27 avril 2019

Emmanuel Macron n'a pas eu le temps de faire court et s'est contenté de formules aussi générales que creuses


Manifestation Cinram : déjà des gilets jaunes !
Emmanuel Macron n’a pas eu le temps de faire court. Cette règle d’or journalistique devrait s’appliquer également aux hommes politiques, surtout quand ils s’adressent à tous les Français et non à une élite habituée aux codes et aux grands mots. Pour qu’une idée soit comprise, il faut qu’elle soit énoncée brièvement et avec clarté. Du concret, encore du concret. Sinon, on est dans le livre de la jungle. On écoute la musique et on s’endort sans entendre la chanson. Jeudi soir, Emmanuel Macron a fait preuve de « brillance » selon le mot d’une journaliste de BFM TV mais a suscité, selon la même, une certaine lassitude. Comme si on avait déjà entendu les paroles mais dans un autre ordre. On s’attendait à un discours «Waouh» mais on a dû se contenter d’une parole poussive dont le lyrisme habituel cache des desseins peut-être inavouables. Et puis, quand un président répète en cinq minutes 6 ou sept fois « très profondément » soit il copie Trump soit il est à court de formule. Passons sur la forme et voyons le fond.

Prenons un exemple. La diminution du nombre de parlementaires. Par jalousie, ignorance ou souci d’économie (tu parles !) la majorité des Français est pour ! Se sont-ils interrogés sur les conséquences d’une diminution de 25 à 30 % du nombre de députés ? Quand ils auront besoin de rencontrer leur représentant de la nation, devront-ils — dans l’Eure, par exemple, qui passera de cinq à trois députés — parcourir 50, 80, 100 Km pour obtenir une intervention auprès des administrations elles-mêmes très distantes…des citoyens ! Cette proposition est une mesure démagogique qui n’apporte rien sinon la satisfaction éphémère des populistes et des antiparlementaristes. Ces oiseaux-là, on les trouve un peu partout et même le samedi déguisés en black blocs.

Autre exemple, le référendum d’initiative partagée. Décidément, le référendum fait tourner les têtes. Du côté des gilets jaunes c’est le RIC à tout crin, avec la France Insoumise, c’est le référendum révocatoire à la Chavez. Macron nous propose de réunir un million de signatures avant d’emprunter le long tunnel vers le parlement, le conseil constitutionnel, le gouvernement…il faudra des mois voire des années pour obtenir un vote. On le voit bien avec la privatisation d’Aéroports de Paris, le référendum d’initiative partagée ne sera partagé…par personne puisque des arguments de droit très pointus et très vicieux vont empêcher la proposition d’aboutir.

Je suis satisfait du fait que le président refuse de compter le vote blanc comme un suffrage exprimé. La politique française est suffisamment riche de sa diversité (ô combien !) à droite, à gauche, au centre, à l’extrême droite, à l’extrême gauche…ce serait bien le diable qu’aucun candidat ne remplisse (même de façon incomplète) les quelques espoirs du citoyen lambda. Je vote depuis 1967. J’ai toujours participé aux élections et toujours en faisant un choix. Il m’est arrivé de me pincer le nez (Chirac-le Pen) mais j’ai toujours choisi le candidat (ou la candidate) le (la) plus républicain(e). La démocratie ne vaut que par le suffrage. Quand j’entends et lis que 42 % (seulement) des Français sont disposés à s’exprimer lors des prochaines Européennes, je me dis que ceux et celles qui ont lutté (parfois au péril de leur vie) pour obtenir le suffrage universel méritent mieux que cette indifférence coupable. Quand on ne vote pas, on est d’accord avec la politique conduite, quelle qu’elle soit. Le vote blanc est respectable mais il est la marque d’une irresponsabilité citoyenne et aussi, sans doute, d’une forme d’indifférence bien peu républicaine.

Au final Macron a beaucoup parlé mais s’est peu exprimé. Beaucoup de bla-bla, beaucoup de formules générales et creuses, rien pour les gilets jaunes, un peu plus pour les classes moyennes, mais on ne sent pas un souffle puissant capable de remettre en marche ( !) une société malade, en panne, au sein de laquelle chacun se sent respecté et reconnu. Un coup pour rien ?




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