24 avril 2019

Trois réflexions au débotté : les Fillon en correctionnelle, Mme Loiseau rattrapée par son passé, l'injonction au suicide des policiers par les ultra-jauness


Les ultra-jaunes ne font pas dans la nuance
L’injonction de certains gilets jaunes à l’égard des policiers et des gendarmes est mal venue : « Suicidez-vous » leur intiment-ils comme si le choix d’attenter à sa propre vie nécessitait des conseils ou des ordres. Certes, il ne faut pas prendre cette phrase au premier degré. Il s’agit pour les « ultras-jaunes », comme on les appelle maintenant, de jouer la provocation et de marquer aussi une forme d’impuissance face à la détermination du gouvernement et de ses fonctionnaires.
On lit beaucoup de dépit dans cette apostrophe qui vaudrait, si on parvient à identifier les auteurs des cris, poursuites pénales et sans doute condamnations. Si les derniers gilets jaunes à occuper le pavé des rues des métropoles en sont réduits à ces extrémités c’est bien parce que depuis 24 samedis, ils n’ont pas l’impression (réelle) d’avoir obtenu satisfaction sur des points clés de leurs exigences : le référendum d’initiative citoyenne, d’une part, et le retour de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) d’autre part.
Demain soir, lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron devrait faire quelques concessions sur un RIC local, un RIC qui ne mange pas de pain. Sur l’ISF, il restera droit dans ses bottes alors qu’une grande majorité de Français réclament son retour.
Le problème c’est que la légitimité des choix n’appartient pas aux sondagiers et encore moins à ceux qui se révoltent sauf en cas de révolution paisible ou violente. Elle échoit aux élus, comme dans toutes les démocraties avancées. Sinon, il n’y aurait besoin ni d’élections ni de candidats et on changerait de gouvernement au gré des variations d’opinions plus ou moins éclairées. Maintenant, le droit d’expression et de manifester demeure fondamental, pour le citoyen et pour les journalistes, même ceux qui n’en ont que le nom.

Nathalie Loiseau ne savait pas que ses colistiers étudiants étaient de l'ultra-droite
Nathalie Loiseau, tête de liste LREM aux prochaines élections européennes, a figuré en 6e position lors d’élections étudiantes en 1984. Médiapart, après des recherches évidemment sérieuses, a fait cette révélation ces jours derniers mettant dans l’embarras Mme Loiseau et ses colistiers. Quand on se fait le chantre de l’anti rassemblement national, il vaut mieux porter du linge propre et ne pas avoir frayé, même dans l’inconscience revendiquée, avec l’ancien GUD de sinistre mémoire. Laurent Wauquiez, le chef des LR, attaque Mme Loiseau la traitant d’ancienne militante d’extrême droite ! Il y va fort le bougre mais les campagnes électorales ne se font ni dans la dentelle ni dans la nuance.
Que dit Mme Loiseau : « J’ai fait une belle connerie ». Péché de jeunesse ? « Qu’on ne vienne pas lui dire, comme l’affirmait Nizan, que c’est le plus âge de la vie. » C’est l’âge des tâtonnements, des expériences, des erreurs. Mais en politique, qu’on ait été trotskyste, Maoïste ou membre d’Occident, on l’a été pour toujours parce que vos adversaires ne manqueront pas de vous le rappeler. Dans quelques jours, tout sera oublié, quoique…

Je plains les avocats du couple Fillon
Marc Ladreit de la Charrière a plaidé coupable il y a quelques semaines dans l’affaire de l’emploi fictif de Pénélope Fillon à la « Revue des deux mondes » qu’il dirige. Il a écopé d’une forte amende et d’une peine de prison avec sursis pour avoir employé Mme Fillon par amitié et sans contrepartie. Une légion d’honneur peut-être…
Pénélope, encore elle, et son mari François sont traduits devant un tribunal correctionnel pour avoir confondu assistant parlementaire et assistance sociale. Pénélope a été fort bien payée pendant des décennies pour avoir eu des échanges oraux avec son mari et son suppléant mais quand les paroles s’envolent, les écrits restent. Et d’écrits, il n’y a point ou si peu.
Je plains les avocats des Fillon. Ils vont devoir faire preuve d’ingéniosité et de génie pour défendre une pratique que la morale réprouve. J’avoue que je me pose une question, demeurée sans réponse à ce jour. Comment François Fillon, fils de bonne famille, élevé dans la religion, soucieux des deniers publics (son programme était massif et sévère) peut-il accepter de se faire offrir des costumes, de  s’arranger avec la loi et surtout avec des principes de vie qui devraient répondre à une éthique du comportement. On dit que les Fillon aiment l’argent et qu’ils ont peur de manquer. Dans ces conditions, il vaut mieux, c’est ce que l’ancien ministre-député-candidat fait aujourd’hui, travailler pour un fond d’investissement plutôt que de donner des leçons de probité et manquer à tous ses devoirs élémentaires puisqu’un élu plus que quiconque, doit être exemplaire.


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