Manifestation Cinram : déjà des gilets jaunes ! |
Emmanuel Macron n’a pas eu
le temps de faire court. Cette règle d’or journalistique devrait s’appliquer également
aux hommes politiques, surtout quand ils s’adressent à tous les Français
et non à une élite habituée aux
codes et aux grands mots. Pour qu’une idée soit comprise, il faut qu’elle soit énoncée
brièvement et avec clarté. Du concret, encore du concret. Sinon, on est dans le
livre de la jungle. On écoute la musique et on s’endort sans entendre la
chanson. Jeudi soir, Emmanuel Macron a fait preuve de « brillance » selon le
mot d’une journaliste de BFM TV mais a suscité, selon la même, une certaine
lassitude. Comme si on avait déjà entendu les paroles mais dans un autre ordre.
On s’attendait à un discours «Waouh» mais on a dû se contenter d’une parole
poussive dont le lyrisme habituel cache des desseins peut-être inavouables. Et
puis, quand un président répète en cinq minutes 6 ou sept fois « très profondément
» soit il copie Trump soit il est à court de formule. Passons sur la forme et
voyons le fond.
Prenons un exemple. La
diminution du nombre de parlementaires. Par jalousie, ignorance ou souci d’économie
(tu parles !) la majorité des Français est pour ! Se sont-ils interrogés
sur les conséquences d’une diminution de 25 à 30 % du nombre de députés ?
Quand ils auront besoin de rencontrer leur représentant de la nation,
devront-ils — dans l’Eure, par exemple, qui passera de cinq à trois députés —
parcourir 50, 80, 100 Km pour obtenir une intervention auprès des
administrations elles-mêmes très distantes…des citoyens ! Cette
proposition est une mesure démagogique qui n’apporte rien sinon la satisfaction
éphémère des populistes et des antiparlementaristes. Ces oiseaux-là, on les
trouve un peu partout et même le samedi déguisés en black blocs.
Autre exemple, le référendum
d’initiative partagée. Décidément, le référendum fait tourner les têtes. Du côté
des gilets jaunes c’est le RIC à tout crin, avec la France Insoumise, c’est le
référendum révocatoire à la Chavez. Macron nous propose de réunir un million de
signatures avant d’emprunter le long tunnel vers le parlement, le conseil constitutionnel,
le gouvernement…il faudra des mois voire des années pour obtenir un vote. On le
voit bien avec la privatisation d’Aéroports de Paris, le référendum d’initiative
partagée ne sera partagé…par personne puisque des arguments de droit très
pointus et très vicieux vont empêcher la proposition d’aboutir.
Je suis satisfait du fait
que le président refuse de compter le vote blanc comme un suffrage exprimé. La
politique française est suffisamment riche de sa diversité (ô combien !) à
droite, à gauche, au centre, à l’extrême droite, à l’extrême gauche…ce serait
bien le diable qu’aucun candidat ne remplisse (même de façon incomplète) les
quelques espoirs du citoyen lambda. Je vote depuis 1967. J’ai toujours participé
aux élections et toujours en faisant un choix. Il m’est arrivé de me pincer le
nez (Chirac-le Pen) mais j’ai toujours choisi le candidat (ou la candidate) le
(la) plus républicain(e). La démocratie ne vaut que par le suffrage. Quand j’entends
et lis que 42 % (seulement) des Français sont disposés à s’exprimer lors des
prochaines Européennes, je me dis que ceux et celles qui ont lutté (parfois au
péril de leur vie) pour obtenir le suffrage universel méritent mieux que cette
indifférence coupable. Quand on ne vote pas, on est d’accord avec la politique
conduite, quelle qu’elle soit. Le vote blanc est respectable mais il est la
marque d’une irresponsabilité citoyenne et aussi, sans doute, d’une forme d’indifférence
bien peu républicaine.
Au final Macron a beaucoup
parlé mais s’est peu exprimé. Beaucoup de bla-bla, beaucoup de formules générales
et creuses, rien pour les gilets jaunes, un peu plus pour les classes moyennes,
mais on ne sent pas un souffle puissant capable de remettre en marche ( !)
une société malade, en panne, au sein de laquelle chacun se sent respecté et
reconnu. Un coup pour rien ?
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