27 avril 2019

Le destin de neuf femmes juives et résistantes devant une salle comble à la Société d'études diverses


Chantal Dossin et Claude Cornu.©Jean-Charles Houel
En octobre 1942, un journal édité par la Résistance juive affirmait que les « boches déportaient, asphyxiaient, exterminaient les juifs dans l’est de l’Europe. » On savait, donc, mais on ne voulait pas croire ce qui semblait inimaginable, impensable, inhumain : la destruction des juifs d’Europe. On brûlait des juifs pour ce qu’ils étaient et non pour ce qu’ils avaient fait.

Chantal Dossin, professeur d’histoire, invitée par la Société d’études diverses de Louviers, ce samedi, raconte à une salle comble comment ses recherches, les témoignages recueillis dès 2007, l’ont conduite à narrer le récit de l’avant dernier convoi pour le camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne) au travers de neuf destins perdus dans les wagons plombés et le tri mortel des officiers nazis.
Ces neuf destins sont ceux de femmes de toutes origines, sociale, géographique, éducative, dont le point commun — être juive — les a conduits à braver les interdits, désobéir aux ordres iniques, s’engager dans une résistance active aux forces d’occupation et à l’état pétainiste. Ces femmes, d’âges différents, polonaise, lituanienne, roumaine, française…ont notamment aidé à cacher des juifs, à assurer entraide et solidarité, à servir d’agents de liaison au sein des mouvements de résistance et surtout à protéger l’avenir de centaines d’enfants.

Sur les neuf femmes choisies par Chantal Dossin, trois seulement sont revenues de l’indicible. Toutes ont fait preuve d’un immense courage, d’une détermination sans faille, alors même qu’on croyait les combattants de la nuit choisis parmi les hommes comme si la guerre leur revenait de droit. Ces femmes, pour la plupart inconnues du grand public sauf Suzanne Buisson-Lévy, peut-être, méritaient bien que quelqu’un s’intéresse à leur histoire, à leur vie bien courte pour certaines d’entre elles, d’autant que l’antisémitisme retrouve une vigueur détestable et que les préjugés à l’égard des juifs et des juives ne cessent d’inonder les réseaux sociaux.

Je me suis permis de citer le livre (1) de Delphine Horvilleur, une rabbin de France, libérale qui y actualise (en 2019) la question de l’antisémitisme et de rappeler que Pierre Mendès France, après avoir réussi son évasion des prisons pétainistes, rejoignit la France libre et le général de Gaulle où il prit une part active dans les opérations aériennes préparatoires au futur débarquement des alliés. Lui aussi était juif. Et Français !
(1) Réflexions sur la question antisémite. Grasset.16 euros.
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