviers : « Des Français sans histoire »…conférence, film, livret historique


Le samedi 17 mars, au Moulin de Louviers, à partir de 16 heures auront lieu :
La conférence : « De Louviers à Jargeau : l'internement des Tsiganes eurois pendant la Seconde Guerre mondiale (1940-1945) » par Vanina Gasly, responsable des Archives de la Communauté d'agglomération Seine-Eure (CASE). Du 22 novembre 1940 au 7 mai 1941, près d’une centaine de Tsiganes du département furent internés à Louviers, avant d'être pour la plupart dirigés vers le camp de Jargeau (Loiret), dont certains ne furent libérés qu'à la fin de l'année 1945. Certes toujours vivant dans la tradition orale tsigane, cet épisode a peu à peu été oublié de la mémoire collective. Pourtant des archives existent, qui permettent de retracer la vie de ce camp et le parcours de ces internés « oubliés de l'Histoire ». C'est ce que se propose de faire la conférence de Mme Gasly, véritable synthèse du travail de recherche patiemment mené par le service des Archives de la Communauté d'agglomération Seine-Eure.

La présentation du livret historique consacré au camp d'internement de Louviers (1940-1941) et rédigé par des élèves du Lycée Marc-Bloch de Val-de-Reuil, avec le concours des enseignants Mme Issad (lettres classiques) et M. Jeanne (histoire-géographie).

 La projection du film documentaire de Raphaël Pillosio « Des Français sans histoire ». La France a interné des hommes des femmes et des enfants catégorisés comme « nomades » durant la seconde guerre mondiale. À la recherche des dernières traces de ce passé ce film raconte l’histoire méconnue d’une population qui est marginalisée et stigmatisée depuis plus d’un siècle par la France.