Les ultra-jaunes ne font pas dans la nuance
L’injonction de certains
gilets jaunes à l’égard des policiers et des gendarmes est mal venue : «
Suicidez-vous » leur intiment-ils comme si le choix d’attenter à sa propre vie
nécessitait des conseils ou des ordres. Certes, il ne faut pas prendre cette phrase
au premier degré. Il s’agit pour les « ultras-jaunes », comme on les appelle
maintenant, de jouer la provocation et de marquer aussi une forme d’impuissance
face à la détermination du gouvernement et de ses fonctionnaires.
On lit beaucoup de dépit dans
cette apostrophe qui vaudrait, si on parvient à identifier les auteurs des
cris, poursuites pénales et sans doute condamnations. Si les derniers gilets
jaunes à occuper le pavé des rues des métropoles en sont réduits à ces
extrémités c’est bien parce que depuis 24 samedis, ils n’ont pas l’impression
(réelle) d’avoir obtenu satisfaction sur des points clés de leurs
exigences : le référendum d’initiative citoyenne, d’une part, et le retour
de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) d’autre part.
Demain soir, lors de sa
conférence de presse, Emmanuel Macron devrait faire quelques concessions sur un
RIC local, un RIC qui ne mange pas de pain. Sur l’ISF, il restera droit dans
ses bottes alors qu’une grande majorité de Français réclament son retour.
Le problème c’est que la
légitimité des choix n’appartient pas aux sondagiers et encore moins à ceux qui
se révoltent sauf en cas de révolution paisible ou violente. Elle échoit aux
élus, comme dans toutes les démocraties avancées. Sinon, il n’y aurait besoin
ni d’élections ni de candidats et on changerait de gouvernement au gré des
variations d’opinions plus ou moins éclairées. Maintenant, le droit
d’expression et de manifester demeure fondamental, pour le citoyen et pour les
journalistes, même ceux qui n’en ont que le nom.
Nathalie Loiseau ne savait pas que ses colistiers étudiants étaient de l'ultra-droite
Nathalie Loiseau, tête de
liste LREM aux prochaines élections européennes, a figuré en 6e
position lors d’élections étudiantes en 1984. Médiapart, après des recherches
évidemment sérieuses, a fait cette révélation ces jours derniers mettant dans
l’embarras Mme Loiseau et ses colistiers. Quand on se fait le chantre de l’anti
rassemblement national, il vaut mieux porter du linge propre et ne pas avoir
frayé, même dans l’inconscience revendiquée, avec l’ancien GUD de sinistre
mémoire. Laurent Wauquiez, le chef des LR, attaque Mme Loiseau la traitant
d’ancienne militante d’extrême droite ! Il y va fort le bougre mais les
campagnes électorales ne se font ni dans la dentelle ni dans la nuance.
Que dit Mme Loiseau : «
J’ai fait une belle connerie ». Péché de jeunesse ? « Qu’on ne vienne pas
lui dire, comme l’affirmait Nizan, que c’est le plus âge de la vie. » C’est
l’âge des tâtonnements, des expériences, des erreurs. Mais en politique, qu’on
ait été trotskyste, Maoïste ou membre d’Occident, on l’a été pour toujours
parce que vos adversaires ne manqueront pas de vous le rappeler. Dans quelques
jours, tout sera oublié, quoique…
Je plains les avocats du couple Fillon
Marc Ladreit de la Charrière
a plaidé coupable il y a quelques semaines dans l’affaire de l’emploi fictif de
Pénélope Fillon à la « Revue des deux mondes » qu’il dirige. Il a écopé d’une
forte amende et d’une peine de prison avec sursis pour avoir employé Mme Fillon
par amitié et sans contrepartie. Une légion d’honneur peut-être…
Pénélope, encore elle, et
son mari François sont traduits devant un tribunal correctionnel pour avoir
confondu assistant parlementaire et assistance sociale. Pénélope a été fort
bien payée pendant des décennies pour avoir eu des échanges oraux avec son mari
et son suppléant mais quand les paroles s’envolent, les écrits restent. Et
d’écrits, il n’y a point ou si peu.
Je plains les avocats des
Fillon. Ils vont devoir faire preuve d’ingéniosité et de génie pour défendre
une pratique que la morale réprouve. J’avoue que je me pose une question,
demeurée sans réponse à ce jour. Comment François Fillon, fils de bonne
famille, élevé dans la religion, soucieux des deniers publics (son programme
était massif et sévère) peut-il accepter de se faire offrir des costumes,
de s’arranger avec la loi et
surtout avec des principes de vie qui devraient répondre à une éthique du
comportement. On dit que les Fillon aiment l’argent et qu’ils ont peur de
manquer. Dans ces conditions, il vaut mieux, c’est ce que l’ancien
ministre-député-candidat fait aujourd’hui, travailler pour un fond
d’investissement plutôt que de donner des leçons de probité et manquer à tous
ses devoirs élémentaires puisqu’un élu plus que quiconque, doit être
exemplaire.
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