Emmanuel Macron se plaignait
récemment des apparitions télévisuelles qu’il considérait comme choquantes ou
déséquilibrées dans leur verbe et dans leur ton. Avec les réseaux sociaux, par
ailleurs, la parole d’un ministre ou celle d’un « jojo gilet jaune » apparaît
comme équivalente. Et pourtant. Ni dans la forme, ni dans le contenu, ces
paroles ne peuvent être comparées. Il ne s’agit ni de mépris ni d’élitisme. Il
n’est qu’à lire et écouter.
J’ai maintes fois évoqué sur
ce blog, les fausses nouvelles répandues par le dénommé Maxime Nicolle alias
Fly Rider, un des leaders des gilets jaunes. L’attentat de Strasbourg était,
selon lui, manipulé par le gouvernement qui l’aurait organisé pour détourner
l’attention des médias…sur le conflit des gilets jaunes. Grotesque autant
qu’ignoble pour les victimes d’un djihadiste dont l’entourage doit aujourd’hui
répondre de fourniture d’arme et d’aide au crime.
Christophe Chalençon. (Capture d'écran) |
Prenons également l’exemple
de Christophe Chalençon. Ce gilet jaune invité par Karim Rissouli sur la 5 la
semaine dernière, s’était déjà fait connaître en suggérant de nommer Pierre de
Villiers — ancien chef d’Etat major des armées — au poste de Premier ministre à
la place d’Edouard Philippe. Dans un entretien enregistré et diffusé en Italie,
Chalençon va encore plus loin. Il affirme que des forces paramilitaires sont
prêtes à agir pour commettre un coup d’Etat en bonne et due forme afin de virer
Macron et sa clique.
Franchement, comment placer
sur le même plan informatif les déclarations d’un illuminé obsédé par une forme
de dictature qu’il souhaite et les explications (qu’on apprécie ou non) d’élus désignés
par le suffrage universel. Il y a là plus qu’une interrogation pour les
animateurs et journalistes désireux de mieux faire connaître les explications
si hétérogènes des gilets jaunes. Peut-on, décemment, inviter sur un même
plateau de télévision, à une heure de grande écoute, un militant d’extrême
droite connu pour ses excès verbaux et des personnes de bonne foi capables
d’éclairer notre jugement ?
Que Chalençon soit considéré
comme un interlocuteur valable par Luigi Di Maio, le leader du mouvement cinq
étoiles en Italie, venu lui rendre visite à Montargis l’autre semaine, ne
démontre pas la qualité des arguments qu’il développe. C’est plutôt le signe
d’un avachissement de la pensée et de la pauvreté des solutions. Car avec le
temps, les Italiens découvriront et nous avec eux, le vrai visage de cet
attelage improbable formé de Di Maio et Salvini. Je ne doute pas qu’une fois
passée l’influence des clichés et des solutions toutes faites, les Italiens
finiront par comprendre l’impasse dans laquelle leur gouvernement actuel les
enferme.
Quant à nous, nous allons
devoir subir encore quelques semaines, les apostrophes, les fantasmes, les
insultes des Chalençon et de leur clique qu’une femme sensée comme Ingrid
Levavasseur a bien fait de quitter récemment pour assurer une représentation
digne du mouvement des gilets jaunes.
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