Chantal Dossin et Claude Cornu.©Jean-Charles Houel |
En octobre 1942, un journal édité
par la Résistance juive affirmait que les «
boches déportaient, asphyxiaient, exterminaient les juifs dans l’est de l’Europe.
» On savait, donc, mais on ne voulait pas croire ce qui semblait inimaginable,
impensable, inhumain : la destruction des juifs d’Europe. On brûlait des
juifs pour ce qu’ils étaient et non pour ce qu’ils avaient fait.
Chantal Dossin, professeur d’histoire,
invitée par la Société d’études diverses de Louviers, ce samedi, raconte à une
salle comble comment ses recherches, les témoignages recueillis dès 2007, l’ont
conduite à narrer le récit de l’avant dernier convoi pour le camp d’extermination
d’Auschwitz (Pologne) au travers de neuf destins perdus dans les wagons plombés
et le tri mortel des officiers nazis.
Ces neuf destins sont ceux
de femmes de toutes origines, sociale, géographique, éducative, dont le point
commun — être juive — les a conduits à braver les interdits, désobéir aux
ordres iniques, s’engager dans une résistance active aux forces d’occupation et
à l’état pétainiste. Ces femmes, d’âges différents, polonaise, lituanienne,
roumaine, française…ont notamment aidé à cacher des juifs, à assurer entraide
et solidarité, à servir d’agents de liaison au sein des mouvements de résistance
et surtout à protéger l’avenir de centaines d’enfants.
Sur les neuf femmes choisies
par Chantal Dossin, trois seulement sont revenues de l’indicible. Toutes ont
fait preuve d’un immense courage, d’une détermination sans faille, alors même
qu’on croyait les combattants de la nuit choisis parmi les hommes comme si la
guerre leur revenait de droit. Ces femmes, pour la plupart inconnues du grand
public sauf Suzanne Buisson-Lévy, peut-être, méritaient bien que quelqu’un s’intéresse
à leur histoire, à leur vie bien courte pour certaines d’entre elles, d’autant
que l’antisémitisme retrouve une vigueur détestable et que les préjugés à l’égard
des juifs et des juives ne cessent d’inonder les réseaux sociaux.
Je me suis permis de citer
le livre (1) de Delphine Horvilleur, une rabbin de France, libérale qui y actualise
(en 2019) la question de l’antisémitisme et de rappeler que Pierre Mendès France,
après avoir réussi son évasion des prisons pétainistes, rejoignit la France libre
et le général de Gaulle où il prit une part active dans les opérations aériennes
préparatoires au futur débarquement des alliés. Lui aussi était juif. Et Français !
(1) Réflexions sur la question antisémite. Grasset.16 euros.
-->
(1) Réflexions sur la question antisémite. Grasset.16 euros.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire