Je me suis battu pendant
plusieurs années, comme citoyen engagé d’abord, et ensuite comme président d’une
association (1), pour obtenir le retour des services de l’eau et de l’assainissement
en régies publiques. Il est prouvé que la gestion publique de certains services
quotidiens aux usagers est à la fois moins coûteuse financièrement et plus
attentive aux investissements nécessaires. Autrement dit, je ne supporte pas qu’on
remette en cause le rôle de l’Etat ou des collectivités territoriales dans
certains secteurs d’activités que « le privé » dit on, assumerait au mieux.
La station d'épuration des eaux usées de Louviers dans les années soixante-dix. © Jean-Charles Houel |
Nombreuses sont les
communautés de communes ou les métropoles ou les communautés d’agglomérations
qui remettent en cause, pendant les délégations de services publics ou à la fin
des contrats en cours, la qualité et le coût de la gestion privée pour revenir en régie publique.
Jean-Luc Touly, notamment, s’est beaucoup investi dans l’analyse des comptes
des grands groupes spécialisés dans la fourniture de l’eau et dans le
traitement des eaux usées. Il a constaté que des frais « énormes » (notamment
des frais de siège et d’abonnement) étaient payés par les collectivités sans
que le service rendu en soit amélioré pour autant.
Après que Dominique de
Villepin a privatisé les autoroutes suscitant l’ire de gens aussi différents
que des élus de gauche ou…François Bayrou, on s’aperçoit que les usagers de la
route sont des vaches à lait commodes et dociles. Sauf quand des gilets
jaunes décident de contester les taxes ou les augmentations de tarifs des péages.
Il est devenu évident pour tous que les autoroutes génèrent des profits
importants. Très importants. Et que ce fut une grave erreur de privatiser les réseaux.
Aujourd’hui l’état na plus que ses yeux pour pleurer et nous avec.
En désirant privatiser Aéroports
de Paris, sous des prétextes archi-falacieux du genre « l’Etat n’a pas à s’occuper de boutiques de luxe » Bruno Le Maire et
le gouvernement commettent une mauvaise action. La fronde multipolaire née de
cette volonté (d’ailleurs votée majoritairement à l’Assemblée nationale)
pourrait s’exprimer, malgré les obstacles juridiques nombreux, sous la forme d’un
référendum d’initiative partagée. Je suis hostile au référendum par principe.
Je soutiens que la démocratie représentative doit écouter les citoyens,
entendre leurs revendications, corriger la volonté politique exprimée avant de
commettre l’irréparable sous la forme d’une concession de 70 ans ! Tout
cela pour ramasser 10 milliards d’euros tout de suite et éviter que la dette de
la France dépasse les 100 % du PIB. Pour autant, devons nous faire la fine
bouche et nous interdire d’utiliser un moyen démocratique (?) pour empêcher l’Etat
de privatiser ADP ? Comme rien ne dit que le référendum sera possible et
encore moins probable, il n’y a guère que la pression citoyenne et les médias
pour ouvrir les yeux des gouvernants.
Le groupe Vinci gère dans
douze pays (Royaume-Uni, Portugal, Cambodge, Japon...) 46 aéroports, dont 12 en
France, parmi lesquels ceux de Lyon-Saint-Exupéry, Rennes Bretagne, Toulon-Hyères
et Nantes-Atlantique…L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes lui est passé sous le
nez si bien que le groupe réclame des centaines de millions d’euros à l’Etat en
dédommagement. Elisabeth Borne évoque, elle, des dizaines de millions ! Et
si Vinci se servait de la négociation en cours pour accepter de baisser ses prétentions
en échange de la concession d’ADP ? Chantage ? Non, simplement la vie courante du monde
des affaires qui, parfois, oublie l’intérêt général. La seule question qui
vaille est la suivante : pouvons-nous encore empêcher la privatisation d’ADP ?
Le président de la République va-t-il demeurer sourd à une exigence partagée par
bien des partis de droite et…de gauche ?
(1) « Association de défense
de l’environnement et pour le retour des services de l’eau et de l’assainissement
en régies publiques. » Cette association a été dissoute l’an dernier.
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